A défaut de pouvoir parler de rigueur (mot tabou), les experts de Bercy mijotent une hausse des impôts, sans doute la CRDS, pour combler le trou de la Sécu. Et les ministres du gouvernement Sarkozy cherchent à qui faire porter le chapeau. Au hasard, cela tombe sur le chouchou du président, Xavier Bertrand.
Les querelles sémantiques sur la rigueur ne sont pas d’actualité : depuis le discours de Nicolas Sarkozy à l’automne dernier pour les deux cents ans de la Cour des comptes, discours dans lequel il a annoncé qu’entre la rigueur et la croissance, il choisissait la croissance, plus personne dans la majorité présidentielle ne peut se permettre de parler de rigueur ou d’austérité.
Pourtant, maintenant qu’il est acquis que, en ce qui concerne la croissance, il faut circuler car il n’y aura pas grand chose à voir… et à ramasser, la question sur le fond et non pas dans les termes utilisés, d’une politique de rigueur façon 1983 ou 1995, est plus que jamais à l’ordre du jour.
La marche à l’austérité se fait d’ailleurs lentement, mais fermement. Après avoir admis que pour l’instant, les baisses de prélèvements obligatoires n’étaient pas envisageables, le gouvernement a décidé de centrer son discours sur la dépense publique. Plus particulièrement sur le travail d’expertise concernant le contenu des dépenses, qui s’appelle en ce moment la « Revue générale des politiques publiques » qui s’est appelé dans le passé les « Plans pluriannuels de modernisation » ou encore les « Stratégies ministérielles de réforme », preuve qu’à défaut d’autre chose, la bureaucratie reste maîtresse dans l’art de produire du jargon.
Ce travail devrait déboucher sur un maintien en euros courants des dépenses de l’État jusqu’à la fin de la législature, maintien qui ferait baisser automatiquement le poids des dépenses budgétaires dans la production. Or, sans modification de la législation fiscale, cela permettrait à peine à la France de satisfaire à ses engagements européens et de retrouver l’équilibre budgétaire à l’horizon 2012.
Dans ces conditions, l’action sur les recettes – c’est-à-dire une hausse des impôts – a de plus en plus de partisans dans la technostructure de Bercy. En ligne de mire, la CRDS, la contribution qui sert à rembourser les dettes de la Sécurité sociale.
Le transfert d’ici à l’été d’une partie du découvert de la Sécurité sociale à la CADES, la caisse qui gère la dette sociale, s’impose quasi automatiquement. Il s’agirait de faire porter par la CADES 10 milliards d’euros supplémentaires. Or, cette opération suppose que l’on donne à la CADES les moyens de faire face à cette nouvelle charge, moyens qui passeraient en priorité par une augmentation de ses ressources au travers d’un point supplémentaire de CRDS.
Malgré la pression des services, le cabinet d’Éric Wœrth ne veut pas, pour l’instant, en entendre parler. La position du ministre des comptes publics est nette : la sécurité sociale doit couvrir son déficit 2008 qui serait de près de 12 milliards par des économies. Position d’autant plus ferme qu’il pense ainsi mettre devant ses responsabilités le ministre des affaires sociales Xavier Bertrand.
Bête noire unanime de tous les occupants des postes ministériels à Bercy, Xavier Bertrand, chouchou avéré de l’Élysée, cherche à esquiver ce mauvais procès et déclare se considérer avant tout comme en charge de la réforme à long terme des retraites.
Au final, on s’oriente vers une augmentation honteuse et brutale de la CRDS au mois d’août et vers un espoir étrange, celui de la reprise de l’inflation… Comme le répète à l’envie Charles de Courson, le célèbre député de la Marne et spécialiste des questions budgétaires, un point d’inflation rapporte 3 milliards de TVA… Bonne vieille inflation qui permet de prendre discrètement ce que l’on ne veut pas prendre « frontalement » par la rigueur…
Lisez ce livre et vous comprendrez que le déficit de la sécu est du à la pusillanimité des gouvernements successifs et à l’influence des lobbies de l’industrie de la santé.
http://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/9782874340390/livre-verites-sur-les-maladies-emergentes.php
Une seule phrase résume l’état de le situation : "il y a plus de gens qui vivent du cancer que de gens qui en meurent"
Article de François Ruffin Extrait : Afin de « défendre » le pouvoir d’achat,le gouvernement français a engagé une série de mesures « inefficaces » que nous connaissons .(allongement de la durée de cotisations pour les retraites, salaires qui stagnent depuis vingt ans, mise en place de la franchise médicale…
Car toutes ces mesures ont un dénominateur commun : gratter encore quelques avantages aux salariés.)
Pourquoi personne ne parle jamais des 9,3 % du PIB qui sont passés des SALAIRES vers le CAPITAL ?
Dans les pays membres du G7, la part des salaires a baissé de 5,8 %, en EUROPE cette baisse a été de 8,6 % et en FRANCE, de 9,3 % ! (cette évolution n’a pas de précédent dans les 45 dernières années )
Ces 9,3% équivalent à plus de 150 milliards d’€ : soit une douzaine de fois le trou de la Sécu !
Or c’est à l’inverse qu’on assiste : il est comme effacé de la sphère publique, éclipsé dans les médias, à peine mentionné par les responsables politiques et par les syndicats.
Qui aura le courage de mettre le problème sur le tapis ? les sommes en jeu représentent des dizaines de milliards d’EUROS .
Ces 9,3 % devraient s’installer au coeur du débat !
Les salariés et retraités de plus en plus pauvres et les riches sont de plus en plus riches.
D’où sont tirées ces lignes ? D’un texte de la Confédération générale du travail (CGT) ? Nullement : elles viennent d’un article de la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution qui réunit chaque mois, à Bâle (Suisse), les banquiers centraux afin de « coordonner les politiques monétaires » et d’« édicter des règles prudentielles ». Ce n’est pas vraiment un repaire de marxistes ; pourtant, leur exposé sur cette « marge [de profit] d’une importance sans précédent » se poursuit sur vingt-trois pages
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/01/RUFFIN/15507 et http://www.la-bas.org/article.php3 ?id_article=1353&var_mode=recalcul