La médaille d’or de la communication politique, Nicolas Sarkozy mis à part, revient à Ségolène Royal. Suivie d’Olivier Besancenot, Xavier Bertrand, Jean-François Copé et François Bayrou.
Le cabinet de conseil en communication, Vae Solis Corporate, a entrepris d’interroger une quarantaine de journalistes (dont Bakchich) sur la communication des politiques. L’étude ne porte ni sur l’action, ni sur les orientations politiques mais sur l’efficacité, la qualité de la com’ des personnalités : image, message et style. Résultat : la note obtenue n’est pas proportionnelle au poste exercé. Cette étude, réalisée sur huit mois, de septembre 2008 à avril 2009, porte sur 37 hommes et femmes politiques, excepté Nicolas Sarkozy (qui aura le droit à une étude rien que pour lui).
La médaille d’or revient à Ségolène Royal (106 points), désignée comme un « OVNI de la communication politique ». Les journalistes notent que « comme Sarkozy, elle concilie image, personnage et message ». Avant d’ajouter que l’ex-candidate à la présidentielle « a réussi le coup médiatique de se présenter comme nouvelle et différente de la politique », suscitant « un engouement digne d’une rock star ».
Son point faible : « ses discours sont très inégaux, car elle brasse beaucoup d’idées souvent très différentes les unes des autres ». Conclusion des journalistes interrogés : « finalement, c’est une pâte à modeler qui change en fonction de l’air du temps. Elle est la candidate du temps médiatique » avec une grande intuition et une bonne utilisation de la blogosphère.
La médaille d’argent revient à Olivier Besancenot (91 points) qui « parle vrai, direct, simple et exprime ce que les gens veulent entendre. Son message passe tellement bien, que l’on en oublierait presque qu’il ne veut pas, surtout pas, gouverner ». Pour les journalistes interrogés, le facteur de Neuilly « est enfermé dans le rôle, le personnage qu’il s’est construit et aurait tendance à devenir caricatural ». Point fort : Besancenot sait parfaitement utiliser la com’, avec notamment cette image du politique-facteur, ce look sympa de Gavroche et un langage apparemment dénué de toute langue de bois. Il joue sur une « communication de rêve », « vend un monde meilleur » avec le NPA. Paradoxe du personnage : « il est dans une posture neuve pour défendre et promouvoir de vieilles idées ».
La médaille de bronze est attribuée, ex-æquo, à Xavier Bertrand et Jean-François Copé (78 points). Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, apparaît comme « l’anti-Sarko », « son souhait est d’apparaître rond et tranquille ». « Il aimerait bien s’installer sur le créneau plutôt vierge à droite de l’homme serein. » « Assisté d’un cabinet de communication qui pèse et sous-pèse tout ce qu’il dit », le patron de l’UMP conçoit sa com’ comme une « machine de guerre ». « Xavier Bertrand ne paye pas de mine et ressemble au Français moyen », remarquent les journalistes, « mais dans le fond, il est aussi ambitieux que Jean-François Copé et est tout aussi calculateur et déterminé que lui ».
« JFC », justement. « Il ne laisse rien au hasard. Tout est préparé, calculé, répété ». Grâce à de nombreuses séances de média-training, le président du groupe UMP à l’Assemblée est devenu un « très bon communicant qui parvient, contre toute attente, à exister entre Sarkozy l’hyperprésident et François Fillon, l’ombre vigilante ». Dès lors, il part du principe que « s’il sature l’écran, il finira par atteindre le pouvoir » et « on ne parviendra plus à se passer de lui ». Avec une échéance programmée à 2017 et l’élection présidentielle ! Mais à force de communiquer, « il finit par en faire trop et à devenir caricatural ». Et les journalistes de noter : « dans son souci d’exister auprès des médias, Copé communique plus qu’il n’informe ».
Enfin, François Bayrou manque de peu le podium avec ses 42 points. Et encore, l’enquête a été réalisée avant son coup d’éclat sur le plateau d’« À vous de juger », pendant la campagne des européennes. « Connaît-il, lui-même, son style ? », se demandent les journalistes. « Nul ne sait dans quel camp il joue, ce berger, gentillet et passe-muraille. Nul ne le comprend. Ce n’est plus qu’un commentateur de la vie politique, où il ne trouve que des choses à critiquer ». Sauf que sa posture, ni droite, ni gauche, MoDem, « ne parle pas, par exemple, aux jeunes des banlieues ». Mais Bayrou, lui, est « convaincu d’avoir une mission divine, bien plus par exemple que Ségolène Royal ». Dès lors, « il est persuadé d’y arriver envers et contre tout mais rien ne prouve », explique l’étude, « que ça marchera mieux en 2012 qu’en 2007 ».
Du côté des « perdants », on note la présence de Martine Aubry et François Fillon pour le style, de Dominique de Villepin et François Hollande pour le message. Et surtout Jack Lang : « la communication par excellence, faite homme… qui en devient transparent ». Comme quoi, la communication ne fait pas tout…
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juste un mot :
j’ai cru lire en introduction qu’on se foutrait pas mal de l’action et de l’orientation politique. Mais dès qu’il s’est agit de Monsieur Besancenot, j’ai pu lire qu’il "vend un monde meilleur" et promeut "de vieilles idées".
Ça sent bon le deux poids, deux mesures. J’imagine que vous parlez (du moins que l’étude) parle du communisme. Mais soyons un minimum réfléchi : qu’il s’agisse du communisme, du libéralisme, du nationalisme ou de l’écologie, ne s’agit-il pas de philosophies qui s’inscrivent dans le temps ?
Vous conviendrez certainement que Rousseau, Ricardo, Boulanger et Reclus ne sont pas de notre génération !
Au plaisir.
Teddy.