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Le petit bleu de la côte Ouest (polars cultes 3)

Cadre noir / dimanche 19 juillet 2009 par Bertrand Rothé
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Bakchich révise ses polars cultes pendant l’été. 3e étape avec "Le Petit Bleu de la Côte Ouest", sorti en 1976.

« Le polar est la littérature de la crise. Pas étonnant qu’il reprenne vie ces temps derniers » Manchette. Charlie mensuel n°126. Juillet 1979.

Manchette, ADG, Manchette. Trois polars, deux auteurs. Le petit bleu de la côte ouest est publié en 1976. Certains, dont Serge Quadruppani, et Jérôme Leroy, considèrent que c’est le meilleur. Faisons leur confiance.

1976

Une nouvelle catégorie sociale est née quarante ans avant que ne sorte le livre, celle des cadres. Elle serait née avec le Front Populaire. Depuis les années 1960 elle ne cesse de se développer. Elle a le vent en poupe. Alors que la part des ouvriers dans la population active diminue, celle des cadres augmente. C’est la CSP qui va le plus croître pendant cette période. Il faut dire que le concept est mou, flou, attrape tout, en un mot hétérogène. Il regroupe du patron de la multinationale au chef d’atelier. Il permet aux petits chefs de se rêver maréchal d’empire. Cadre sup, le statut ultime du salariat. Ils sont nombreux à vouloir en être.

En 1976, les circonstances leur sont plutôt favorables. L’expérience LIP s’essouffle. La deuxième occupation est plus difficile que la première. Les ouvriers sont fatigués, ils n’y croient plus beaucoup. Même si Libération titre « Lip, c’est reparti ! », les utopies s’épuisent. L’heure est aux technocrates.

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Barre vient de remplacer Chirac à Matignon. Pour faire face à la crise, le CNPF a besoin d’alliés chez les salariés. Le « patronat moderniste », appuyé par une presse ad hoc, va en faire ses nouveaux héros. Il les présente comme les « nouvelles classes moyennes » par opposition aux « poujadistes » commerçants et patrons de PME, et aux classes moyennes « traditionnelles » et « passéistes ». Gilles Châtelet n’avait pas encore opposé les fluides (les partisans de l’économie de marché) aux visqueux (la CGT, les cathos, les ouvriers, les arapédes, SUD, les communistes, les réactionnaires, Le Monde Diplo, les militaires…), mais les bases sont déjà bien installées.

Ils font la queue, pour le salaire, pour la retraite, mais surtout pour le statut social. La société de consommation s’installe. Les cadres roulent en Grand Tourisme 504, voire en Mercedes. Ils prennent des vacances en famille et à la mer. Ils peuvent louer une maison pour un mois à l’époque où la norme est encore aux vacances à la campagne. Chez les ouvriers, on envoie les enfants chez les grands-parents. Huit cadres sur dix sont partis en vacances en 1976 contre la moitié des ouvriers.

Pourtant la place n’est pas très confortable. Un cadre doit survivre entre « l’enclume de la ploutocratie et le marteau du prolétariat » comme l’écrit Luc Boltanski en 1982.

Manchette

Le père de Manchette y est arrivé. Ouvrier, il est devenu cadre, une vraie promotion sociale. L’ascenseur fonctionne. Il est monté au troisième. Rien d’extraordinaire, les premières marches, de quoi sortir financièrement la tête hors de l’eau. Pas grand-chose, cadre maison, mais quand même une promotion sociale. Il a rêvé que son fils continue l’ascension. Normalien, comme BHL. Même si Saint-Cloud ne sera jamais Ulm. Il aurait pu en être Manchette, avoir une table au Flore, se marier avec une actrice. Heureusement pour nous il a raté le concours.

Le petit bleu de la côte Ouest

C’est l’histoire d’un cadre, qu’un pas grand-chose, un presque rien, qu’un je ne sais quoi fait exploser en vol.

Il n’y a évidemment pas de morale. Mais un lecteur trop rapide pourrait en conclure qu’il ne faut pas aider son prochain, surtout lorsque c’est pour échapper aux foudres de la justice. Il faut passer son chemin et ne pas craindre la « non assistance à personne en danger ». Aider un homme sur le bord de la route peut radicalement changer votre vie. A condition d’avoir les ressources d’un cadre d’une multinationale américaine.

Manchette ne nous dit pas si un cadre de Michelin ou de Bouygues-Télécom aurait été aussi efficace. Ce n’est pas important. Ce cadre d’ITT nous surprend. Ses vacances vont être gâchées. Il n’aura jamais droit à ses stocks-options.

Le petit chef-d’œuvre du néo-polar.

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Trente ans d’histoire de France, huit polars français pour l’été. Des classiques. À découvrir ou à redécouvrir.
Après Manchette, Bakchich continue sa révision des polars cultes. Voici A.D.G.et son "Pour venger pépère".

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1 MESSAGES

Forum

  • Le petit bleu de la côte Ouest (polars cultes 3)
    le vendredi 24 juillet 2009 à 12:10, michel befort a dit :
    merçi pour cette redécouverte je rachette sur le net ce que je n ai pas lu ou qui a disparu de ma bibliotheque pour faciliter un été paisible
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