En rupture avec l’organisation patronale, qu’il représentait au sein de différents organismes paritaires, il livre une analyse radicale de la pensée unique au Medef.
Depuis que vous avez claqué la porte du Medef, la FFSA (Fédération française des sociétés d’assurance) où vous conserviez un mandat a lancé une procédure disciplinaire contre vous. Où en êtes-vous ?
Je suis convoqué mardi prochain dans le cadre de cette procédure disciplinaire mais je tiens à préciser que j’ai appris tout cela par la presse. C’est d’autant plus surprenant que j’avais prévenu les dirigeants de la FFSA de mes désaccords moraux avec le Medef dès la mi-décembre et que ceux-ci m’avaient alors demandé de rester. J’ai aussi depuis reçu beaucoup de soutiens, au sein du patronat, de personnes qui saluent ma démarche.
Quel est le sens de votre rupture avec l’appareil patronal ?
Je crois que la crise de 2008 a ouvert un droit d’inventaire. Je suis d’une génération qui a toujours connu la crise (ndlr : Eric Verhaeghe a 42 ans) et, après l’effondrement du mur de Berlin, l’économie de marché comme horizon indépassable. Nous pensions qu’en assurant le développement de cette économie de marché, on assurerait une prospérité générale avec le mythe d’un retour aux trente glorieuses. Après la décennie des années 90, marquée par les allègements de charge et l’abaissement du coût du travail, celle des années 2000 marquée par une modération salariale, on a finalement abouti à la crise financière de 2008 qui est une crise systémique, totalement imputable à la cupidité de la sphère financière.
Dans votre livre vous semblez découvrir des réalités économiques qui ne datent pourtant pas d’hier : que la croissance n’a jamais réduit les inégalités sociales, qu’il existe des liens incestueux entre l’État et les grandes entreprises…On n’apprend pas ça à l’ENA ?
Mon livre ne prétend pas révolutionner l’analyse économique. Le constat que je fais, tout le monde peut le faire aujourd’hui. Je me fonde sur des données issues de rapports officiels, accessibles à tous. La vraie question est surtout : comment est-on parvenu à créer du consentement à un système qui n’a aucun fondement économique ? Comment on arrive à convaincre les gens de la nécessité de baisser le coût du travail ? Il faudrait sur ce point revenir à l’analyse de Chomsky de la fabrique du consentement. La crise nous a appris une chose : le roi est nu. Le monde n’est pas tel qu’on nous le décrit.
Pour ce qui concerne l’ENA… Tout le monde sait qu’elle est une école de la pensée unique. Je me souviens d’un camarade durablement stigmatisé parce qu’il avait osé demandé s’il était possible de défendre un euro faible.
La crise de 2008 signe l’échec du pari rawlsien - selon lequel un système aristocratique est favorable, in fine, à l’ensemble de la société. Cette crise a aussi montré que notre système n’est plus capable de se pérenniser autrement que par la dette. Mais la facture va tôt ou tard nous être présentée. Il faudra alors qu’on ait des explications et notamment la liste de tous ceux qui ont tiré parti de cet endettement qui est peu ou prou celle des bénéficiaires du bouclier fiscal.
Pensez-vous vous engager politiquement ?
Je ne suis pas un homme de parti. L’offre politique d’aujourd’hui ne correspond pas, selon moi, aux questions de notre temps.
C’est quoi la différence entre un repenti et un traitre ?
Un repenti est un traitre au camp qui pense mal.
Exemple, Verhaeghe est un repenti.
Un traitre est un repenti du camp qui pense bien.
Exemple, Eric Besson est un traitre.
Tout est question de point de vue … comme souvent.
Tout le monde le sait, commentateurs media compris.
personne ne le dit, par risque de mise à l’écart du petit confort microcosme-ique (les micro-comiques ? on les dé-Porte :))
La France manque d’élites "sévèrement burnées" [©Les Guignols]… et certains hebdo décapants doivent fermer, au contraire d’autres "subversif-subventionnés".
"le premier qui diiiiiit la vérité, il doit être exéééééécuté" ©Guy Béart
enfin quelqu’un qui ose.
souhaitons que son immolation littéraire publique fasse avancer les choses.
je n’en suis hélas pas persuadé.
Saint Pognon, quand tu nous tiens…
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