Dans quelques années, en attendant la mort, les vieillards vont travailler, tout en supportant leurs maux. Parce qu’en plus de réduire les droits à la retraite, le gouvernement s’emploie à réduire le droit à la santé. Pour le sociologue Frédéric Pierru, cette politique est le résultat de trente ans de réformes libérales, dont il fait le bilan dans son livre « Hippocrate malade de ses réformes » (Ed. du Croquant).
A côté du « trou » des caisses de retraites, il y a le non moins fameux « trou » de la Sécu. Le gouvernement français, quelque peu inspiré par la politique de monsieur Bush, s’emploie à casser le droit à la santé pour tous : instauration d’une franchise médicale à la charge des malades, fermeture prévue de 20% des hôpitaux existants ; sans oublier la tentative de Roseline Bachelot de charger l’addition en matière de lunettes de vue.
Dans son livre [1], Frédéric Pierru, un jeune chercheur de la très sélective université Paris-Dauphine, revient sur les réformes du système de santé qui « se multiplient tous les 18 mois, sauf les années d’élection ». Philippe Douste-Blazy, ministre de la santé en 2004, pouvait bien croire que sa réforme allait être la dernière.
Pour ce jeune sociologue, membre de l’association Raisons d’agir (fondée par Pierre Bourdieu), la focalisation des gouvernements successifs sur ce « trou » met à mal la principale conquête sociale du XXe siècle [2]. Il n’est plus aujourd’hui question d’augmenter les ressources de la Sécu dans le but de couvrir les besoins des malades. Depuis trente ans, c’est bel et bien une politique de la caisse vide qui s’est mise en place, comme pour les retraites.
Résultat, les gestionnaires diminuent les prestations, tandis que les inégalités devant la santé augmentent et que les conditions de travail dans le secteur se dégradent. Sauf pour les médecins libéraux, dont le pouvoir d’achat augmente, grâce au combat mené contre la sécu par leurs représentants les plus actifs.
Trente ans plus tard, le « trou » de la Sécu est toujours là, alimentant la dénonciation des « abus ». Une rengaine d’abord chantée en sourdine au sein de le CNPF (l’ancêtre du Medef) jusqu’au milieu des années 60, puis fortissimo par Jacques Barrot, à partir de 1979, les choeurs assurés par le PS dans les années 80 ; avant les feux d’artifices de 2004 et 2007.
Compte tenu de la concentration des dépenses de santé sur une fraction de la population (les plus âgés, les malades chroniques), la franchise de 100 euros par an va conduire rapidement les jeunes actifs à s’orienter vers les assurances privées (moins chères ou alors permettant une meilleure prise en charge des dépenses pour les yeux et les dents). Bien joué : son auteur, Xavier Bertrand, avant d’être le « ministre le plus à gauche du gouvernement » était l’un des dirigeants de la FFSA, le lobby des assureurs.
Les assureurs cherchent en effet à prendre pied sur ce marché qui leur échappe depuis 60 ans. Mais, attention, seules les petites infections, appelées petits risques, les intéressent. les maladies longues et coûteuses doivent rester dans le champ public comme aux Etats-Unis, le seul pays riche à ne pas avoir mis en place une assurance maladie universelle. Problème, la concurrence acharnée que se livrent les assureurs pour capter les cadres fait exploser la facture : les Etats-Unis consacrent chaque année 15% de leurs richesses à la santé, contre seulement 11% pour la France. Surtout, 42% des américains n’ont pas accès aux assurance privées. Peut mieux faire, non ?
Frédéric Pierru remarque que la Cour des Comptes et l’OCDE ont tiré la sonnette d’alarme au vu du bilan de la privatisation en cours. Des avertissements d’autant plus intéressants que l’OCDE en avait été l’un des principaux supporters. Bizarrement, les réformateurs restent sourds à ces alertes. Il est vrai que, une fois n’est pas coutume, ces rapports pessimistes ont été très peu médiatisés.
[1] « Hippocrate malade de ses réformes », Frédéric Pierru, Editions du Croquant, Paris, 2007
[2] Voir sur ce point « Les métamorphoses de la question sociale », Robert Castel, Folio, Paris, 1995
Il serait temps de se pencher sur les piliers de l’économie sociale "à la française", qui honoraient la solidarité de notre pays, et qui présentaient une alternative acceptable dans son esprit complémentaire et paritaire. Fantastiques outils partis à la dérive, dans un premier temps faute de professionnalisation, dans un deuxième victime de l’appétit de quelque goinfres. La santé est un marché très juteux dans ce secteur devenu hautement concurrentiel. S’il est vrai que la retraite se dirige vers de lourds déficits, la prévoyance est une poule aux oeufs d’or. Et dans le poulailler, beaucoup de renards ont élu domicile.
Au dessus de la mêlée, un organisme "d’audit et de contrôle" joue les chefs d’orchestre. L’Agirc Arrco. Là bas, aucune enquête possible. Car qui oserait contrôler l’organisme de contrôle ?
Bon, je vous le ressors encore : le message d’Iris. Ben oui je l’ai déjà mis dans "bakchich" mais pas dans la bonne rubrique…
"L’ASSURANCE MALADIE 50 secondes de lecture à couper le souffle
Pour combler le déficit de la sécu, nos chers gouvernants ont trouvé que le mieux, c’était encore de nous faire payer…
a.. Dorénavant, sur une consult ation médicale, nous allons devoir verser 1 euro,
b.. Nous allons être hyper contrôlés lors de nos arrêts maladie,
c.. Nous allons devoir consulter un généraliste avant de voir un spécialiste,
d.. Pour tout traitement de plus de 91 euro, nous en serons de 18 euro de notre poche,
Toutes ces mesures sont destinées à combler le fameux trou qui est à ce jour de 11 milliards.
