Un projet innovant : des mannequins informatisés pour les carabins. Le professeur Urba Neal est très en colère.
Mon pauvre monsieur, comment va-t-on se soigner quand on sera vieux ? Il faut dire que tout est fait pour que notre médecine, jadis la meilleure du monde (classement de l’organisation mondiale de la santé, qui avait bien fait grincer les dents), rentre dans le peloton de queue.
Trouver un médecin est devenu une gageure, chacun le sait désormais. La seule spécialité excédentaire aujourd’hui est… la chirurgie cardiaque ! Pour tout le reste, y compris et surtout la médecine générale, c’est la dèche. Avec un numerus clausus toujours ridiculement bas, ce qui pousse certains de nos jeunes et brillants recalés à apprendre le roumain pour étudier, moyennant finances dans les Carpates, avant de revenir s’installer dans le désert médical français.
La tarification à l’acte imposée par les hôpitaux a désormais transformé nos petits dictateurs, pardon directeurs d’hôpitaux, en escrocs officiels : comment escroquer au max la Sécu, pour « équilibrer le budget » ? La réponse est simple : suivre la recette du privé, c’est-à-dire favoriser au max les actes bien remboursés, au détriment des autres : inflation d’endoscopie inutiles, scanner et IRM pour tout le monde, matin midi et soir ! Et voilà que dans nos glorieux CHU, 80% de l’imagerie (radio, scanner IRM) est inutile, selon les radiologues eux-mêmes. Vous avez bien lu : « inutiles ».
Et l’on s’attaque maintenant à la formation de nos chers étudiants. Pour faire moderne on va supprimer les dissections. C’est vrai, ça fait vieux jeu. Ça sert à rien quand on veut être médecin d’apprendre où est la vésicule biliaire. Ça sert à rien aux chirurgiens d’apprendre à mettre une prothèse de hanche sur un cadavre, mieux vaut faire l’essai directement sur le vivant ! On n’est pas du temps de Vésale, à déterrer les cadavres pour en faire des cobayes !
Et voilà, enfin, un projet innovant : on va maintenant apprendre à examiner les malades sur des mannequins informatisés, l’anatomie sur des poupées gonflables. C’est plus propre qu’examiner un vrai malade, ou que de disséquer un vrai cadavre. Vous avez l’impression que c’est une blague : non, c’est l’idée lumineuse du doyen Berche de la faculté Paris 5. Spécialiste des petites bêtes (la microbiologie), il ne cache à personne son dégout pour les dissections : " Quand j’étais étudiant, raconte t-il à l’envi, je devais disséquer une jambe, coup de chance pour moi, le cadavre dont j’ai hérité était cul de jatte !"
Le doyen a donc accueilli avec enthousiasme le projet du professeur d’anesthésie Alexandre Mignon (fils de professeur et de professeuse, dans la plus pure tradition hexagonale) qui lui a proposé de déloger les cadavres de la faculté de médecine des Saints-Pères, à Paris, pour y mettre ses poupées à air comprimé. Evidemment c’est américain, et ça coute un max (40 000 euros pièce). Mais c’est pas grave : Sarkozy, qui sait de quel côté votent les universitaires de la médecine, vient justement de lâcher un paquet de fric, le « Grand Emprunt Universitaire ». On le remboursera en même temps que les banques !
En conséquence, chers lecteurs, vous avez compris : on va supprimer les dissections aux étudiants en médecine parisiens, et balancer directement au crématoire les 800 cadavres qui arrivent généreusement chaque année au service du don du corps du laboratoire d’anatomie de la dite faculté des Saints Pères à Paris, le plus grand centre d’anatomie pratique d’Europe.
Ah oui, j’oubliais un détail, le Pr Mignon est le frère d’Emmanuelle Mignon, ex-conseillère de Sarkozy !
Professeur Urba Neal
Pourquoi ne suis-je pas étonnée ? C’est une idée à creuser. Pourquoi ne pas utiliser ces poupées pour faire le diagnostic ? Pas de temps perdu à se déshabiller ; il suffit que le patient montre l’endroit de son mal. - coimme, il me semble, cela se faisait autrefois en Chine pour les femmes -
PS et HORS-SUJET : Bakchich ne me reconnait pas comme une abonnée, alors que j’ai renouvelé mon abonnement en novembre. J’en suis désespérée, 2011 commence vraiment mal pour moi.