Entre ses amis du Milieu et sa passion démesurée pour les casinos, Bernard Laporte est un drôle de secrétaire d’Etat. Le journaliste Michel Biet retrace sa bio.
En Novembre 2000, « le Vrai/ Faux journal » – publication animée par Karl Zéro et aujourd’hui disparue – avait publié un article consacré à celui qui n’était alors qu’entraîneur de l’équipe de France, ainsi titré : « Derrière Bernard Laporte : casinos et bandits manchots ». Une enquête qui s’était terminée devant la XVIIè chambre correctionnelle et soldée par la condamnation du magazine pour diffamation.
Depuis, Bernard Laporte a fait son chemin. Et, bien qu’il a échoué à remporter la Coupe du monde de Rugby, il est devenu secrétaire d’Etat. Ancien de l’Equipe TV, Michel Biet est l’auteur de la première biographie – non autorisée – consacrée au personnage. Son livre est intitulé « Derrière Laporte ». Une enquête très fouillée sur « la face cachée » de « l’ami du Président » [1].
Le fabuleux destin de Bernard Laporte, ses origines très modestes, comme les nombreuses zones d’ombre du personnage, expliquent pourquoi on l’a parfois comparé à Bernard Tapie. Lecture faite, l’on découvre que cette comparaison n’a pas lieu d’être. Electron libre dans les affaires comme dans la politique, Tapie était son propre patron. Si Laporte partage avec lui la qualité d’être un extraordinaire produit marketing, il n’apparaît dans ses affaires comme dans la politique – où il peine à s’imposer –, que comme l’exécutant de décisions prise ailleurs. Jamais, souligne l’auteur, Tapie ministre n’aurait ainsi accepté d’être placé sous tutelle de son cabinet – lequel est composé quasi exclusivement de fidèles du nouveau Président.
Une dépendance aux autres, qui va lui jouer de vilains tours dans les multiples affaires auxquelles il a été associé avant son entrée au gouvernement. Comme le confie benoîtement son épouse Nadine, Bernard est inquiet pour « l’avenir de ses enfants » et veut être certain de pouvoir leur payer « le permis de conduire ». C’est ainsi que l’entraîneur du XV de France fait flèche de tout bois, en proposant par exemple sur son site, 10 000 maillots de l’équipe de France à 146 euros l’unité – soit 71 de plus que le prix conseillé par Nike. Lorsque le journal l’Equipe dévoile ce curieux business, son associé Serge Benaim explique qu’il était, bien entendu, prévu de reverser au moins une part des bénéfices à des œuvres caritatives. Lesquelles ? « On l’aurait dit au fur a mesure, à qui nous les aurions versés. Peut-être aux banlieues, peut-être au Sida… on ne savait si ça allait marcher ou pas. Donc, on ne pouvait rien annoncer », assure l’associé de Laporte. »
Mais ce n’est là que de la bricole. Bernard fait aussi dans le jambon, les casinos, la restauration avec ses « Olé Bodéga », dont la gestion lui vaudra de nombreux désagréments. A la fin des années 90, il tente même – sans succès – d’acheter une église à Toulouse pour en faire une gargotte ! Laporte est aussi présent dans les campings, les résidences de vacances, et même associé de quelques projets pharaoniques, dont il est le véhicule grâce à sa notoriété.
Exemple cité dans l’ouvrage, ce projet, en 2004, de construire un village de vacances très haut de gamme, sur une dizaine d’hectares, après la Dune du Pyla, dans le bassin d’Arcachon : « Un projet très ambitieux et donc très cher », se souvient Jean-François Acot-Mirande, un élu local qui confie à l’auteur : « Rien que l’achat des terrains, c’était énorme. Ce qui me posait problème d’ailleurs, c’était de savoir d’où venait l’argent. ( …) Le financier était Laporte. Ca me paraissait un peu gros, même si le sélectionneur de l’équipe de France a pu économiser tout au long de sa carrière ». Projet auquel l’élu assure, pour cette raison notamment, ne pas avoir donné suite.
