Mettre un quart de chiraquiens, un zeste de libéraux, une pointe de villepinistes, un gros lot de sarkozystes, et un ex-socialiste… le tout préparé par Sarko. Secouez. Servez. Voici l’UMP.
Depuis trois semaines, Nicolas Sarkozy a enchaîné les réunions avec Xavier Bertrand, Brice Hortefeux et Claude Guéant pour préparer la nouvelle direction de l’UMP. Pas question de foirer un second casting, après celui raté de Patrick Devedjian. « Il faut réveiller la Belle au Bois Dormant », plaisante un ministre proche du Président. « Et relancer la machine de guerre avant la présidentielle de 2012 ». D’autant plus que l’UMP a perdu 90 000 militants en un an !
Xavier Bertrand officiellement nommé secrétaire général de l’UMP ce samedi 23 janvier, « va devoir apaiser les aigreurs nées sous Devedjian », confie un haut responsable du parti. L’ex-secrétaire général de l’UMP n’avait jamais caché qu’il aurait préféré le maroquin de la Justice plutôt que la tête de la majorité qu’il avait récupérée comme lot de consolation. La tête, mais pas les rênes du parti qui sont restées bloquées à l’Élysée !
Pour le coup, rien ne devrait changer sous la direction Bertrand. Le patron de l’UMP est et reste Nicolas Sarkozy. D’ailleurs, le chef de l’État s’est donné un mal fou pour composer la nouvelle équipe. Entre volonté d’ouvrir la direction aux différentes sensibilités de la droite et ménagement des susceptibilités de ses représentants, Sarko a dû négocier… A fortiori avec l’arrivée de l’ex-socialiste Éric Besson et nouveau ministre de l’Immigration.
Cette arrivée ne fait pas l’unanimité rue de la Boétie. Sur le Talk Orange - Le Figaro, le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée, Axel Poniatowski, a jugé « problématique » cette nomination, ajoutant que « l’UMP n’est pas un ramasse-miettes ». Sympa ! Les deux hommes auront tout le loisir de s’expliquer : Nicolas Sarkozy les nomme tous deux secrétaires généraux du parti. Ils travailleront aussi avec Nathalie Kosciusko-Morizet - qui conserve donc son poste - et Marc-Philippe Daubresse, considéré comme un des leaders de l’aile sociale de la majorité. Plus qu’une question d’individus, l’UMP nouvelle génération est devenue une question d’équilibre politique. Le tout savamment orchestré par le chef Sarko !
« Tout le monde va être content », sourit un haut responsable du parti. « Il y a tellement de monde qui entre au sein de la direction que ça annule les ambitions des uns et des autres ». Une « grosse macédoine », précise un autre cadre. D’autant plus qu’aux secrétaires généraux, s’ajoutent quatre vice-présidents. Outre Brice Hortefeux - le plus important puisqu’il sera en charge des investitures au sein de la majorité - seront désignés Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo. La première nomination permettra de rassurer les chiraquiens, la seconde de flatter les radicaux. Et le tout d’encadrer Xavier Bertrand qui ne représentait pas le premier choix de Nicolas Sarkozy pour le poste. Le président aurait préféré que le fidèle Brice Hortefeux y aille. Mais l’intéressé voulait tant rester au gouvernement que Sarko a cédé… Sa bonté le perdra !
Enfin, Jean-Pierre Raffarin, vice-président sortant, a réussi à sauver sa peau et son poste, en démontrant à Sarko à quel point il fallait le garder… Lui qui avait pourtant annoncé, au moment des sénatoriales et du duel Larcher-Raffarin pour la présidence du Sénat, qu’il quitterait la vice-présidence du parti. Et ce quelque soit le résultat. Mais c’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ! Tout est bien qui finit bien pour « Raff’ ». Ce samedi, c’est lui qui ouvrira le bal en prononçant le premier discours. Mais, c’est Nicolas Sarkozy qui fermera le ban avec un topo à 15h30 !
Si certains jubilent de l’UMP nouvelle version, d’autres ont du mal à cacher leur déception. Au premier rang desquels le très sarkozyste, Christian Estrosi, qui perd son poste de secrétaire général. Selon un ministre du gouvernement Fillon, « Nicolas Sarkozy ne lui a pas pardonné sa sortie théâtralisée avant les municipales, ni ses critiques violentes sur l’UMP comme sur le gouvernement. Surtout quand on sait qu’Estrosi n’aspire qu’à une chose : y revenir ! » En voilà un habillé pour l’hiver. Quant à Nadine Morano qui espérait tant entrer dans la nouvelle direction, Sarko l’a assurée qu’elle obtiendrait, comme compensation, un poste de conseiller politique.
Et clou de la journée, l’UMP présentera ses têtes de listes pour les européennes. Une histoire de couples… comme en Ile-de-France où c’est le tandem Michel Barnier - Rachida Dati qui ira à la bataille. Après avoir vivement souhaité que Rama Yade soit numéro 1, Nicolas Sarkozy vexé du refus de l’intéressée a convaincu Dati de seconder Barnier. Elle quittera donc le ministère de la Justice dans quelques mois. Manière d’offrir à l’intéressée une porte de sortie honorable et de calmer la colère des magistrats qui réclament son départ depuis plus d’un an. En contrepartie, Dati a reçu l’assurance de revenir dans le dispositif national en 2011, juste avant la présidentielle. De quoi la convaincre de se faire oublier un peu à Bruxelles et Strasbourg…
Ces dossiers réglés, Sarkozy va réfléchir à un nouveau casting de ministres. Voire à un remaniement perlé comme il l’a entrepris depuis décembre, par succession de petites touches. « Une méthode nouvelle », commente un de ses proches, « qui a le gros avantage de maintenir la pression sur ses ouailles ». À l’image de Rama Yade. Depuis son refus de conduire la liste pour les européennes en Ile-de-France, la secrétaire d’État aux droits de l’Homme n’a plus d’interlocuteur quand elle téléphone à l’Élysée. Ni Claude Guéant, ni Nicolas Sarkozy ne souhaitent lui parler. De quoi pousser les autres à rentrer dans le rang. Au gouvernement, comme à l’UMP.
