Après sa réunion avec les partenaires sociaux, Sarkozy s’est exprimé hier à la télé. Résultat : 2,6 milliards sur la table mais pas de changement de politique. Les syndicats, eux, restent sur leur faim.
En annonçant lors de sa précédente intervention à la télévision/radio, le 5 février, une rencontre avec les organisations syndicales et patronales, Nicolas Sarkozy avait suscité une attente qu’il a bien été en peine, hier, de satisfaire. Car sur le fond, le Président est décidé à ne rien lâcher. Les réformes (hôpital, universités, formation professionnelle…) seront maintenues, a mentionné le chef de l’État. Et le choix de la relance par l’investissement reste à ses yeux la seule solution pour faire face à la crise.
Pas de quoi rassasier les syndicats, d’autant plus que les choix du Président avaient été arrêtés avant même qu’il ne les rencontrent ! Ainsi, ce mercredi à 14h15, Claude Guéant réunissait-il les ministres du « G7 » - Nadine Morano, Xavier Darcos, Laurent Wauquiez, Luc Chatel, Éric Woerth, Brice Hortefeux et Xavier Bertrand ex-ministre à la tête de l’UMP - pour leur donner clé en main l’argumentaire à fournir après l’allocution élyséenne de Sarkozy. Histoire que chacun serve de porte-parole sur le terrain. Sept pour un seul homme : l’heure est vraiment grave ! Chacun d’entre eux a d’ailleurs pris consciencieusement des notes au cours de cette réunion précédant la table ronde programmée trois quart d’heure plus tard.
Face aux syndicats et entouré d’une partie de son gouvernement, Nicolas Sarkozy a ensuite livré ses propositions, qu’il avait travaillées avec son conseiller aux affaires sociales, Raymond Soubie, son bras droit, Claude Guéant, et son nouveau ministre du Travail Brice Hortefeux. Ainsi, Sarkozy a-t-il réaffirmé qu’il n’y aurait pas d’augmentation du SMIC, comme le réclamaient les syndicats, pour ne pas conduire « nombre de petites entreprises à licencier ».
L’argumentaire a dû plaire au Medef puisque c’est exactement celui que Laurence Parisot avait développé le matin même sur les ondes des radios. Si Nicolas Sarkozy n’a pas voulu céder aux demandes des syndicats et de l’opposition d’enclencher une relance par la consommation, il a néanmoins avancé une série de mesures destinées aux Français touchés par la crise. Et ce à hauteur de 2,6 milliards d’euros. Soit 1,2 milliard de plus que ce qu’il avait annoncé treize jours plus tôt. Le 5 févier, Nicolas Sarkozy avait avancé des propositions à hauteur des 1,4 milliards d’euros d’intérêts attendus des prêts de l’État aux banques.
La dégringolade de sa popularité - comme celle de son Premier ministre, François Fillon, jusque-là au zénith dans les sondages - a pu contribuer à cette rallonge de l’addition ! « Même si à l’Élysée », explique l’entourage du Président, « on ne fait pas attention aux sondages et on regarde devant ». Mais attention à la marche…
Il faut croire que le Président a quand même dû jeter un petit coup d’œil aux enquêtes d’opinion. Et qu’il a dû s’apercevoir que depuis quelques semaines, les classes moyennes lui faisaient de moins en moins confiance. Ces mêmes classes moyennes qui l’avaient porté au pouvoir en 2007 ! Ce mercredi 18 février, Nicolas Sarkozy a donc tout fait pour les séduire. « Mon seul devoir est de soutenir les classes moyennes », a-t-il lancé yeux fixes, face caméra.
En ces temps de crise, le chef de l’État a choisi de les chouchouter. Il a proposé, à leur intention, la suppression provisoire du deuxième tiers provisionnel de l’impôt, une meilleure indemnisation du chômage partiel à hauteur de 75% du salaire brut, l’augmentation de façon ciblée des allocations familiales et développement des « bons d’achat » pour les services à la personne. Premier réconfort pour le Président : pour l’instant, cet électorat ne s’est pas rabattu sur la gauche. Les mesures feront-elles effet ?
