La Banque de Pékin achète la dette publique américaine, ce qui ravit Washington. Mais les Chinois ont besoin de trouver un emploi à leurs dollars…
Obama a fait le traditionnel périple asiatique de tout président des Etats-Unis. Mais la la Chine a remplacé le Japon en partenaire de référence. Les 700 millions de Chinois que chantait Jacques Dutronc ont doublé de volume et l’économie chinoise comble son retard.
Le Japon se remet difficilement de sa langueur de la fin des années 80 et la récession y a été sévère (une contraction de la production de près de 7%) quand la Chine a maintenu son train de croissance à l’abri d’un taux de change artificiellement sous-évalué.
Certes, si on fait un bilan du XXe siècle, la Chine s’est payé les deux calamités ont empêché certains pays de se développer : le colonialisme et le communisme.
Mais l’Orient d’aujourd’hui n’est plus rouge que des coulées d’acier. Et paradoxalement, le retard de Pékin en matière financière lui fait prendre le pas sur Tokyo. Les dollars gagnés par les entreprises nipponnes sont réinvestis de multiples façons pour assurer des revenus futurs à un pays vieillissant. Ceux récupérés par les entreprises chinoises sont immédiatement accaparés par la Banque centrale qui en détient désormais plus de 2 200 milliards.
Pour Obama et son équipe, là réside l’angoisse. Pour l’instant, la Banque de Pékin achète la dette publique américaine, ce qui ravit Washington. Le Trésor public américain n’a pas besoin des Chinois pour se procurer des dollars. Sa banque centrale se veut toujours prête, en toute indépendance (sic) à satisfaire le pouvoir politique. En revanche, les Chinois ont besoin de trouver un emploi à leurs dollars et la dette publique américaine leur tend les bras. Mais peu rémunérée…Et c’est là que le bât blesse…
Supposons qu’il vienne à l’idée des autorités de Pékin d’utiliser intelligemment leur magot, c’est-à-dire en faisant leur marché dans l’économie américaine par le biais d’un fonds souverain structuré et efficace. Et que je te rachète Microsoft, et que je t’achève General Motors. Bref, le cauchemar : la Chine deviendrait propriétaire des Etats-Unis…
Obama est donc allé faire ami-ami avec le fonds souverain potentiel de Pékin. Les Chinois ne sont pas très exigeants : ce qu’ils veulent, c’est vendre, moins pour s’enrichir que pour occuper une population industrielle qui augmente chaque année de 12 millions d’individus. Alors ils hurlent dès qu’ils voient du protectionnisme ou toute entrave possible à leur commerce. Ils l’ont dit à Obama. Et ne demandent qu’une chose : que les Américains consomment. Et cela, ils savent faire.
Vous écrivez que "Certes, si on fait un bilan du XXe siècle, la Chine s’est payé les deux calamités [qui] ont empêché certains pays de se développer : le colonialisme et le communisme."
Peut-être, mais il me semble surtout que la Chine a bénéficié des transferts de capacité de production qui lui donnent (donnaient ?) sa croissance, et qui lui ont permis d’installer moultes usines et entreprises.
En réalité, la croissance qu’elle a fait est celle que nous ne faisions plus.
Se féliciter de la croissance chinoise n’était qu’un moyen d’esquiver la question du transfert. Aujourd’hui que la demande des occidentaux est en chute, ils se retrouvent avec des usines, des dollars mais beaucoup moins de clients…
La tentation sera probablement de baisser les prix encore plus, avec tous les risques qui sont liés à ce délire : problèmes de conditions de travail et de salaires, d’environnement, etc.