Après onze mois d’interruption, les travaux du nouveau stade de Valenciennes devraient reprendre d’ici le 15 juin. Un nouveau permis de construire a été déposé jeudi 4 juin. Bilan, un gâ-chtis formidable et un mépris absolu. Récit
Valenciennes devrait avoir son stade de 25 000 places mais au prix fort et après un feuilleton judiciaire rocambolesque. Lancée à toute berzingue début 2008, la construction du nouveau stade de football Nungesser 2 est depuis juillet 2009 à l’arrêt. Le budget initial prévu à 45 millions d’euros, jugé moins cher que la rénovation de l’ancien stade, a depuis volé en éclat, frôlant a minima les 75 millions ! Rien que pour la maintenance du chantier, 300 000 euros sont dépensés par mois. Au pays des friches industrielles et du chômage galopant, ce « gâ-chtis » est mal venu.
Fin 2009, Bakchich avait rendu compte de ce formidable projet initié par Jean-Louis Borloo en mars 2006, alors président d’agglomération de Valenciennes. Malgré son sens de l’environnement toujours très prononcé, l’ancien président de VAFC avait fait l’impasse sur des nuisances sonores, des fouilles archéologiques et avaient imposé du jour au lendemain l’édification d’un stade à quelques mètres de plusieurs habitations. Le football excuserait tout ? C’était sans compter la résistance d’irréductibles riverains qui saisirent la justice. Et surprise, l’association Citoyen de Nungesser gagne le match-aller puisque le tribunal administratif de Lille invalide le permis de construire le 9 juillet 2009.
Commence alors la galère pour le maire de Valenciennes, Dominique Riquet et Valérie Létard, présidente de l’agglomération. De fortes tensions seraient nés entre les deux élus, pourtant du même bord. Mais le nez dans le maroilles, les édiles préfèrent jouer groupés, se mettent au pas de la justice et sont bien obligés d’écouter les demandes des riverains. Grande victoire pour cette poignée d’habitants qui a mis en défaut la bande à Borloo, coupable d’un mépris absolu et d’incompétence flagrante !
Après des mois de rencontres et d’attente, une commission d’enquête a, le 13 mai dernier, rendu une décision favorable pour un nouveau permis de construire. Plus de démolition en vue. L’avancée aux 2/3 des travaux et le flouze déjà dépensé ont pesé dans la balance mais de nombreuses recommandations subsistent. Le permis doit se conformer à des normes acoustiques très compliquées à atteindre, c’est pourquoi le Tribunal prévoit une indemnisation des riverains. Et leurs poches pourraient davantage se remplir puisqu’une commission d’indemnisation doit se réunir pour évaluer la perte de valeur vénale des maisons. Une enveloppe de 3,5 millions d’euros est déjà mise de côté. Si Dominique Riquet comptait se refaire une santé financière par la reconversion du vieux Nungesser, la commission a calmé ses ardeurs en lui indiquant fortement de tenir ses engagements pour la création d’un espace vert. Sans profit, à part pour les oiseaux…
Point sensible pour l’association, la création d’une route entre leurs habitations et le stade, située sur un emplacement réservé. Mais magie, un décret d’un conseiller municipal de Valenciennes et accessoirement Ministre de l’Environnement va changer la donne. Le décret Borloo du 18 juin 2009, permet de « supprimer un ou plusieurs emplacements réservés ou réduire leur emprise … » Bref un décret qui tombe bien. L’ombre de Borloo permet de réduire la largeur de l’emplacement réservé (de 16m a 11m ) permettant de finaliser la construction du stade. Pour l’heure, l’association se refuse à tout commentaire.
Vidéo de l’enquête réalisée par Bakchich en octobre 2009 :
DES ACROBATIES COMPTABLES Ce projet de stade voté par la CAVM en 2006, est financé par des acrobaties comptables qui rendent negative sa capacité d’autofinancement pendant bon nombre d’années. C’est ce qui ressortait d’un conseil d’agglo où deux conseillers ( seulement..) disaient sans detour leur opposition formelle à cette aventure : M Lymer et M Coppin votaient non à ce projet calamiteux. C’était premonitoire et sans qu’on le sache alors, avant la plus formidable crise économique connue.
DEPENSER PLUS QUE LES RECETTES POUR S OFFRIR UN STADE Maintenant, la CAVM doit depenser plus que Ses recettes parce qu’elle doit payer les entreprises qui construisent le stade Nungesser. On ne gère pas une communauté d’agglomeration en dépensant plus que de raison pour financer un stade de foot à la place des actionnaires - inexistants - du VA FC Surtout après que la ville de Valenciennes ait cédé le terrain, magnifiquement placé, pour un euro symbolique. Tout est incomprehensible dans ce projet, la ville qui cède le terrain et la CAVM qui finance à tort et à travers dans des conditions d’insecurité juridique hallucinantes
UNE DECISION HATIVE ET DONC INCONSEQUENTE 1ère erreur : La CAVM n’avait pas attendu la decision sur le fond du Tribunal administratif (TA) de Lille Elle a foncé tête baissée pensant que les travaux, s’ils etaient engagés, forceraient les juges à ne pas annuler le permis de construire. Procéder ainsi prouve le mepris du foot business et de certains elus envers les juges. Il est vrai qu’avec ses innombrables coups tordus, la prevarications, les financements occultes et dessous de table divers, le foot business et ses salaires à 5, 6, 7 chiffres a le don d’exaspérer le citoyen lambda et les juges. Il est faux que le stade Nungesser 2 créera des emplois, c’est exactement le contraire qui se passe. Nungesser 2 va ponctionner les poches des supporters qui auront moins d’argent à depenser dans les commerces locaux. Pire, l’argent depensé dans le stade quittera la region pour n’y plus revenir. Enfin, comment peut on gerer une agglo de 200 000 hbts avec de tels coups de poker ? Et quels projets sont retardés ou annulés en raison du financement de Nungesser 2 ?
LE COUT FINANCIER 2ème erreur : L’annulation du permis de construire aura été aussi une claque juridique à JL Borloo, un curieux ministre de l’Environnement qui plante un stade de foot aux nuisances lourdes en pleine ville. Sans oublier le commissaire enquêteur qui a approuvé le projet. Comme disent les Canadiens, à Valenciennes, l’agglo tourne carré. Devant nous le resultat : un désastre juridique et fort probablement maintenant un désastre economique.