De même, Nicolas Sarkozy a martelé qu’il fallait « remettre la valeur travail au centre de l’économie » et « revaloriser » cette notion : « Je vous propose le seul chemin qui vaille : celui de l’effort ». Un discours censé faire plaisir à son électorat traditionnel, de quoi resserrer les rangs en ces temps difficiles. Car le Président sait qu’il joue dans cette crise son quinquennat. Même s’il est impossible de dire quand la France sortira la tête de l’eau, Sarkozy sait que ce jour-là, un bilan comptable sera fait de sa politique. Et il se peut que cela arrive d’ici 2012, date de la prochaine présidentielle…
Du côté des syndicats et de l’opposition, le compte n’y est pas. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a parlé de « mesurettes sociales ». Pour les leaders des cinq organisations invitées à l’Élysée, la somme de 2,6 milliards d’euros avancée reste en-deçà de leurs exigences. Car la crise nécessite un soutien massif de la consommation par la hausse des salaires, la suppression du paquet fiscal de l’été 2007 et le déblocage d’au moins 6 milliards d’euros, comme l’avait proposée la CFDT. De quoi les laisser sur leur faim ce mercredi soir.
Il aurait de toute façon été difficile pour les centrales de sortir de ce rendez-vous complètement béates… au risque de se désavouer. Depuis plusieurs jours, elles ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation le 19 mars, pour maintenir la pression sur l’exécutif. « Personne ne veut perdre la face », confie un proche de Nicolas Sarkozy, « c’est le jeu ». CQFD.
En attendant, c’est à l’échelle européenne que le chef de l’État pourrait perdre la face. Avant même l’annonce de son dispositif, le gouvernement avait averti que le déficit public (État, collectivités locales et comptes sociaux) dépasserait « forcément 4,4% du produit intérieur brut » cette année. La Commission européenne, elle, est nettement plus pessimiste : elle s’attend à un déficit public pour la France de 5,4% en 2009 et de 5% en 2010. Elle a d’ores et déjà enclenché ce 18 février une procédure pour déficits excessifs contre Paris - aux côtés de cinq autres pays européens - pour le dérapage de leurs comptes publics au-delà de la limite de 3% du PIB tolérée par le Pacte de stabilité européen.
De quoi crisper un peu plus Sarkozy, dont le visage était très tendu, au cours de son allocution. Pour clore sa journée avant de réembrayer ce jeudi avec le dossier de l’Outre-Mer et une intervention sur RFO, le Président s’est attribué quelques heures de détente : son fils Louis était à ses côtés hier soir. Mais les vacances, c’est pour le petit…
À Lire ou relire dans Bakchich :
Il est bien évident que si le Bristol est le café bar sandwich de Nicolas, qui pour 300€, peut prendre une légère collation, qu’es-ce que je puis faire avec mon salaire de misère ! Alors qu’avec 300€ je mange pendant QUINZE Jours !…..
Cherchez l’erreur ! Sarkozy "a la lanterne" !
« Convocation des États Généraux »… Ouille !.. la situation est donc bien grave !
Outre Mer seulement … Pourquoi pas aussi en Métropole ?
Louis XVI déjà… (‘paix à son âme’…) avait convoqué les « États Généraux »… juste avant la… 1ère.… Révolution française !
Les « privilégiés de l’époque »… noblesse et clergé… ont fait capoter ces « États Généraux »… et ç’a été la fin du régime !
Les « privilégiés de nos jours »… Fonctionnaires et Élus… vont-ils accepter « l’ABROGATION de leurs PRIVILÈGES » ?
Ces « États Généraux »… certes limités à l’Outre-mer… annoncent-ils la fin du socialogaullisme… la fin du « régime totalitaire de la Vème » ?..
Lueurs d’espoir !