Pinault, mort à Venise

A la tombola de la kermesse de Saint-Pierre-Montlimart, j’ai gagné un voyage. Je pouvais choisir entre Venise et Hagondange, j’ai tenté Venise. Et été bien puni. Une fois au bord du Grand Canal, d’une gondole l’autre, je me suis retrouvé dans les usines à pognons tendues-là, en embuscade, par notre cher François Pinault : la Dogana et le palais Grassi.

Coté rénovation, rien à redire, tout est parfait grâce à la fine truelle de l’architecte japonais Tadao Ando. C’est quand on se penche sur toutes les œuvres empilées contre ces si jolis murs que l’inquiétude gagne. Ne parlons pas de l’intérêt qu’il y a à exposer un paquet d’ampoules électriques exprimant « la douleur de la mort donnée par le sida ». Non, parlons politique et non braderie culturelle. Je vous le dis carrément, après cette visite chez Pinault (20 euros), je suis inquiet pour cet homme, ce mécène…

Voilà un garçon, ami de Chirac et supporteur de ce qu’il y a de plus réactionnaire en France, un type qui vire l’employé comme Véolia poubelle, et qui, cependant, abrite la lie de la terre, des quasi terroristes prêts à foutre en l’air notre belle société. Car, que disent les notices qui accompagnent les œuvres si généreusement abritées par Pinault ? Des saloperies. C’est un peintre qui empile des cannettes de bière, vides, « pour exprimer la douleur de la société américaine opprimée par le grand capital ». C’est un sculpteur qui érige une pompe à vélo dans un pot de confiture ce qui, en clair, veut dire que « la guerre conduite en Afghanistan est une horreur coloniale ». A tous les étals des boutiques Pinault c’est la même chanson : les artistes qui portent le maillot Pinault sont en guerre contre le fric, l’exploitation, le racisme, l’injustice, le chômage, les bas salaires, les soins de mauvaise qualité… En gros tout ce que Pinault encourage et représente.

Je dis donc attention. Si ça ce trouve ce Pinault est un Ben Laden, un faux cul qui se cache au Medef, mais qui est prêt à mettre par terre le magnifique temple, celui du libéralisme, qui est notre sweet home. Après avoir lu toutes les notices validées par ce François qui, visiblement n’est pas un saint, je me permets d’alerter nos amis policiers de la Direction Centrale du Renseignement et de l’Investigation. On trouve-là l’ancienne DST. Et quoi que de mieux que cette police anti subversion pour traquer le double visage de Pinault, l’ami du peuple qui veut que le monde change…

P.S. On me fait savoir que, dans sa chambre à coucher, François Pinault n’expose ni cannettes de Budweiser, ni guitare brisée ou panneaux grillagés siglé Cobra. Ses murs supportent plutôt des peintres académiques, manière de nous emmener en Watteau. Finalement, François a peut être fin i par rompre avec le Che et le Sous commandant Marcos. Bonne nouvelle pour la DST et le CAC, pour la retraite de Chirac auquel il manque un trimestre.

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