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Sarkozy joue à l’Euromillion

Du fric ! / jeudi 19 février 2009 par Marion Mourgue
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Après sa réunion avec les partenaires sociaux, Sarkozy s’est exprimé hier à la télé. Résultat : 2,6 milliards sur la table mais pas de changement de politique. Les syndicats, eux, restent sur leur faim.

En annonçant lors de sa précédente intervention à la télévision/radio, le 5 février, une rencontre avec les organisations syndicales et patronales, Nicolas Sarkozy avait suscité une attente qu’il a bien été en peine, hier, de satisfaire. Car sur le fond, le Président est décidé à ne rien lâcher. Les réformes (hôpital, universités, formation professionnelle…) seront maintenues, a mentionné le chef de l’État. Et le choix de la relance par l’investissement reste à ses yeux la seule solution pour faire face à la crise.

Pas de quoi rassasier les syndicats, d’autant plus que les choix du Président avaient été arrêtés avant même qu’il ne les rencontrent ! Ainsi, ce mercredi à 14h15, Claude Guéant réunissait-il les ministres du « G7 » - Nadine Morano, Xavier Darcos, Laurent Wauquiez, Luc Chatel, Éric Woerth, Brice Hortefeux et Xavier Bertrand ex-ministre à la tête de l’UMP - pour leur donner clé en main l’argumentaire à fournir après l’allocution élyséenne de Sarkozy. Histoire que chacun serve de porte-parole sur le terrain. Sept pour un seul homme : l’heure est vraiment grave ! Chacun d’entre eux a d’ailleurs pris consciencieusement des notes au cours de cette réunion précédant la table ronde programmée trois quart d’heure plus tard.

Des milliards ! Des milliards !

Face aux syndicats et entouré d’une partie de son gouvernement, Nicolas Sarkozy a ensuite livré ses propositions, qu’il avait travaillées avec son conseiller aux affaires sociales, Raymond Soubie, son bras droit, Claude Guéant, et son nouveau ministre du Travail Brice Hortefeux. Ainsi, Sarkozy a-t-il réaffirmé qu’il n’y aurait pas d’augmentation du SMIC, comme le réclamaient les syndicats, pour ne pas conduire « nombre de petites entreprises à licencier ».

Sarko joue encore au Père Noël - JPG - 23 ko
Sarko joue encore au Père Noël
© Kerleroux

L’argumentaire a dû plaire au Medef puisque c’est exactement celui que Laurence Parisot avait développé le matin même sur les ondes des radios. Si Nicolas Sarkozy n’a pas voulu céder aux demandes des syndicats et de l’opposition d’enclencher une relance par la consommation, il a néanmoins avancé une série de mesures destinées aux Français touchés par la crise. Et ce à hauteur de 2,6 milliards d’euros. Soit 1,2 milliard de plus que ce qu’il avait annoncé treize jours plus tôt. Le 5 févier, Nicolas Sarkozy avait avancé des propositions à hauteur des 1,4 milliards d’euros d’intérêts attendus des prêts de l’État aux banques.

La dégringolade de sa popularité - comme celle de son Premier ministre, François Fillon, jusque-là au zénith dans les sondages - a pu contribuer à cette rallonge de l’addition ! « Même si à l’Élysée », explique l’entourage du Président, « on ne fait pas attention aux sondages et on regarde devant ». Mais attention à la marche…

Sarkozy fait les yeux doux aux classes moyennes

Il faut croire que le Président a quand même dû jeter un petit coup d’œil aux enquêtes d’opinion. Et qu’il a dû s’apercevoir que depuis quelques semaines, les classes moyennes lui faisaient de moins en moins confiance. Ces mêmes classes moyennes qui l’avaient porté au pouvoir en 2007 ! Ce mercredi 18 février, Nicolas Sarkozy a donc tout fait pour les séduire. « Mon seul devoir est de soutenir les classes moyennes », a-t-il lancé yeux fixes, face caméra.

En ces temps de crise, le chef de l’État a choisi de les chouchouter. Il a proposé, à leur intention, la suppression provisoire du deuxième tiers provisionnel de l’impôt, une meilleure indemnisation du chômage partiel à hauteur de 75% du salaire brut, l’augmentation de façon ciblée des allocations familiales et développement des « bons d’achat » pour les services à la personne. Premier réconfort pour le Président : pour l’instant, cet électorat ne s’est pas rabattu sur la gauche. Les mesures feront-elles effet ?

