Frédéric Lefebvre va-t-il être le dindon de la farce ou le grand gagnant d’un remaniement qui le touche indirectement ? Avec le départ d’André Santini du gouvernement, Lefebvre doit rendre son siège de député.
30 jours. C’est le délai fixé par la loi à Frédéric Lefebvre pour connaître son sort politique. Le député UMP des Hauts-de-Seine et porte-parole du parti majoritaire est le suppléant d’André Santini à l’Assemblée nationale. Mais le remaniement est passé par là et le secrétaire d’État à la Fonction publique fait partie du groupe des huit débarqués.
Avec la sortie de Santini, l’ami de Sarkozy pourrait être contraint de lui rendre sa place. « J’ai 30 jours pour prendre un certain nombre de décisions, je verrai tranquillement André Santini », a confié Frédéric Lefebvre, hier, à l’Assemblée. Sauf que la décision ne lui appartient pas.
Avec la révision constitutionnelle de juillet 2008, c’est au membre du gouvernement sortant de se prononcer. Auparavant, rien n’obligeait le suppléant à démissionner et, s’il le faisait, l’ancien ministre devait se soumettre à une élection partielle. Aujourd’hui c’est l’inverse et cette nouvelle règle s’appliquera donc à André Santini. S’il décide de récupérer son siège de député des Hauts-de-Seine, Frédéric Lefebvre n’aura d’autre choix que de le lui laisser. Et Santini pourrait être tenté de le récupérer… Manière de retrouver son immunité parlementaire au moment où il est mis en examen pour « détournement de fonds publics, faux et prise illégale d’intérêt ».
L’Élysée avait pourtant tenté de résoudre le cas Lefebvre, avant qu’il ne se pose. À la rentrée 2008, un projet de loi avait été présenté sur le droit au retour automatique des ministres à l’Assemblée ou au Sénat. Et pour éviter justement que Lefebvre ne soit déchu de ce nouveau poste, si Santini venait à être débarqué, le Château avait réfléchi à une petite astuce : autoriser un ministre sortant à renoncer à son mandat de député. Le siège revenant de facto à son suppléant. Bête comme chou mais très pratique puisqu’aucune élection législative partielle n’était dans ce cas-là à organiser !
Mais la politique a ses raisons que le Conseil constitutionnel ne partage pas. Le 8 janvier 2009, les Sages ont censuré cette disposition. Avec ce résultat : si Santini renonce à son siège de député des Hauts-de-Seine, Frédéric Lefebvre devra se présenter devant les électeurs pour une élection législative partielle. « Il n’y a jamais d’élection sans risque », commente un cadre dirigeant de l’UMP, « mais les Hauts-de-Seine sont une circonscription acquise à la majorité de longue date ». En somme, Lefebvre n’a pas trop de souci à se faire.
« Ne vous inquiétez pas pour moi ! », a d’ailleurs lancé avec certitude Lefebvre, hier, sur France 2. Il est vrai que ce sarkozyste, porte-flingue dévoué au chef de l’État est et demeure porte-parole de l’UMP. Un porte-parole toujours prompt à dégainer ses communiqués pour réagir à l’actualité et lancer des idées comme des ballons d’essai. Au gouvernement, à l’Assemblée ou ailleurs, la Sarkozie trouvera toujours Lefebvre utile.
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La seule inquiétude qu’on aurait pu avoir, c’est quelle joie aurait pu nous procurer, la mise au vert forcée (et si possible au mutisme) de Frédéric Lefebvre.