Six couples, une campagne. Les européennes ont vu émerger plusieurs duos. Complices, complémentaires ou co-sanguins, ces binômes ont labouré le terrain. Tableau à J-1.
Rachida Dati et Michel Barnier ou le tandem improbable de l’UMP en Ile-de-France. Entre l’eurostar et l’europhile, l’alliage n’avait rien d’évident ! Il ne fut rendu possible qu’avec l’intervention ferme et catégorique de Nicolas Sarkozy. « Si tu veux rester mon amie, tu n’as pas le choix », avait argué le Président, fin janvier. Dati s’est lancée dans la campagne, sans renoncer à trouver une porte de sortie dorée pour échapper au Parlement européen. Dans tout ça, Michel Barnier, ex-commissaire européen rompu aux codes bruxellois, a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il jure d’ailleurs à qui veut l’entendre que tous les deux sont très amis et que leur complémentarité est un atout dans cette campagne. À lui les dossiers, à elle la popularité. À Sarkozy, le résultat.
Martine Aubry et Ségolène Royal ou la confrontation improbable du PS. Mais cette réunion ne fut pas une mince affaire. Six mois pour parvenir à réunir sur une tribune la Première secrétaire et l’ex-candidate à la présidentielle ! Et même pas de quoi décoller dans les sondages. Si les deux socialistes se sont échangé des amabilités, à Rezé (Loire-Atlantique) le 27 mai, les choses sérieuses ne commenceront qu’au lendemain du scrutin. Aubry et Royal devraient discuter de la mission qui reviendra à la présidente de la région Poitou-Charentes dans la direction du PS. Ségolène Royal pourrait obtenir le poste de vice-présidente de l’Internationale socialiste. Quant à Aubry, elle a assuré qu’elle « continuerait à avancer » quels que soient les résultats, ce 7 juin. Manière de prévenir sa nouvelle meilleure amie que la place n’est pas libre ?
Daniel Cohn-Bendit et Eva Joly ou le duo le plus européen de la campagne. Entre le « franco-allemand » Dany et la « franco-norvégienne » Joly, numéros 1 et 2 de la liste Europe-Écologie en Ile-de-France, la dynamique a pris. C’est lui qui l’avait choisie comme binôme. Aujourd’hui, son choix ne fait plus débat. Selon les derniers sondages, le duo pourrait talonner de très près les listes socialistes et devancer celles du MoDem de François Bayrou. L’ex-juge médiatique, symbole de la lutte contre les paradis fiscaux et la corruption, qui a instruit l’essentiel de l’affaire Elf, vit avec succès son baptême du feu électoral. Alors qu’elle avait un moment pensé rejoindre le MoDem, sa collaboration avec Cohn-Bendit lui vaudra sûrement d’être élue demain.
Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet, une alliance de circonstance pour les uns, le ticket gagnant pour les autres. Le co-fondateur du Parti de Gauche, tête de liste dans le Sud-Ouest, et la secrétaire national du Parti communiste ont constitué pour l’occasion un Front de Gauche. De quoi créer un début d’unité à la gauche du Parti socialiste. Crédité de 6% à 7% de bonnes intentions de vote dans les sondages, le Front de Gauche est passé devant le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, son principal concurrent. De quoi donner des idées au duo Mélenchon-Buffet pour les prochaines échéances électorales (régionales en 2010 et présidentielle en 2012).
Le Pen - père et fille ont fait campagne contre « l’Europe sans frontières, mercantile et consumériste ». À 81 ans, Jean-Marie mène sa dernière campagne et espère être réélu dans le Sud-Est. Sa fille, députée européenne depuis 2004, est tête de liste dans le Nord-Ouest et sera le probable successeur de son père à la présidence du Front national, l’année prochaine. Pour ces deux euro-députés, l’objectif est de faire aussi bien qu’en 2004, en obtenant sept sièges au Parlement européen. Crédité autour de 5 à 6,5% d’intentions de vote dans les derniers sondages, le Front national espère rassembler une partie de ses électeurs partis à l’UMP. « Le FN n’est pas mort même si Nicolas Sarkozy l’annonce partout. Certes, il nous a volé nos électeurs mais il ne nous a pas tués », a clamé Le Pen, entouré de sa fille Marine et de plusieurs autres têtes de listes du FN pour le dernier meeting de campagne, à Nice, le 3 juin. Partie de la réponse, le 7 juin.
Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud. Plus qu’un duo, il s’agit davantage d’un passage de témoin au sein de Lutte ouvrière. « Cela fait plus de trois décennies que je prononce les allocutions politiques à notre fête. Dorénavant, ce ne sera plus moi, mais nos idées seront très bien défendues », a lancé Arlette Laguiller à la traditionnelle fête de LO, le 31 mai. Avant d’ajouter qu’elle transmettait « avec beaucoup de joie » le flambeau à Nathalie Arthaud, la nouvelle porte-parole de LO nommée en décembre. La jeune femme de 39 ans, aussi tête de liste dans le Sud-Est pour les européennes, a enchaîné avec le désormais célèbre « Travailleuses, travailleurs ». Dans cette campagne, si LO n’est crédité que de 1 à 2% des suffrages, Arthaud aura au moins commencé à faire ses gammes. Elle a d’ailleurs laissé entendre qu’elle se sentait prête à la prochaine élection présidentielle de 2012. Ce dimanche 7 juin, LO se présente dans sept des huit circonscriptions.
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" alors qu’elle avait un moment pensé rejoindre le MoDem…", ah bon !! le MoDem et Europe-écologie, c’est du pareil au même ; on peut donc passer sans état d’âme de l’un à l’autre.
Deux partis qui adhérent toujours au libéral ; rien ne change. Dommage !! je ne voterai donc pas pour Europe-écologie.
De Profondis.