Au moment où le député UMP Philippe Houillon propose de pénaliser les patrons qui gagnent trop, Danone distribue de bonnes cuillers de stock-options à des administrateurs. Dans le BTP, c’est à pleine truelle qu’on fait joujou avec.
Ça ne va pas trop mal chez Danone, le spécialiste du petit suisse et de l’eau minérale qui a recruté Zidane comme ambassadeur mondial pour polir son image. Enfin, côté finances, le groupe a dû lever 3 milliards d’euros pour réduire sa dette. Mais côté train de vie, ça baigne !
Panade mondiale ou pas, « il ne sert à rien de se lamenter », prêchait le PDG Frank Riboud dans le dernier rapport annuel du groupe. « Dans un contexte de crise, tout est question d’attitude, de courage, d’engagement ».
Fidèle à ces bonnes paroles du patron, le groupe vient de distribuer des cuillerées gourmandes de stock-options à quelques nécessiteux de son état-major. Le groupe a privilégié non pas ceux qui mettent les mains dans le cambouis mais quelques administrateurs dont il faut soigner le moral, les jetons de présence ne suffisant visiblement pas.
Celui qui remporte le gros lot est Michel David-Weill, ex-patron de Lazard et beau-père de feu Edouard Stern, le banquier sado maso qui n’a pas très bien fini. Le 25 juin, indique l’Autorité des marchés financiers, ce nécessiteux de 76 ans a eu droit à une distribution de 977 329,60 € euros de stock-options attribués au prix d’ami de 24,73 euros l’unité, alors que l’action était cotée aux alentours de 35 euros. Amusant de constater que Michel David-Weill est aussi président du « comité de nomination et de rémunération » du yaourtier. On n’est jamais soigné que lorsqu’on tient soi-même la cuiller.
D’autres administrateurs encore un peu jeunots ont d’ailleurs eu droit à beaucoup moins : Benoît Potier, administrateur de 46 ans, a reçu l’équivalent de 38 479,88 € euros d’actions. C’est vraiment peu. Il faut dire que Potier, dont le job principal est de diriger le groupe Air Liquide, a d’autres revenus annexes. Il a touché en 2008 pas moins de 2,51 millions d’euros de salaire.
Mais Potier peut s’estimer heureux, deux de ses collègues du conseil d’administration n’ont reçu que des miettes de biscuits Danone. Jacques Vincent, directeur général délégué, a perçu l’équivalent de 24 037,56 et Richard Goblet d’Alviella seulement 8351,81 euros.
Danone n’est pas un cas isolé dans le CAC 40. Le BTP a beau ne pas casser des briques ces derniers temps, au moins quelques dirigeants peuvent partir en vacances heureux. C’est le cas chez Bouygues et chez Vinci où on manie les stock-options à coups de généreuse truelle. En deux jours, fin juin, François Bertière, le patron de Bouygues Immobilier, a revendu pour 520 000 euros d’actions à 26 euros, en a racheté pour 832 000 euros au même prix, tout en exerçant pour 1,37 million d’euros de stock-options au prix de 23,41 euros l’action. Idem pour son directeur délégué général, Eric Guillemain, qui a exercé pour 137 767 euros de stock-options.
Se tirant plus que jamais la bourre avec leur concurrent, les dirigeants de Vinci ne sont pas restés inactifs pendant ce temps. Xavier Huillard, le PDG du groupe, a réalisé un coup fumant le 18 juin. Il a vendu pour 155 042 euros d’actions à 31, 385 euros, tout en en rachetant le jour même pour 164 910 euros. Mais au cours bien plus avantageux de 28,68 euros.
Quant à son directeur financier, Christian Labeyrie, il s’est amusé comme un petit fou en ce mois de juin, réalisant tout un tas de manip’ de haute volée. Le 5 juin, il récupère 286 404,35 euros en vendant des parts qu’il détenait dans le plan d’épargne maison. Preuve qu’il n’en a pas vraiment besoin, le 12 juin il place plus de 266 000 euros en achetant des actions Vinci au prix d’ami de 18,20 euros le titre. Et le 26 juin bingo ! Labeyrie touche 391 189,17 euros, en cédant en bourse au bon prix de 34,17 euros l’action d’autres titres qu’il détenait depuis un certain temps. Evidemment, on peut s’offusquer de toutes ces pratiques, mais l’important pour le pays, c’est au moins que les riches reprennent confiance.
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