Or, savez-vous que :
a.. Une partie des taxes sur le tabac, destinée à la Sécu n’est pas reversée……………………………….. 7.8 milliards
b.. Une partie des taxes sur l’alcool, destinée à la Sécu n’est pas reversée………………………………… 3.5 milliards
c.. Une partie des primes d’assurances automobiles destinée à la Sécu n’est pas reversée……………. 1.6 milliards
d.. La taxe sur les industries polluantes destinée à la Sécu n’est pas reversée…………………………….. 1.2 milliards
e.. La part de TVA destinée à la Sécu n’est pas reversée……………………………………………………… 2.0 milliards
f.. Retard de paiement à la Sécu pour les contrats aidés……………………………………………………….. 2.1 milliards
g.. Retard de paiement par les entreprises………. …………………………………………….. 1.9 milliards
En faisant une bête addition, on arrive au chiffre de 20 milliards d’euro.
Conclusion, si les responsables de la Sécu et nos gouvernants avaient fait leur boulot efficacement et surtout honnêtement, les prétendus 11 milliards de trou seraient aujourd’hui 9 milliards d’excédent.
Ces chiffres sont issus du rapport des comptes de la Sécu.
Faites circuler ce message. A force de tourner, il arrivera peut-être un jour sur le bureau d’une tête pensante censée passer son temps à gérer l’argent des contribuables.
Si les pouvoirs publics étaient vraiment convaincus qu’il nous faut consommer 5 fruits et légumes par jour pour sauver notre santé et donc l’assurance maladie, ils supprimeraient la TVA sur ces produits !
Cher Alcibiade,
1- le livre interroge la prise de pouvoir du discours économique sur la société. On peut en effet s’interroger sur la mise en avant de cette discipline parmi toutes les sciences sociales ? De nombreux sociologues ont montré que le champ de leurs études était plus large que celui de l’économie : Maurice Halbwachs, François Simiand, Pierre Bourdieu…
2- sur le libéralisme, plutôt que de demander la définition au maire de Paris, je vous conseille de lire le livre de F.Pierru. Vous découvrirez que dans le système de santé le plus libéral du monde, le système américain, plus de 42% de la population (plus de 100 millions de personnes) dispose d’une pauvre couverture maladie prise en charge par le public. Les assureurs privés ne voulant pas de leur souscription. Toujours la même histoire : dépenses publiques, profits privés.
Je vous donne quitus : je suis terriblement partial… mais seulement après avoir mené mon enquête.
C’est un vieux truc, lorsque vous prenez le partis des dominants vous êtes objectifs. Si par malheur après enquête vous montrez ce que risque de perdre la quasi-totalité de la population, vous êtes partial.
Je vous redonne donc quitus : vous êtes l’objectivité même. Votre discours reprend les antiennes des assureurs qui ciblent les jeunes, les couples sans enfants désireux d’avoir de meilleurs remboursements sur les soins dentaires, etc.
Passons sur les 300 $ qui mériteraient d’être sourcés et sur votre saillie contre la SNCF : vous êtes l’objectivité personnifiée.
Je crois que vous n’avez jamais fait de devis auprès d’assureurs privés : c’est de l’ordre de 1800€/an en Angleterre pour une assurance proposant de meilleurs remboursement que la sécu francaise. Je peux facilement retrouver ma source (mais il est un peu tard ^^) puisque je suis moi même allé voir
A comparer d’un SMICard francais qui cotise entre 250 et 400€ par mois pour l’assurance maladie -et oui, ne pas oublier les charges patronales-… Et je n’ose même pas sortir les chiffres pour un cadre.
Sans oublier que notre système encourage l’irresponsabilité des cotisants : imaginons un supermarché où tout est en apparence gratuit. Pourquoi je prendrais les gateaux les moins cher quand je peux prendre ceux de marque aux frais des autres ?
nous sommes parmis les plus gros consommateurs de psychotropes
un seul médicament acheté sur 10 est générique (contre 1 sur 2 en Allemagne…)
etc : la liste est longue.
La sécu est malade, oui : elle est malade d’irresponsabilité et d’absence de liberté (les deux étant lié)
En poussant les uns à payer les risques pris par les autres (ex : les fumeurs), elle attise la jalousie et dicte ainsi son ordre morale sur ce que doit être la bonne santé, comment on doit mener sa vie.
PS : pitié, arretez de sortir l’argument des américains qui ne peuvent pas avoir de sécu : la plupart d’entre eux font le choix -et doivent en assumer les conséquences- de ne pas en prendre.
ps 2 : pitié, arrétez de sortir l’argument des américains qui dépensent plus que les Francais niveau santé afin de démontrer qu’un système privé coute plus cher. On dépense tout simplement plus en santé quand on en es riche, cf la Suisse. Mais d’expérience, la facturation d’une opération ou autre aux Etats Unis est inférieur à une intervention en France. En France, les frais sont masqués car nous payons via l’impot.
ps3 : excusez mon ortographe, ce n’est par manque de respect.