Marche et crève. Les 16 et 17 décembre sont des jours de marche à Abidjan. Et de mort. Les camps des deux présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo se disputent le siège de la télé nationale. A l’arme lourde.
Un petit air de temps béni. De colonie aussi. Comme à la belle époque des Indépendances africaines dans l’Interdépendance française, aussi appelée Françafrique, la télé tue. Ou plutôt les politiques ivoiriens tuent pour accéder à la télé. Au sens propre quand leurs collègues français se contentent du figuré. Lors des putschs qui ont émaillé les cinquante dernières années, les golpistes du continent, souvent aiguillés par la patrie des droits de l’homme, ne ciblaient pas prioritairement la Présidence. Mais la radio-télévision nationale. Vrais sièges de pouvoir, de reconnaissance, voire d’adoubement. La Côte d’Ivoire, état qui vit sous l’exception depuis 10 ans, et déchirée par une guerre des Trois depuis 20 ans, en est revenu à ce point. Se disputer la zappette. Une scène de ménage qui, avachi dans un canapé, n’est qu’agaçante. Et devient sanglante dans les rues d’Abidjan.
Jeudi 16 décembre, les partisans d’Alassane Ouattara, président proclamé par la Commission électorale indépendante et borduré dans l’Hôtel du Golfe de la capitale avec son gouvernement, ont marché vers la télé. Une procession pour porter vers le pouvoir l’ancien directeur adjoint du FMI. 300 civils, précédés d’anciens rebelles, les Forces Armées des Forces Nouvelles. Confortés par le soutien de la communauté internationale et lourdement armés, malgré l’accord de Ouagadougou en 2007 qui avait prévu de leur retirer leurs gros jouets….
L’armée de Gbagbo, président sortant de dix ans de pouvoir quand il a été (mal) élu pour cinq, a apparemment pris goût au micro. Au point de répliquer. Au mortier, à la kalach’, à la mitrailleuse. Du lourd. Et une quinzaine de morts selon nos sources sur place. « C’est toujours la population qui trinque et franchement, on ne voit pas d’issue autre que dramatique », se désolent les vieilles concierges de palais qui ne savent plus où balayer…
En direct à la RTI, Charles Blé Goudé, un ultra du clan Gbagbo, a résumé l’état d’esprit qui imprègne les rangs du Boulanger d’Abidjan. « Ils ont l’ONU avec eux, ils ont la France avec eux, ils ont les US avec eux, nous nous avons l’Eternel avec nous ».
Voilà qui ravira Simone Gbagbo fervente chrétienne et dame de fer du régime. Dans le climat de tension la Première dame Momone a repris les rênes. Et est remontée sur le devant de la scène pour empêcher « les araignées de l’ombre », comme elle définissait Ouattara et Soro dans son livre en 2006, de prendre le pouvoir.
« Le débat est de plus en plus radical, confirme un industriel bien introduit sur les bord de la lagune d’Ebrié, les accrochages à Tiébessou (au nord de la capitale Yamoussoukro, dans le centre du pays) montrent que les FAFN sont en route, ca peut se précipiter » …
D’autant que Guillaume Soro, ex-chef rebelle, ancien Premier ministre de Gbagbo avant de devenir chef du gouvernement de Ouattara a appelé à une nouvelle marche vendredi. Toujours vers la télé et vers la Primature. Au risque de dégénérer ? Un brin bravache, l’armée fidèle à Gbagbo a prévenu. Les forces internationales (ONU, France) sont désormais considérées comme des soutiens de Ouattara. Et ciblées ?
"« Les forces "loyalistes" n’attaqueront jamais les forces impartiales, la Licorne est un animal qui effraye en Côte d’Ivoire, tous camps confondus, tempère une barbouze de la place. Je ne vois pas non plus le général Mangou (chef d’Etat Major) se risquer à attaquer l’Hôtel du Golfe. » Dont les occupants ont été rebaptisé le Golfe Comedy Club par les plus railleurs des partisans de Gbagbo.
Pas sûr pour autant que l’humour a un proche avenir en Côte d’Ivoire.
A lire ou relire sur Bakchich.info
"Un petit air de temps béni. De colonie aussi. Comme à la belle époque des Indépendances africaines dans l’Interdépendance française, aussi appelée Françafrique, la télé tue."
J’ai bien conscience qu’un article sur l’Afrique sans allusion à la colonisation n’est pas concevable sur bakchich, mais là, franchement, je ne comprends absolument pas la première phrase de cet article. Ca n’a rien à voir avec le reste.
C’est vraiment pour le principe et sûrement pour attirer le lecteur …
(je sais que vous ne publiez pas ce genre de post critique, mais je tenais quand même à le dire)