Soit les "économistes" sont des imposteurs dangereux, soit ils ont été complices, en taisant les menaces, de ce désastre qui devient, tout à coup, "la faute de l’Irlande".
V’là l’Irlande qui plonge. Il paraît qu’elle a creusé sa tombe « grâce » au savoir-faire incomparable de ses banques : tenez-vous bien, elles investissaient dans l’immobilier et recrutaient leurs dirigeants dans la gentry locale au lieu d’embaucher des pros. Bref, comme en Espagne, les banques ont filé à des smicards des emprunts à 100 % du bien acheté, sur cinquante ans – du déjà-vu. Comme en France, leurs conseils d’administration puent les rallyes à courre de Sologne – encore du déjà-vu. Et ainsi de suite…
Mais de cela, qui en parlait hier ? Vous avez oublié la célébration lyrique du « miracle irlandais » par les Madelin, Novelli, Raffarin et même Sarkozy, qui préparait à l’époque son CAP de libéralisme avancé ? Dans la presse spécialisée, pas un mot de désapprobation sur ces audaces bancaires, pas une mise en garde contre une bulle immobilière gratinée, rien que des éloges pour avoir fait un dumping fiscal putassier et libéré la créativité de petits cons cyniques avec de belles bretelles et un ordinateur tout neuf !
Aujourd’hui, même le Monde flingue pleine page tout ce bouzin irlandais en sous-titrant « Clientélisme, renvoi d’ascenseur et magouilles ». On se croirait à Neuilly…
De deux choses l’une : ou les « économistes » sont des imposteurs dangereux, ou bien ils ont été complices, en taisant les menaces, de ce désastre qui devient, tout à coup, « la faute de l’Irlande », et pas celle de la bande d’escrocs, banquiers ou politiques qui ont coulé le bateau. Un silence qui, aujourd’hui, leur permet d’être enrichis, anonymes et nullement inquiétés.
En tout cas, l’Irlande ne périt pas d’avoir eu trop de fonctionnaires. En France, 10 % de la population possède 50 % du patrimoine et 80 % de ses revenus. De plus, une bulle immobilière énorme grandit à Paris. Le concours de silence est ouvert sur ces dossiers. À vos plumes !
"De deux choses l’une : ou les « économistes » sont des imposteurs dangereux, ou bien ils ont été complices, en taisant les menaces, de ce désastre"
Dans leur grande majorité, les économistes sont de dangereux imposteurs qui s’ignorent. L’économie n’est pas une science, mais une religion qui s’habille de maths pour ressembler à une science. Il suffit de voir ce qu’en disent les vrais mathématiciens pour s’en rendre compte (cf le regretté mandelbrot). Il existe malgré tout des économistes conscients de cette supercherie, ils sont minoritaires et se divisent en deux groupes : les économistes hétérodoxes (du genre Lordon) qui réfléchissent et essaient de remettre la théorie dans les rails de a réalité, et les petits profiteurs qui comprennent très bien les conséquences de leurs actes mais qui fermement leur gueule pour se payer leur yacht sur le port de Nice. De toute façon, ceux-la sont assurés qu’on ne viendra pas leur demander de compte … leur pote Sarkozy leur a même déployé un parapluie : le bouclier fiscal.
Le jour où les crétins qui nous gouvernent comprendront que l’économie n’est pas un ensemble d’équations mathématiques inéluctables, mais la conséquence et de choix de société politiques et humains, on pourra peut-être faire un pas hors du paradigme du dieu économie : ce n’est pas l’économie qui crée la société, mais la société qui crée l’économie.