La succession de Fabien de Sans Nicolas à la tête des 40 000 Jeunes Pop est en jeu. Le vote électronique, ouvert vendredi 22 août, sera clôturé dimanche. Les résultats tomberont à 19h avec peut-être, dès ce premier tour, l’annonce d’un résultat qui mettra fin à un psychodrame. Trois listes ont été déposées mais plus que deux restent en lice. Rumeurs, insultes, groupes sur Facebook et recours devant le tribunal, la campagne a été vive, digne d’un véritable feuilleton…
Pire que Dallas ! La campagne pour la présidence des Jeunes UMP n’aura pas été de tout repos cet été. Il y avait d’abord la candidature d’Aurore Bergé et de Matthieu Guillemin. Bien placés pour l’emporter et soutenus par un grand nombre de fédérations, les deux jeunes militants ont été approchés par les grands de l’UMP pour fusionner leur liste avec celle de Benjamin Lancar. À la tête de l’UMP grandes écoles, il est décrit par ses adversaires comme le candidat « officiel » de la direction. Résultat : Benjamain Lancar est désormais affublé chez les siens du surnom de « Martinon junior ». Pas évident à porter quand on sait qu’il fait référence à l’épisode malheureux du candidat David Martinon, parachuté à Neuilly-sur-Seine pour les municipales malgré l’opposition de l’UMP locale ! Lancar, lui, plaide sa cause : « Je n’ai pas honte de mon parcours. Rien ne me prédestinait à faire une grande école et à faire de la politique. J’ai beaucoup travaillé pour y parvenir. Je suis le fruit de la méritocratie et j’en suis fier ! ». L’argument ne semble pas avoir convaincu ses « amis ». Sur le réseau social Facebook, les groupes qui lui sont hostiles se multiplient.
L’accord de la fusion autour du candidat Lancar s’est donc fait à l’arraché. « Nous avons négocié que Matthieu Guillemin soit le numéro 2 sur la liste et s’occupe des fédérations, et que j’obtienne le poste de porte-parole », détaille Aurore Bergé. Avant de lâcher : « Les aînés de l’UMP ne s’attendaient pas à ce que l’on tienne tête. Il y a eu un vent de panique à l’UMP, avant l’accord de la fusion, lundi 4 août, jour du dépôt des listes ». L’actuel président des Jeunes Pop, Fabien de Sans Nicolas, n’élude pas : « On ne va pas se voiler à la face : une négociation est toujours compliquée. Quand on est autour d’une table, il y des points de blocage mais nous sommes parvenus à l’union ». A l’UMP, chez les aînés, personne n’est disponible pour répondre aux questions de Bakchich. Du côté de la rue de la Boétie, les langues ne se délient pas facilement : « Cette élection concerne les jeunes, nous n’avons pas à nous en mêler ». Ça va mieux en le disant…
Deuxième épisode : le retrait de la liste de Guillaume Delarue, candidat issu du courant « La Droite Libre ». Le candidat avait annoncé, comme Bakchich vous le révélait le 19 août, qu’il avait déposé un recours devant le tribunal d’instance à cause de « nombreuses incohérences ». Il a finalement décidé, mercredi 20 août, de tout arrêter : « J’ai décidé de retirer notre liste suite aux tensions qui ont eu lieu durant la campagne. Je le fais dans un souci d’apaisement et pour ne pas me mettre à dos l’UMP ! Ce retrait me permet de ne pas être “black listé”… ». Son entourage parle de « méthodes de voyous » et explique qu’on lui a simplement sucré sa liste, à deux jours du scrutin et sans le prévenir, suite au référé qu’il a déposé. Foutaise, répond Fabien de Sans Nicolas, actuel président des Jeunes Pop et futur secrétariat national au sein de l’UMP. « La liste a été retirée par l’UMP pour un problème de droit. Nous avons eu la désagréable surprise de découvrir qu’une des jeunes femmes figurant sur la liste de Guillaume Delarue n’avait pas été contactée. Elle nous a dit qu’elle n’avait jamais donné son accord et a menacé de déposer un référé ». Des versions contradictoires… Un classique dans cette campagne pour la présidence des Jeunes militants UMP où chacun essaie de tacler l’autre. Dans un souci de débat, bien sûr !
Troisième épisode et des militants qui grognent contre la liste de Benjamin Lancar donnée gagnante face à celle de Louis-Alexandre Osinski. « C’est complètement truqué », râle un militant. « À la rentrée de septembre, je devais avoir des fonctions plus importantes au sein des jeunes Pop. On m’a bien fait comprendre que les chances que cela aboutisse seraient bien plus grandes si je votais pour lui », souffle, excédé, l’un d’entre eux. D’autres font état de menaces - difficilement vérifiables - de leur carrière bloquée au sein de l’appareil en cas de mauvais choix le jour du vote. Le nom du porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre - non joignable -, est avancé par certains. Des pressions ? « Il faut arrêter les fantasmes et les racontars. Frédéric Lefebvre n’a pas géré ce dossier. Les esprits se calmeront après l’élection. A mes yeux, l’essentiel, c’est l’union », martèle Benjamin Lancar, déjà bien rôdé à l’exercice médiatique. Avec le sens des formules, il lance : « Je cherche plutôt à mettre de l’huile dans les rouages plutôt que de l’huile sur le feu. Le campus de Royan, [où se déroulera l’Université d’été de l’UMP], ne sera pas une répétition générale du Congrès de Reims [des socialistes] ». Ah, nous voila rassurés !
Au quatrième épisode de la saga estivale, l’un des deux candidats encore en course pour la présidence, Louis-Alexandre Osinski, pointe les irrégularités qu’il dit avoir constatées dès le début de la campagne : « L’élection des conseillers nationaux - qui élisent le président des Jeunes Pop - a eu lieu en plein milieu du mois de juillet, donc pendant la période des grandes vacances. Ce qui ne me semble pas faciliter la présence du plus grand nombre ». Allant plus loin dans sa démonstration, il explique que dans la fédération du Nord à laquelle il appartient : « il n’y a eu que 60 votes sur 1230 inscrits, dont 30 se sont fait par procuration sans que nous ayons la possibilité d’en vérifier l’authenticité ». L’actuel président des jeunes UMP tient à souligner que pour son élection, il y a deux ans, « le calendrier était le même car le mandat du président débute en septembre ».
Incroyable mais vrai, le feuilleton continue avec son lot de rebondissements et de péripéties. Des jeunes militants dénoncent « un simulacre d’élections ». « Nous n’avons aucun moyen de vérifier les résultats », persifle Louis-Alexandre Osinski. « Ils vont faire voter à fond pour le candidat officiel. Et les responsables des fédérations peuvent facilement récupérer les codes personnels que chaque militant a obtenu pour voter ». Quand on vous disait que c’était pire que Dallas ! « Tout ça est abracadabrantesque ! », claironne Fabien de Sans Nicolas. Benjamin Lancar insiste, lui, sur l’utilisation régulière par l’UMP de ce système de vote : « ça coûte cher et le premier parti de France ne va pas s’amuser à le faire pour rien ! ». A l’UMP, du côté des aînés, toujours silence radio. Dallas, ton univers impitoyable…