Sarkozy ou le "french TINA"

Depuis le temps qu’il y pensait, Sarkozy peut enfin se prendre pour Margaret Thatcher. Maggie avait été surnommée «  Tina » pour « There Is No Alternative » (« Il n’y a pas d’alternative ») : la réponse qu’elle donnait à toute critique ou contre-proposition visant sa politique. Sarko s’est calé sur cette ligne.

Évidemment, face aux mineurs, Maggie avait un allié de poids – qui manque à Sarkozy – : l’URSS. Tandis que le communiste Arthur Scargill, à la tête du syndicat des mineurs, refusait toute concession, la Pologne communiste en mal de devises livrait sans faiblir du charbon aux centrales électriques anglaises. On ne sait trop qui livrera le carburant à la France, mais on trouvera sans grande difficulté…

Pour ce qui est de la SNCF, les syndicats découvrent avec amertume que leur pouvoir de nuisance n’est ni celui des mineurs anglais, ni celui que l’on croit : sans la RATP – où la grève est très peu suivie –, ils ne peuvent empêcher Paris de vivre sa vie.

À l’Élysée, on attend donc que la lassitude, les vacances scolaires, l’indignation après les exploits de quelques casseurs, et les pluies d’automne dispersent les manifs. Croire que Nicolas Sarkozy pourrait connaître le sort d’Alain Juppé après les grèves de 1995 ou de Dominique de Villepin après le CPE, c’est ignorer que tous deux n’étaient que Premier ministre. Ils avaient au-dessus d’eux Jacques Chirac, un Président qui a fait de la trahison de ses fidèles et du coup de poignard dans le dos une règle de vie.

Au vu de son impopularité, Sarkozy va remporter une victoire à la Pyrrhus, se consolent certains. Mais, là encore, Maggie sert de référence. Elle fut sans cesse impopulaire et gagna pourtant toujours les élections. C’est que les travaillistes firent tout pour qu’il en soit ainsi. Pour Sarko, il pourrait en être de même. Le PS, entre slogans flous, soutiens fous et projet mou – qui le rend totalement non-crédible –, fait le nécessaire pour qu’il gagne.

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