Les différentes réformes des retraites ont nui aux réductions des écarts entre les pensions des hommes et celles des femmes. Il y a une vingtaine d’années, on célébrait d’éclatants progrès sociaux pour les femmes…
« La réforme est-elle juste pour les femmes ? » L’interrogation de Simone Veil dans son interview pour La Provence, vendredi dernier, est passée quasi-inaperçue, l’ancienne ministre des Affaires sociales pourtant au lancement de la réforme de 1993, ne s’est pas plus appesantie sur le sujet. Quinze ans plus tôt, Simone Veil, ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, avait expliqué son choix, alors que les femmes pouvaient prendre la retraite complète à 60 ans au lieu de 65 ans en cotisant 37,5 ans. Curieux sentiment, en visionnant cette archive de l’INA présentant les mesures de 1977 pour les femmes. L’impression d’un progrès… dans le passé.
À l’UMP, rares sont ceux qui dévient de la droite ligne du gouvernement sur la réforme (voir encadré). La député UMP Chantal Brunel a bien fait remarquer à Éric Woerth la semaine dernière que « les mères, à travers leur enfants participent au financement de la retraite par répartition », mais l’écho n’a pas été tonitruant. « On peut réfléchir », lui a répondu le ministre du Travail pour qui la raison expliquant les disparités, « c’est l’inégalité salariale ». Les temps partiels, CDD et autre travail précaire qu’accumulent plus souvent les femmes, c’est peanuts… La "grande" solution annoncée : pénaliser les entreprises de plus de 50 salariés « qui n’acceptent pas l’égalité » avec des taxes "mirobolantes" : 1% (maximum) de la masse salariale brute. Brrrr ! Pas question en revanche de transiger sur les âges de départ à 62 et 67 ans.
Après la précédente réforme de 2003, l’INSEE et l’Institut national d’études démographiques ont pourtant remarqué que si les inégalités sexuelles sur la retraite se sont réduites depuis un demi-siècle (grâce en particulier à la hausse du taux d’activités des femmes), « la réduction des écarts aurait été sensiblement plus importante si les réformes de 1993 et de 2003 n’avaient pas été mises en œuvre » car les modifications des barèmes des systèmes de retraite ont pénalisé les femmes plus que les hommes. « Sans les réformes et sous des hypothèses de maintien des tendances actuelles quant à l’activité, les hommes des générations 1965-1974 percevraient une pension moyenne 1,47 fois plus élevée que celle des femmes. Avec la réforme de 1993, le ratio s’établit à 1,54 et avec celle de 2003 à 1,59 », précisent les instituts. Femmes infâmes !
Bonne nouvelle : aujourd’hui les femmes ont réussi à obtenir le même niveau de salaire que les hommes ! Enfin, bon, c’est ce que l’on pourrait croire en relisant ce que disait la secrétaire d’État à la Famille Nadine Morano l’an dernier : « Il faut trouver un moyen de préserver les avantages (des mères pour la retraite) (…) On pourra y revenir lorsque l’égalité salariale et des retraites sera au même niveau ». « Quand on voit le niveau de retraite des femmes qui se sont arrêtées au cours de leur carrière pour élever leurs enfants, elles sont extrêmement pénalisées », avait-elle ajoutée, volontaire, dans le même entretien d’août 2009, sur RMC-BFM TV.
Aujourd’hui, on entend beaucoup moins Nadine sur le statut particulier des femmes. Alors que la Halde a rappelé qu’en 2004, les femmes retraitées de 60 ans et plus percevaient une retraite en moyenne équivalente à 50% de celle perçue par les hommes, la secrétaire d’État raconte à tout bout de champ (chez nous par exemple, ou sur I
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