Dans le livre, on trouve également un long passage sur l’amitié qui devait unir Laporte et Robert Fargette, depuis la fin des années 1980. Robert et Jean-Louis Fargette sont deux figures du Milieu varois. Tous deux sont morts assassinés.
Toulon dispose d’une belle équipe de rugby, le RCT, un bon club de rugby, mais qui est aussi notoirement sous l’influence du grand banditisme. Le couple Laporte assume totalement son amitié avec Robert. Et après tout pourquoi pas ? On est plus sceptique sur le fait que le couple ait pu ignorer à qui ils avaient à faire.
Ainsi Nadine l’épouse : « on a vaguement parlé de ce qu’il faisait à coté. Je lui ait dit que cela ne m’intéressait pas. ( …) j’ai rencontré un homme merveilleux et peu importe le reste. Bernard Laporte, plus pudique, « je l’aimais beaucoup » ( …) « je rencontre quelqu’un dans un bar, après un match de rugby et on devient potes. Je ne lui demande pas son CV. » C’est à l’issue d’un entrainement avec son club qu’il se fait tirer dessus une première fois . Robert se serait embrouillé avec les frères Perletoo, de redoutables caids du Milieu. Après s’être réfugié à Toulouse, Robert trouve asile chez les Laporte à Paris « Il a vécu des mois à la maison » confirme Nadine.
Le 19 octobre 2000, deux tueurs à moto expédient 15 balles de 9 mm dans le corps de Robert à la sortie d’un bar et enterre cette belle amitié. Si Nadine assiste aux obsèques, Bernard s’abstient « parce que avec la Fédération c’était compliqué ».
La fidélité en amitié manifestée par Bernard Laporte, si elle s’avère parfois embarrassante, trouvera toutefois sa récompense avec Nicolas Sarkozy. Une « indéfectible amitié », selon l’auteur, et qui trouve son origine en mai 2005, lorsque Nicolas est confronté à ses difficultés conjugales avec Cécilia. C’est la fameuse « une » de Match, qui affiche l’idylle de Cécilia avec Attias. Nadine confirme : « Bernard était très présent aux côtés de Sarko. Je n’y allais pas, ils étaient entre mecs. Dans leur amitié ça a joué ». Et l’auteur de citer un autre proche de Sarkozy : « Laporte lui permettait d’oublier sa douleur autour d’une ambiance troisième mi-temps ( … ) Parfois ça le gonflait, Bernard, d’y aller. Quand le ministre de l’Intérieur appelle, combien refusent de le rejoindre ? »
C’est en joggant ensemble sur le bassin d’Arcachon, que naît la perspective, chez Nicolas, de lui confier le secrétariat d’Etat à la jeunesse et au sport. Si en prime, comme nombreux le pensent alors, Bernard parvient à arracher la Coupe du monde, l’utile, un formidable coup politique, se joindra à l’agréable, l’amitié. « J’ai beaucoup perdu avant de gagner », se consolera Nicolas Sarkozy au lendemain de la décevante quatrième place.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] « Derrière Laporte, enquête sur la face cachée de l’ami du président », de Michel Biet (Editions du Moment).
Résumé de l’article : Laporte était copain avec Fargette.
C’est énorme comme info !
Et sinon, vous avez dû chercher une affaire commune … Ca a donné quoi ? Vous gardez la surprise pour un autre article ou bien vous vous n’avez rien trouvé ?
Si vous n’avez rien trouvé, cet article est malhonnête ! C’est très facile d’écrire Laporte et Fargette dans la même phrase … ça laisse l’impression au lecteur inattentif que bien sûr Laporte a fait des affaires avec la mafia et pourtant : rien n’est démontré pas même énoncé !
Tout n’est que sous-entendu…. il y a t’il un vrai journaliste dans la salle ??