Pour le premier meeting du Nouveau Parti Anticapitaliste à Paris, hier, Olivier Besancenot a fait le plein. De quoi inquiéter les socialistes, au moment du vote de leurs motions.
La vedette, ce jeudi 6 novembre, s’appelle Olivier Besancenot. Et il le sait. Alors qu’à quelques stations de métro de là, au siège du PS, les observateurs patientaient pour connaître les premiers résultats après le vote des militants socialistes sur les six motions, lui tenait un meeting, salle de la Mutualité à Paris. « Pure coïncidence », répond Olivier Besancenot, « nous n’avons pas décidé de notre calendrier en fonction de l’agenda des autres partis ». Sauf qu’il y a des hasards qui tombent plus mal que d’autres !
Surtout quand ils s’enchaînent. Car hier est sorti un nouveau livre sur le facteur de Neuilly, porte-parole de la LCR, comme pour mieux souligner sa montée en puissance : L’effet Besancenot écrit par Denis Pingaud, vice-président de l’institut de sondages Opinion Way. L’auteur y énonce les raisons pour lesquelles le leader trotskiste s’est transformé en « meilleur opposant » à Nicolas Sarkozy : « Olivier Besancenot a de l’avenir en politique, parce qu’il sait y faire et qu’il arrive au bon moment ». Comprendre : « l’impuissance de la gauche à trouver un leader et définir un programme », d’autant plus frappante en cette période de crise financière. En somme, Besancenot a un boulevard devant lui et compte bien en profiter.
L’ambiance est euphorique pour le premier meeting parisien du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), dont le congrès fondateur programmé en janvier 2009 actera la disparition de la LCR. Les interlocuteurs se succèdent sur l’estrade : sans-papiers, syndicalistes, étudiants… Le contraste est saisissant : environ 2 500 personnes réunies pour écouter avec attention le leader de l’extrême-gauche, là où ces dernières semaines les ténors du PS avaient eu du mal à faire le plein. À quelques rares exceptions près.
Empêtré dans ses querelles d’égos, le PS paraît lui avoir laissé le champ libre. « Les socialistes », commente Denis Pingaud à Bakchich, « ne comprennent pas le phénomène Besancenot ». Avant de lâcher :« Il incarne une autre manière de faire de la politique. S’il est aussi populaire, c’est parce qu’il apparaît comme un type comme tout le monde, qui gagne 1 000 euros par mois et qui ne ressemble pas aux éléphants du PS. C’est principalement ce levier qui fait son succès, beaucoup plus que le projet politique du NPA ».
Pour le leader de l’extrême-gauche, il n’y a d’ailleurs rien à attendre de la rue de Solferino, excepté pour quelques rares actions communes. D’où le constat sévère que dresse Denis Pingaud dans L’Effet Besancenot : « Entre la gauche radicale, incarnée par le Nouveau Parti anticapitaliste, et la gauche réformiste, dominée par le Parti socialiste, c’est maintenant, sinon la haine, du moins l’opposition ouverte ». Les hostilités sont déclarées… attention faites vos jeux !
Dans ce contexte, Olivier Besancenot a réitéré l’idée d’une indépendance totale par rapport au PS. C’est d’ailleurs le principal argument de vente du NPA : « Ce qui fonde le NPA, c’est la déclaration de principe des socialistes [adoptée le 14 juin 2008] qui se disent partisans d’une économie de marché ». Avant de s’inscrire en faux contre cette idée : « nous rejetons l’économie de marché, nous pensons que cette société nous envoie dans le mur et qu’il faut en changer. On n’imaginait même pas qu’on visait aussi juste, en lançant cette idée de nouveau parti anticapitaliste ! ». Visiblement, Besancenot n’en revient pas lui-même. Le contexte a joué, ce qu’explique Denis Pingaud : « le récent cataclysme financier justifie bien un anticapitalisme sans cessions. Comme le disent certains initiateurs du processus [au NPA] : "La fenêtre de tir, c’est maintenant" ». Donc, action !
A la tribune, Besancenot, très en verve, hausse d’ailleurs la voix : « ceux qui nous disent qu’on peut moraliser le capitalisme nous racontent n’importent quoi. Parce que dans ce système, pour s’en sortir, il faut toujours faire plus de blé. C’est contre ce capitalisme-là, qu’on a décidé de se révolter. Il faut changer de monde avant qu’il ne nous écrase ! ». Tonnerre d’applaudissements. « Il y a une autre gauche qui dit : on attendra pas 2012 pour stopper la politique du gouvernement », affirme sur scène Olivier Besancenot. Le PS est prévenu…
Les éléphants roses ont d’ailleurs commencé à s’inquiéter du pouvoir de nuisance électoral que représente, pour le Parti socialiste, le leader trotskiste. Pour contrer l’effet Besancenot et dans ce contexte de crise financière mondiale, ils ont ainsi mis la barre à gauche… toute ! « Ça nous amuse », sourit Alain Krivine, le leader historique du mouvement trotskiste. « Tous les socialistes se mettent à critiquer le capitalisme, alors qu’ils disaient il y a encore peu qu’il n’y avait que ça de possible. Ils ont simplement gauchisé leur discours et réutilisé nos formules. Maintenant, on attend leurs actes ». Le socialiste qui a le moins mauvais presse à la LCR reste Benoît Hamon, candidat au poste de François Hollande. Car selon Krivine, « Hamon est celui qui est le moins à droite »… de la gauche ! Et pour Besancenot, Hamon est l’un des rares, au PS, à être sorti de la logique « du tout ou rien », en termes d’alliances électorales. En clair : ne pas avoir fermé la porte à des alliances avec l’extrême-gauche.
De son côté, le quadragénaire du PS, qui porte la motion la plus à gauche du parti, se défend d’être l’arme anti-Besancenot de la rue de Solferino. « Si je dois être une arme », expliquait celui dans un entretien au Parisien, « c’est une arme anti-Sarkozy. Nous serons confrontés à trop de violence demain dans la société française pour que nous puissions nous passer d’un seul militant de gauche quand viendra le moment de la résistance ».
Sur ce point, le discours est le même du côté du NPA d’Olivier Besancenot : l’adversaire, c’est la droite, Nicolas Sarkozy et le gouvernement. Au moins, un point commun avec le parti socialiste. En voici, un deuxième : les militants du NPA comme ceux du PS préparent leur Congrès. Reste à savoir celui qui fera date à gauche.
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Le journaliste comme certaines personnes restent à la surface des choses.
Ce n’est pas la gueule de Besancenot ni sa gouaille qui sont importants mais les milliers de personnes qui sont prêts à se battre, à s’organiser et à foutre en l’air le système.
Les gens qui vont rejoindre le NPA ne viennent pas pour des élections ni pour "un diner de gala".
Ils n’ont envie qu’une chose : en découdre.
L’objectif du NPA est de fédérer toutes les forces révolutionnaires, dans une dynamique, pour renverser les institutions.
Les choses ne sont pas dites comme ça ; mais c’est comme ça que le bourgeois doit le comprendre.