Le président du pouvoir d’achat l’avait promis, c’est aujourd’hui chose faite : pas de coup de pouce pour les smicards. Mais une hausse a minima de 1,3%.
Le 1er juillet aura lieu la traditionnelle revalorisation du SMIC. Traditionnelle sera désormais un bien grand mot car, à compter de 2010, le SMIC ne sera plus modifié deux fois par an mais une seule fois, au 1er janvier.
Son évolution repose sur une formule mathématique assez simple combinant évolution des prix et évolution moyenne des salaires - le salaire dit ouvrier, pas celui des dirigeants de banques… ! Résultat du calcul, la hausse sera de 1,3% en juillet. Soit moins de 20 € par mois.
Pas de quoi relancer la consommation, hurlent les keynésiens de la place.
Mais sans que cela n’émeuve vraiment. Le SMIC mensuel va être porté à 1.337,70 € en brut (contre 1.321,02 €) et les revendications syndicales sont tellement éloignées de ce montant que personne ne fait semblant de s’y intéresser. Pour la forme, Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a rappelé que son syndicat réclamait un SMIC à 1.600 € par mois. Pour la forme, car le leader syndical se souvient que lors du sommet social de février, supposé préparer les mesures sur la répartition des revenus et la mise en application de la désormais célèbre règle des « trois tiers », Nicolas Sarkozy avait déclaré de façon claire et nette « Nous ne nous en sortirons pas en augmentant massivement le SMIC ». « Travailler plus pour gagner plus » est toujours à l’ordre du jour, même si cela occupe moins le discours présidentiel. Certains dans son entourage n’hésitent pas à dire que dans la conjoncture actuelle, on en serait plutôt au « chercher du travail pour gagner quelque chose, aussi peu que ce se soit »… !
En faisant voter la nouvelle disposition, qui ramène la périodicité des révisions du SMIC de six mois à un an, Sarkozy a d’ailleurs bien indiqué qu’il ne considérait plus le salaire minimum comme un outil social de référence. Même Martin Hirsch, recruté au gouvernement pour faire mine de s’intéresser aux pauvres, n’en parle pas et n’hésite pas à dire que les hausses massives des bas salaires conduiraient à une augmentation du chômage. A la surface de la planète, sur les trois milliards de salariés que compte le monde, 95% gagnent moins que le SMIC tout en se trouvant par le jeu de la mondialisation en concurrence directe avec les salariés français.
Pourtant, Sarkozy et Fillon ont préféré se défiler dans l’annonce de cette mesure. Le président de la République, qui est sur le pont dès le moindre événement de la vie nationale, a décidé de se faire discret sur le sujet. Le gauchissement de son discours a des limites et il préfère ne pas être en première ligne sur un domaine où il n’y a que des coups à prendre. En effet, les sondages d’opinion que les journaux économiques commandent régulièrement sur sa politique tendraient à prouver qu’il a toujours l’image d’un président proche des patrons et peu enclin à agir pour déduire les inégalités. Une hausse faible du SMIC ne peut que conforter cette impression et il vaut mieux laisser au patronat et aux économistes libéraux le soin de proclamer que toute augmentation du coût du travail conduit inexorablement à du chômage.
Une des conséquences de cette faible revalorisation sera que le nombre de salariés payés au SMIC va légèrement décroître. Sur 15 millions de salariés du secteur privé, on était monté dans les années 90 à 2,5 millions de smicards. On est aujourd’hui à 2,2 millions de smicards et le ministère du Travail estime que si l’on maintient les revalorisations au minimum légal on reviendra à deux millions en 2012.
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En Juillet 2009, combien faut-il d’euros à un jeune célibataire de 25 ans pour « renouveler sa force de travail », en mangeant « équilibré » et pas tous les jours la même chose, en vivant sous un toit et en se vêtissant proprement et en allant pas forcément à pied au boulot (à supposer qu’il en a un donc), sans faire la moindre folie (même pas une séance de cinéma par mois), mais en disposant au moins d’une radio, sinon d’une télé ?
Même question pour un couple sans enfant ?
Ca devrait être cela le référent de nos brillants économistes , non ?