L’huile de palme, les plantations industrielles, l’orang-outan et la table du petit déjeuner.
Sans rire, tout se tient. Sur cette planète où l’industrie transnationale est désormais plus puissante que les États, tous les fils s’entrecroisent, tous les intérêts se rencontrent tôt ou tard, et la dévastation écologique en un point entraîne d’autres conséquences en un autre. Ou plusieurs autres.
Tel est le cas avec l’huile de palme. D’où vient cette merveille ? D’un palmier appelé « éléis de Guinée », originaire d’Afrique tropicale. Longtemps, les hommes se sont contentés d’ouvrir sa pulpe, très riche en huile, pour améliorer leur régime alimentaire. Et puis est venue l’industrie. Et puis le palmier a été acclimaté en Asie, en Indonésie notamment. D’immenses plantations industrielles ont vu le jour. Car l’huile de palme était devenue un produit d’exportation remplissant les poches d’innombrables mercantis.
Il est impossible de tirer ici le moindre bilan, mais sachez qu’il est apocalyptique. Les marchands ne cessent de détruire des forêts pluviales uniques au monde pour les remplacer par des palmiers, utilisant au passage 25 pesticides différents. Au bout d’une quinzaine d’années, les plantations ne sont plus assez rentables, car leurs sols ont perdu toute fertilité. Des animaux sublimes comme l’orang-outan voient leur habitat disparaître.
Dernière folie en date : l’huile de palme est une excellente matière première pour la fabrication de biocarburants. On la transforme aisément en combustible automobile, ce qui renforce évidemment ses attraits commerciaux.
Et puis ? And so what ? Eh bien, l’entreprise suédoise du surgelé, Findus – qui ne connaît ? –, vient de publier une étude sur l’huile de palme. Certes, cette dernière ne doit pas beaucoup nuire à son chiffre d’affaires, mais le rapport demeure intéressant. Selon Findus, donc, nous consommons massivement de l’huile de palme cachée dans une infinité de produits alimentaires. Cette huile, présentée sur les étiquettes comme « végétale », est bien moins chère que celle de colza, par exemple, mais elle est également fort dommageable pour notre santé. Car elle contient au moins 45% d’acides gras saturés, cofacteurs des maladies cardio-vasculaires et du mauvais cholestérol, contre 10% dans l’huile de colza.
Les gosses sont sans doute les plus touchés, car on trouve de l’huile de palme dans quantité de saloperies présentées comme des gâteaux, des friandises, des céréales du petit déjeuner « si bonnes pour la santé ».
Une solution ? La seule efficace consisterait à renverser la table. Puis affronter la bête. Tout indique qu’il faudra attendre un peu.