Les dirigeants européens s’en souviennent avec une certaine amertume ; lors du dernier G20 Obama avait été clair : rien ne doit remettre en question le rôle du dollar comme monnaie mondiale. Certes, que Sarkozy parle à chaque sommet international de monde multimonétaire ne perturbe guère les Américains. Néanmoins ce genre de propos les agace et il faut selon eux démontrer qu’aucune devise ne peut impunément paraître rivale du dollar. Les Européens avaient besoin d’une petite leçon. La spéculation s’est donc faite pédagogique.
Le Grec est évidemment plutôt dépensier mais pas plus que les autres. On l’accuse d’être menteur mais le Crétois traîne cette réputation depuis Socrate. En fait, José Luis Zapatero n’a pas hésité à le dire devant les cadres de son parti, le déchaînement sur la Grèce est un « complot », avec un objectif -humilier l’euro et la Banque centrale européenne- une stratégie -laisser les plus cupides organiser la spéculation- et des idiots utiles -les ineffables agences de notation ou le Financial Times, qui de l’Irak à Athènes, soutiennent sans faiblir à coup de fausses rumeurs les intérêts américains.
Maintenant que le cas grec est réglé, d’autant qu’Athènes place ses emprunts sans mal, bien qu’à taux élevé, le déchaînement spéculatif pourrait toucher l’Espagne, l’Italie et la France. Cette perspective avait déjà obligé Sarkozy à ramener le Grand emprunt de 100 à 35 milliards. Et voilà que Bercy clame que pour éviter la défiance des milieux financiers internationaux, il faudra surseoir à l’opération. Sarkozy n’en revient pas : Henri Guaino on lui avait dit que Keynes était le grand homme du moment ; voilà que ses élans keynésiens viennent d’être emportés dans une incompréhensible tourmente qui débouchera après les régionales, Bakchich vous l’annonce, sur un brutal plan de rigueur.
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