Le gouverneur de la Banque de Chine laisse entendre à mots de moins en moins couverts que la Chine va augmenter ses taux.
C’est devenu un rite ; tout le monde vient à Pékin pour essayer de savoir ce que les Chinois comptent faire de leurs réserves de change. L’originalité pour la Commission et la BCE aura été que leur réception s’est faite à Nankin, la capitale du sud. Mais Barroso a clairement résumé la situation devant la presse : « les Chinois nous ont dit la même chose qu’aux Américains ». C’est-à-dire : rien.
En fait, les Chinois se moquent fondamentalement des soucis monétaires : leur objectif consiste à maintenir des débouchés pour leur industrie. Et le fait d’accumuler des dollars dans les caisses de leur banque centrale s’avère une simple conséquence de leur politique.
Le gouverneur de la Banque de Chine, Zhou Xiaochuan, a confirmé à Trichet, qui était du voyage ,que sa banque ne se précipiterait plus dans l’immédiat sur l’euro comme au printemps 2008, entraînant une montée rapide de son taux de change.
Zhou Xiaochuan se permet néanmoins des remarques sur la façon dont est géré le système monétaire international. Sur la politique monétaire, il a mis en doute l’idée que des taux d’intérêt faibles soient une bonne solution pour relancer la croissance. Cela perturbe selon lui le fonctionnement des banques et les pousse à prendre des risques inconsidérés. Il laisse entendre à mots de moins en moins couverts que la Chine va augmenter ses taux.
Une provocation à court terme vis-vis des Américains en faisant semblant de faire amis-amis avec les Européens. Avant de réfléchir à moyen terme à une vraie politique monétaire qui ne se limite pas à confisquer les dollars que récupèrent leurs entreprises en vendant sans limites des produits à bas prix. Les Européens commencent à se demander sur quoi cela va déboucher.
Trichet craint de voir la banque de Chine passer d’une passivité surprenante à un activisme brouillon. Il n’est peut-être pas si loin le temps où de nouveau, malgré ses promesses, elle va déverser des dollars sur le marché des changes pour se procurer des euros, au risque d’en accélérer encore la hausse.
Crainte d’autant plus forte, qu’à Berlin, on commence à se dire que remplacer le dollar et s’offrir le privilège de faire de sa monnaie la monnaie mondiale pourrait avoir des avantages. Si gaver la banque de Chine devenait la nouvelle ligne allemande, Trichet serait bien seul…