De même, Nicolas Sarkozy a martelé qu’il fallait « remettre la valeur travail au centre de l’économie » et « revaloriser » cette notion : « Je vous propose le seul chemin qui vaille : celui de l’effort ». Un discours censé faire plaisir à son électorat traditionnel, de quoi resserrer les rangs en ces temps difficiles. Car le Président sait qu’il joue dans cette crise son quinquennat. Même s’il est impossible de dire quand la France sortira la tête de l’eau, Sarkozy sait que ce jour-là, un bilan comptable sera fait de sa politique. Et il se peut que cela arrive d’ici 2012, date de la prochaine présidentielle…

« Personne ne veut perdre la face »

Du côté des syndicats et de l’opposition, le compte n’y est pas. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a parlé de « mesurettes sociales ». Pour les leaders des cinq organisations invitées à l’Élysée, la somme de 2,6 milliards d’euros avancée reste en-deçà de leurs exigences. Car la crise nécessite un soutien massif de la consommation par la hausse des salaires, la suppression du paquet fiscal de l’été 2007 et le déblocage d’au moins 6 milliards d’euros, comme l’avait proposée la CFDT. De quoi les laisser sur leur faim ce mercredi soir.

Il aurait de toute façon été difficile pour les centrales de sortir de ce rendez-vous complètement béates… au risque de se désavouer. Depuis plusieurs jours, elles ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation le 19 mars, pour maintenir la pression sur l’exécutif. « Personne ne veut perdre la face », confie un proche de Nicolas Sarkozy, « c’est le jeu ». CQFD.

La Commission européenne rappelle Paris à l’ordre

En attendant, c’est à l’échelle européenne que le chef de l’État pourrait perdre la face. Avant même l’annonce de son dispositif, le gouvernement avait averti que le déficit public (État, collectivités locales et comptes sociaux) dépasserait « forcément 4,4% du produit intérieur brut » cette année. La Commission européenne, elle, est nettement plus pessimiste : elle s’attend à un déficit public pour la France de 5,4% en 2009 et de 5% en 2010. Elle a d’ores et déjà enclenché ce 18 février une procédure pour déficits excessifs contre Paris - aux côtés de cinq autres pays européens - pour le dérapage de leurs comptes publics au-delà de la limite de 3% du PIB tolérée par le Pacte de stabilité européen.

De quoi crisper un peu plus Sarkozy, dont le visage était très tendu, au cours de son allocution. Pour clore sa journée avant de réembrayer ce jeudi avec le dossier de l’Outre-Mer et une intervention sur RFO, le Président s’est attribué quelques heures de détente : son fils Louis était à ses côtés hier soir. Mais les vacances, c’est pour le petit…

À Lire ou relire dans Bakchich :

Pé-da-go-gie ! C’est l’objectif de l’intervention de Nicolas Sarkozy, ce soir, en direct de l’Élysée. L’émission devrait garantir un bon score d’audience. Pas sûr pourtant qu’elle calme les ardeurs.
« Le retour de l’Etat » pour le « Parisien », « Face à la crise, Sarkozy brandit le bouclier de l’Etat » pour « les Echos ». Dans son discours de Toulon, le président s’est en effet montré volontariste. Sans faire d’annonces concrètes, Sarkozy s’est voulu (…)
Ce mercredi, Nicolas Sarkozy reçoit les partenaires sociaux à l’Elysée pour discuter des propositions mises sur la table le 5 février. Au menu : le pouvoir d’achat, l’emploi, le chômage…
Si le capitalisme triomphe, c’est grâce à une technique qu’il a mis au point au XIXe siècle, arnaquer l’Etat et ses contribuables. La méthode est défendue par les experts médiatisés, qui aident la crise financière à passer comme une lettre à la poste. (…)
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Face aux mauvais résultats du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde sont quelque peu piégés. Alors autant sortir les bonnes vieilles recettes : faire un coup de com’, au diable l’avarice (…)
Rien ne vaut une bonne cure d’austérité pour combler les déficits publics. Enfin, selon Bercy, qui en a fait son credo, et pour Sarko qui veut faire porter le chapeau à Fillon.

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15 MESSAGES
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Forum

  • Sarkozy joue à l’Euromillion
    le mardi 3 mars 2009 à 13:04, dremelli a dit :

    Il est bien évident que si le Bristol est le café bar sandwich de Nicolas, qui pour 300€, peut prendre une légère collation, qu’es-ce que je puis faire avec mon salaire de misère ! Alors qu’avec 300€ je mange pendant QUINZE Jours !…..

    Cherchez l’erreur ! Sarkozy "a la lanterne" !

