De plus en plus de responsables sont désormais partisans d’enterrer purement et simplement la taxe carbone et de procéder à une augmentation de la TIPP
Dans les couloirs de Bercy comme à Matignon, tout le monde prend des airs entendus : l’annulation de la taxe carbone par le conseil constitutionnel était inévitable…
Ce genre de discours agace les conseillers de l’Elysée qui clament que puisque ce qu’’il fallait faire était évident, il ne reste plus au gouvernement qu’à agir. Sarkozy se désintéresse franchement du dossier et veut simplement trouver une issue rapide.
De plus en plus de responsables sont désormais partisans, eu égard au résultat lamentable de Copenhague, d’enterrer purement et simplement la taxe carbone et de procéder à une augmentation de la TIPP. Cela pourrait passer d’autant plus facilement que le prix du pétrole est de nouveau sur une pente ascendante si bien que les hausses à la pompe seront facilement attribuables à l’évolution de ces cours. Les 80$ ont été dépassés alors que l’hiver rigoureux que nous connaissons n’a pas entraîné une surconsommation suffisamment nette pour justifier cette nouvelle hausse.
En fait, malgré le ralentissement économique, les injections à répétitions de liquidité sont en train de dégénérer en hausse du prix des matières premières. Ce fut en 2009 les matières agricoles comme le thé ou le café, c’est comme souvent le cas, le tour du pétrole.
Comme la population s’attend à une hausse de l’essence et que le désintérêt pour le réchauffement climatique est de plus en plus manifeste alors que le pays est sous la neige, tout le monde semble disposer à tourner la page de la taxe carbone.
La seule chose qui maintient en vie le projet est la volonté purement politique de Sarkozy d’en découdre avec Jean-Louis Debré. Il faut donc préparer une nouvelle mouture du texte, limitant néanmoins le rendement de la taxe à 4 ou 5 milliards, et la messe sera dite.
Le déficit budgétaire ayant atteint 145 milliards d’euros en 2009, la taxe n’est même pas une recette à la hauteur des problèmes. Une des façons élégantes d’en sortir à plus long terme est de compléter le nouvel impôt croupion par un appel à une fiscalité écologique européenne.
Paris a demandé à la présidence espagnole de réunir un groupe de travail sur le sujet. Madrid a compris le message cinq sur cinq et compte faire en sorte que rien ne se passe. D’autant que les Espagnols, montrés du doigt pour la dérive de leurs comptes publics, voudraient aborder le problème fiscal sur un plan plus large dans le cadre d’une refonte des règles de gestion de la zone euro et d’une redéfinition du Pacte de Stabilité et de Croissance.