Au train où vont les choses, les élèves de maternelle seront bientôt dans la rue. La situation exige des réponses fortes.
Il ne faut surtout pas ignorer l’agitation présente de la jeunesse. Cet âge est fébrile, incontrôlable. Si on laisse faire, la contestation s’étendra comme une tache d’huile. L’exemple des grands gagnera les plus petits. Au train où vont les choses, les maternelles seront bientôt dans la rue.
Ceux qui me font l’honneur de me lire connaissent mon esprit positif. Je ne suis pas de ceux qui grognent sans proposer de solutions, au contraire. Je m’efforce toujours d’aider le gouvernement en l’abreuvant de ces idées neuves qui me paraissent répondre à la complexité de la vie moderne.
Venons-en au fait. Quiconque s’efforce d’aborder lucidement la question des retraites ne peut qu’être frappé par une évidence, c’est que les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active, et qu’il n’en est guère, même parmi les multidiplômés, qui ne commencent leur carrière par une longue période de chômage débilitant.
C’est dire que ces années, les plus belles de la vie, sont irrémédiablement gâchées par la précarité, l’angoisse face aux lendemains et l’impossibilité d’une vie stable, avec les conséquences qu’on imagine sur le logement, le mariage, la natalité (les bébés d’aujourd’hui étant les travailleurs de demain). D’où le vertige prérévolutionnaire qui saisit la jeunesse contemporaine.
Si on ajoute que les retraites actuelles vont à des salariés usés, fatigués par les ans et qui sont loin d’en tirer tout le bénéfice, on comprend l’idée qui sous-tend ma réforme : donner la retraite aux jeunes, qui peuvent le mieux en profiter, et réserver le travail aux plus anciens, quand l’existence leur pèse et que l’inutilité les pousse à boire.
Certes, mon propos peut surprendre, voire choquer. Mais la situation actuelle exige des réponses fortes. Quand un projet gouvernemental suscite des remous qui ne s’apaisent pas, la plus élémentaire sagesse commande de le retirer. M. Villepin avait agi ainsi pour le CPE, et sa popularité actuelle prouve qu’il a eu raison de procéder à ce que l’on appelle, d’ailleurs, une habile retraite. M. Sarkozy, qui se veut pragmatique, me comprendra.
Je vais plus loin : en proclamant dès aujourd’hui l’abaissement de l’âge de la retraite à 18 ans, il se tirerait du guêpier et créerait un énorme choc, le seul sans doute capable d’assurer sa réélection. Osera-t-il ?