Maxime Dumont, responsable de l’Union Fédérale Route à la CFDT, majoritaire avec un peu plus de 35% de la profession à l’échelle nationale, détaille le point de vue des routiers en grève.
Mardi matin, Maxime Dumont, responsable de l’Union Fédérale Route à la CFDT (majoritaire avec un peu plus de 35% de la profession à l’échelle nationale) nous a renseignés sur la mobilisation de ses « camarades du transport » avant de rejoindre le cortège des manifestations. Il s’exprime au nom d’un secteur sensible et rappelle, au passage, que : « 93 % de ce que l’on consomme quotidiennement est transporté par la route… ». Un bon indicateur de la température sociale…
La branche route a décidé de sortir de l’anonymat des cortèges et d’intensifier le mouvement comme leur a demandé François Chérèque. Lors du point presse, Maxime Dumont prévient d’emblée : « ce n’est pas une action catégorielle. Nous ne sommes pas là pour défendre les métiers de la route et nos conditions de travail. C’est une action solidaire pour les retraites. ». Il faut dire qu’un tiers des salariés du transport bénéficie du CFA (congé de fin d’activité) qui leur permet (pour l’instant) de partir à la retraite à 55 ans pour cause de pénibilité du travail… « Par contre, ils ont des enfants, précise le syndicaliste, donc on est tous dans la même galère et c’est l’ensemble des salariés qui sont concernés par ce mouvement citoyen… ».
Quand les syndicats routiers entrent dans la danse, leur pouvoir de “nuisance” est réel. Ainsi, en décembre dernier, l’appel à la mobilisation massive de la part des syndicats du transport routier avait permis à la profession d’obtenir une revalorisation salariale moyenne de 4 %… La « Route » a donc entamé son mouvement de protestation samedi dernier.
Lorsque Maxime Dumont évoque les actions du jour, il se félicite « du renforcement des équipes militantes sur cinq nouveaux points de blocage ». Outre les opérations escargots menées sur l’ensemble du territoire, ce sont près de 22 barrages qui ont été dénombrés mardi matin en France. « Hier sur les dix-sept points de blocage, explique le syndicaliste, quatre avaient été levés par les gendarmes mobiles et les CRS. Deux barrages ont repris 30’ plus tard…. ».
Enthousiaste, il déclare que ses équipes viennent d’être rejointes spontanément par des employés de bureaux, des garagistes, des boulangers… « On est comme tout le monde, on va perdre une semaine de travail, c’est énorme pour nous ; poursuit le représentant CFDT, mais les gens ont compris le message des routiers au sujet du refus d’une réforme qu’il qualifie d’“injuste et inéquitable”.
Il embraye à propos d’“une réforme qui n’était pas dans le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy” et ne comprend pas “l’urgence de cette réforme décrétée par le gouvernement au prétexte de la crise”. Et de s’interroger : “pourquoi les salariés paieraient deux fois la crise ?”.
Quant à la polémique à propos d’une « éventuelle » pénurie d’essence que le gouvernement peine à reconnaître, selon Maxime Dumont ; « c’est somme toute assez logique, cela rejoint les querelles absurdes au sujet du nombre de manifestants ». « Tout cela est ridicule, lâche-t-il, si vous prenez votre voiture et que vous cherchez à vous approvisionner, vous constaterez vous-mêmes qu’il y a bien plus que 2.000 pompes touchées sur les 12.000… De qui se moque-t-on ? Il faut arrêter de nous prendre pour des débiles profonds ». Le ministère de l’Ecologie a fini par reconnaître mardi soir que près de 4.000 stations -essence sur 12.500 sont « en attente d’approvisionnement »…
Pour l’anecdote, interrogé lundi par la BBC au sujet du pouvoir des routiers français lorsqu’ils se mettent en action, Maxime Dumont se dit étonné qu’on les considère comme des “héros” par les Anglais. En écho, il répond : “les héros, soit on les brûle soit on les retrouve dans les cimetières, moi j’ai envie de me préserver et de finir avec ma retraite”.
Bien conscients que, seuls, les routiers ne pourront pas faire bouger la ligne du gouvernement, le syndicaliste en appelle aux « 7 français sur 10 qui, un peu trop silencieux, doivent descendre dans la rue et dire ce qu’ils veulent ». Du côté de la CFDT : « On ne dit pas qu’il ne faut pas de réforme, on dit qu’on ne veut pas de celle-là. Un point c’est tout… ». L’occasion de souligner son appel intersyndical lancé, lundi, à la CGT, à FO et à la CFTC, invités à renforcer ses « copains » sur le terrain. « Dans le transport, on sait se tenir les coudes quand c’est l’intérêt général qui est enjeu… ».
Mardi soir, l’Union Fédérale Route CFDT nous informe que « les actions menées depuis dimanche soir pour combattre la réforme des retraites sont reconduites pour demain mercredi 20 octobre 2010 ». Le mouvement est planifié pour durer jusqu’au 21 octobre.
Maxime Dumont "gère" aussi bien le secteur des transports de marchandises que celui des voyageurs. Au total, ce sont près de 618.000 salariés qui sont représentés par la CFDT Route. Et depuis lundi, le secteur des transports de fonds est rentré dans le mouvement….
D’un point de vue éducatif, tout ça est formidable.
Les gens vont réaliser ce que sera leur vie dans quelques décennies lorsqu’il n’y aura plus de pétrole.
Contrairement à ce que pense tous les occidentaux et pas seulement les américains leur mode de vie est gravement négociable à moyen terme.