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Ah ah ah, très fort. L’UMP a choisi "Time to pretend" du groupe MGMT comme musique d’entrée des "pointures" lors de sa convention nationale. On comprend que ça plaise à Sarkozy puisque voici la traduction des paroles :
« Je ne me sens mal, je suis à vif et dans la fleur de l’âge Jouons de la musique, faisons du fric, et épousons des mannequins Je déménagerai à Paris, me shooterai à l’héroïne et baiserai avec les stars Une île, de la coke et des belles bagnoles.
C’est notre choix, vivre à fond et mourir jeunes On sait ce qu’on veut faire, alors allons nous éclater C’est affligeant bien sûr mais que voulez vous qu’on fasse ? Trouver un boulot dans des bureaux et se réveiller le matin pour l’heure de pointe ?
Oublions nos mères et nos amis Nous sommes condamnés à faire semblant Faire semblant Nous sommes condamnés à faire semblant Faire semblant
Je regretterai les terrains de jeux, les animaux et quand nous déterrions les vers de terre Je regretterai le réconfort de ma mère et le poids du monde sur mes épaules Je regretterai ma soeur, mon père, mon chien et ma maison Oui, je regretterai l’ennui, la liberté et la solitude
Il n’y a vraiment rien, rien que nous ne puissions faire Nous devons oublier l’amour, nous pourrons toujours commencer une nouvelle vie Les mannequins auront des enfants, on divorcera Et on trouvera d’autres mannequins, car la vie est ainsi faite
On s’étouffera avec notre vomi et ce sera la fin. Nous sommes condamnés à faire semblant Faire semblant Nous sommes condamnés à faire semblant Faire semblant »
TF1 avait déjà fait ce choix pour l’Euro (http://www.marianne2.fr/Coke,-mannequins-et-belles-bagnoles-vive-le-foot-sur-TF1- !_a88409.html). Ils sont vraiment top à l’UMP. Un tel niveau d’autodérision c’est rare. On comprend aussi que Besson "ne regrette rien". Tout est dit dans les paroles. Arf arf arf !
Je m’étonne beaucoup de l’étrange procès qui est fait à l’UMP concernant l’affaire MGMT… Est-il possible que des blogueurs chevronnés s’abandonnent de la sorte aux confusions les plus déplacées ? Aux raccourcis les plus saugrenus ?
Mettons les choses au point : cette affaire de fond musical n’est qu’un paravent, un prétexte confortable saisi par une avocate pour dilater ses honoraires et s’assurer une publicité à bon compte, sans parler du groupe lui-même, dont les leaders peinent cocassement à expliquer la substance précise de leurs clameurs indignées. Au demeurant, la matière de cet épisode est dénuée de toute incertitude, de tout mystère ! Les principaux intéressés eux-mêmes indiquent que les pièces musicales diffusées par leurs services l’ont été après règlement de la taxe générique due à la Sacem, comme il est d’usage pour toute émission d’oeuvres sur sites publics. Pour leur part, les interprètes concernés et leur avocate, en refusant toute proposition d’arrangement amiable émanant de la partie adverse, démontrent leur intention claire d’instrumentaliser une affaire soigneusement montée en épingle afin d’en tirer avantage, en termes financiers notamment.
De la part d’individus qui se disent artistes, c’est là un comportement singulièrement prosaïque, frappé du sceau du mercantilisme le plus noir et le plus épais.
Bien éloignée de ces avatars bénins se tient par exemple l’affaire insolite du Logo de la ville de Metz ! Pour le coup, il ne s’agit plus de signaler la diffusion d’une chanson populaire devant un public de passage, mais bien de suspecter une pratique autrement plus choquante, reposant sur un système soupçonné d’être construit dans l’objectif de spolier des tiers. Appel d’offres officiel, étude attentive des projets soumis, affectation de rejet des propositions et, pour finir, conception d’un produit calqué sur l’une des élaborations réceptionnées, c’est là un enchainement qui, s’il était confirmé, relèverait d’une stratégie délibérée dont la nature et la gravité seraient sans commune mesure avec le flottement technique évoqué dans le cadre du fond sonore reproché à Xavier Bertrand !
A toutes fins utiles, je précise que les lecteurs intéressés pourront trouver les détails de cette affaire à l’adresse http://www.florence-soriano-gafiuk.fr/blog/actu-politique (articles du 2 février et du 23 janvier).
Pour revenir enfin au présent sujet, je trouve parfaitement indigne cette manière de se saisir avec empressement des prétextes les plus incongrus pour déprécier à bon compte une personne ou une formation politique. Ce genre de procédés commodes semblent se répandre, et c’est là, à mon sens, une bien regrettable tendance.
Florence Soriano-Gafiuk