Le trou de la Sécu devrait avoisiner les 20 milliards pour 2009. Et, pire, les 30 milliards demain.
La commission des comptes de la Sécurité sociale fête cette année ses trente ans. Comme le rappelle Eric Woerth, le ministre des Comptes publics, elle a été créée par Raymond Barre pour aborder les problèmes de la Sécurité sociale sous un angle moins juridique et plus économique que ce n’était le cas auparavant. Avec comme idée que le déficit serait mieux surveillé et moins toléré.
Et le résultat est là : la commission anticipe pour 2009 un déficit de 20 milliards d’euros (soyons précis, le déficit serait de 20,1 milliards. A moins qu’en fait il ne soit de 21,3 selon les hypothèses de croissance retenues pour la fin de l’année).
Record battu. On n’avait pas vu un tel déficit depuis… 2008 !! Heureusement, cela pourrait aller encore plus mal puisque la commission prévoit que le déficit de 2010 sera de 30 milliards, sur la base d’une reprise de la croissance d’ici à la fin de l’année et une expansion économique en 2010 de 0,5%.
Evidemment, la cause première de cette situation est la crise mondiale. En 2009, du fait du chômage, la masse salariale qui sert d’assiette aux cotisations se contractera de 1,3%. Mais à y regarder de près, cela n’explique que 8 milliards du déficit. Le reste tient à la dérive des dépenses.
Pour Woerth, pour l’instant, l’objectif est d’arriver à un chiffre fiable du déficit. Il y a encore un mois, devant le Parlement, il parlait de 18 milliards d’euros de déficit : si chaque mois le conduit à revoir de 2 milliards son évaluation du besoin de financement de la Sécu, on est mal barré d’ici à la fin de l’année.
Ensuite, il s’agira de traiter le problème fondamental du retour à l’équilibre. Cet objectif de retour à l’équilibre fait partie du paysage traditionnel de l’analyse des comptes sociaux. Ainsi, la CADES, la caisse en charge de la gestion de la dette de la Sécu, avait initialement été prévue pour un temps déterminé, le temps de rembourser et de retrouver l’équilibre. Seulement, au fur et à mesure qu’elle rembourse, les déficits perdurent et même s’amplifient, ce qui recrée de la dette. La CADES est une moderne danaïde qui doit encore 97 milliards à ses créanciers malgré des remboursements effectués de 38 milliards.
Sur ce dossier, les instructions élyséennes sont claires : pour la retraite, il faut faire valoir que c’est une œuvre de longue haleine à laquelle le gouvernement s’attache avec détermination. Il n’est de fait que de voir la façon dont a été résolu le problème des régimes spéciaux. Personne ne comprend ce qui a été décidé et les spécialistes prétendent qu’elle se traduit par un surcroît de dépenses !! Quoi qu’il en soit : patience !!
Sur la santé, le message est simple : il s’agit de ne pas prendre de front les médecins, qui constituent un électorat de droite fidèle mais qui peut se montrer ingrat. Sarkozy a en mémoire qu’en refusant d’augmenter le prix de la consultation, son maître Edouard Balladur s’était aliéné une partie du corps médical qui dans sa primaire contre Chirac avait choisi le maire de Paris. Eric Woerth a compris cinq sur cinq ce que l’on attendait de lui et il a stigmatisé les excès et l’indiscipline… des salariés. Les abus sont là. Les faux malades, les tire-au-flanc, les hypocondriaques, voilà l’ennemi. Que les Madoff de l’assurance maladie, rois de l’accumulation des jours maladies indus sur le dos de l’économie, se le tiennent pour dit : l’escroquerie à la Sécu, c’est fini…Et ainsi tout ira mieux !! A ce propos, c’est quand la prochaine hausse de CSG ?
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