  • Sarkozy joue à l’Euromillion
    le jeudi 26 février 2009 à 15:32

    On peut gouverner les citoyens lorsque que ceux-ci vivent matériellement et confortablement, en adoptant le contraire, en limitant leur pouvoir d’achat, c’est considérer possible toutes les aventures violentes…

    Allain

  • Sarkozy joue à l’Euromillion
    le vendredi 20 février 2009 à 10:23, GUY MOCQUET a dit :
    Que l’UMP et les socialos continuent à défendre le Clan Sarkozy…. nous, le peuple, suite à la convocation de ces fameux états généraux nous allons constituer des…. comités de salut publics pour règler une bonne fois pour toute les…. réels problèmes entre autres ceux liés la corruption active de nos fiers élus comme le dit plaisamment Bakchcich….. à la lanterne…
  • ÉTATS-GÉNÉRAUX… ouille !
    le jeudi 19 février 2009 à 20:01, PauLo a dit :

    « Convocation des États Généraux »… Ouille !.. la situation est donc bien grave !

    Outre Mer seulement … Pourquoi pas aussi en Métropole ?

    Louis XVI déjà… (‘paix à son âme’…) avait convoqué les « États Généraux »… juste avant la… 1ère.… Révolution française !

    Les « privilégiés de l’époque »… noblesse et clergé… ont fait capoter ces « États Généraux »… et ç’a été la fin du régime !

    Les « privilégiés de nos jours »… Fonctionnaires et Élus… vont-ils accepter « l’ABROGATION de leurs PRIVILÈGES » ?

    Ces « États Généraux »… certes limités à l’Outre-mer… annoncent-ils la fin du socialogaullisme… la fin du « régime totalitaire de la Vème » ?..

    Lueurs d’espoir !

  • ritournelle …
    le jeudi 19 février 2009 à 16:49, offtheroadagain a dit :
    Sous une multitude de mesures dont le financement ne peut se faire que par l’emprunt, ce qui aggravera une dette déjà insupportable, ou par un manque à gagner alors que les caisses sont vides, ce qui creuse encore le déficit, le chef de l’état n’a pas pu cacher son incapacité à améliorer le sort des Français qui se lèvent tôt. Malgré un ton dynamique à souhait, rien ou presque pour l’essentiel, le pouvoir d’achat des employés, ouvriers, retraités. Un long monologue qui martèle à l’envie qu’il ne changera pas de cap faisant passer cette faillite politique sous le signe du courage et de la détermination. Mais de quelle détermination s’agit-il ? Celle qui donne au MEDEF ce qu’il demande, pas d’augmentation du SMIG le jour même ou une banque la Société Générale, aidée par les contribuables, annonce des bénéfices pour 2008 et une augmentation de trente pour cent des dividendes pour ses actionnaires. Mais de qui se moque Monsieur Sarkozy, nous prend t-il vraiment pour des idiots à l’instar de Madame Parisot qui pleure pour ses chefs d’entreprises qui ne renoncent pas à leur retraite chapeau, bonus de sortie et autres. Monsieur le président c’est ce système qui est en cause, cette politique qui sert une économie du seul profit, pour enrichir toujours plus ceux qui ont déjà tant. Que je ne sache rien de nouveau, à propos des nouvelles règles à imposer à ces organismes financiers qui nous ont plongé dans la crise et qui se repaissent en dividendes avec l’argent du contribuable. Rien de nouveau sur le nouvel ordre économique mondial et les paradis fiscaux, sensé remettre un peu de justice et de morale dans le marigot des usuriers. Alors assez d’apparitions télévisées pour un discours, toujours le même, creux et vide de sens. La France en a assez, de cette politique au service des multinationales inféodées aux Etats Unis. Trop c’est trop, on vous la déjà dit monsieur le président, vous jouez avec le feu, comme en Guadeloupe, ou vous semblez avoir choisi le pourrissement en favorisant encore les profiteurs qui font valser les prix. Quel contrôle exerce l’état, concernant les grands distributeurs. Pourquoi dans un territoire sinistré, les prix des produits de première nécessité sont-ils si élevés pénalisant une population déjà déshéritée. Votre attitude qui frise le mépris et constamment critique malgré vos affirmations, ne fait qu’attiser le conflit, au lieu de calmer les esprits. Vous êtes le premier responsable de la dégradation de la cohésion sociale et du climat délétère, car plus vous parlez et plus la situation se dégrade. Il souffle vraiment un vent mauvais sur ce pays depuis votre arrivée aux affaires. Encore trois ans !! Mon dieu que c’est long.
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