En période faste, je dépense les fruits de la croissance car les Français le méritent ; en période de récession, je dépense pour soutenir l’activité car les Français sont inquiets. Et après ?
C’est le dernier sujet à la mode à Paris : l’Allemand travaille trop ! Il épargne, se lève tôt le matin, construit des voitures qui se vendent et ne se rend pas assez en vacances en Grèce, si bien que ce pays est au bord de la faillite. Exposé par madame Lagarde dans le Financial Times, vecteur traditionnel de la pensée américaine en Europe, ce point de vue a évidemment fait un tabac à Berlin. Angela n’en est pas revenue et a fait, en réponse, un discours diplomatiquement impeccable au Bundestag mais d’une violence anti-française digne de la dépêche d’Ems avec laquelle Bismarck déclencha la guerre franco-allemande de 1870.
Sarkozy en est très déçu. Il est incompris. Sauf qu’il serait temps de se demander si la politique économique « chiraquienne » qu’il mène depuis 2007 – en période faste, je dépense les fruits de la croissance car les Français le méritent, en période de récession, je dépense pour soutenir l’activité car les Français sont inquiets – est vraiment efficace.
Le tour de passe-passe de la relance, qui consiste à dire que l’on est riche de ce l’on dépense et non pas que l’on dépense quand on est riche, est à la fois insupportable pour les Allemands et en train de plomber durablement l’économie française.
Les taux d’intérêt sur la dette française se tendent. Et pour en rajouter une louche, on a nommé un chiraquien au budget. Comme symbole de l’esprit de rigueur retrouvé, c’est plutôt limite. Même en Grèce, on aurait évité une telle provocation vis-à-vis de la brave chancelière. L’Allemagne paiera, qu’ils disaient.