Laurence Parisot est de plus en plus contestée au sein du patronat. Au point d’organiser une tournée d’interrogatoires au siège du Medef à cause de la démission de l’un de ses directeurs adjoints.
« La grande affaire de la journée de lundi pour Laurence Parisot et sa garde rapprochée, ça a été de se mettre en ordre de bataille pour regarder Sarko le soir sur TF1 et préparer une réaction. Pour le reste, c’est au jour le jour, au gré de l’air du temps tel que les média le reflète. Il n’y a plus vraiment de direction au Medef, ni de suivi des dossiers, du coup on est un peu livrés à nous-mêmes. On pourrait aller au cinéma l’après-midi, ça ne changerait pas grand chose ».
Bonjour l’ambiance au siège du Medef ! Si on en croit cette collaboratrice de l’organisation patronale, l’immeuble de l’avenue Bosquet, dans le VII éme arrondissement de Paris avec ses 150 permanents est devenu un bateau ivre. Ce alors que Parisot, qui doit remettre en jeu son mandat au mois de juin est de plus en plus contestée dans le patronat. Or, signe inquiétant, même dans l’art de la communication, son domaine d’excellence, Parisot semble avoir perdu la main ! La preuve avec le départ le 5 janvier, de son directeur général adjoint, Jean-Charles Simon, qui n’en finit pas de faire des vagues. Il était arrivé début 2008 pour tenter de travailler en binôme avec Héléne Molinari, proche de la patronne et autre DGA. Mais Simon excédé par une désorganisation savamment orchestrée et le goût pour le bling-bling de l’Etat major a tenu moins de deux ans.
Si Parisot a présenté cette décision comme « irrationnelle, imprévisible et incompréhensible", la belle formule n’abuse personne au Medef. Les tiraillements ne dataient pas d’hier entre Molinari, au profil de cheftaine scout très branchée sur les gadgets de com’ qui font le 21 éme siècle, et Simon, trentenaire organisé et résolument « trop technique ». Plusieurs fois il avait déjà évoqué l’éventualité de son départ avec Parisot. La cohabitation se déroulait tellement mal que fin 2009 d’année, « terminé le bureau commun aux deux directeurs généraux ! Peu de temps après les 20 ans de la chute du communisme, on a fait construire une paroi pour séparer Molinari et Simon. Même Parisot a ironisé sur le fait que le Medef construisait son Mur de Berlin », caftent plusieurs sources internes. Sacré sens de l’histoire…
« Le départ de Simon a été géré de façon hallucinante car volontairement porté sur la place publique » notent les journalistes les plus mesurés. Ce qui aurait pu être présenté, en accord avec le partant, comme un simple incident de la vie d’une entreprise a donné lieu au contraire à une crucifixion publique du traître.
Car Parisot voit dans cette défection qui l’affaiblit une manœuvre téléguidée par ses adversaires. Et ils sont nombreux : à l’extérieur, à l’UIMM ou proches de Denis Kessler qui serait dit-on le favori de l’Elysée. En tous cas, le communiqué balancé le 5 janvier par le Medef fait fort. « Jean-Charles Simon, après avoir mené tout seul de bout en bout un incident spectaculaire en réunion des directeurs mardi matin, a fait savoir immédiatement après qu’il démissionnait du Medef et souhaitait ne pas effectuer son préavis » peut-on lire.
En fait, l’escarmouche se serait produite sur un dossier social partagé par le binome - le Medef aurait raté un appel d’offre en province – et la DGA aurait souhaité le rouvrir avec l’accord de Parisot, histoire de mettre en cause Simon.
-" Ce n’est pas acceptable de traiter les dossiers comme ça, glisse alors Simon à l’oreille de Parisot qui n’en tient pas compte. Rebelote mais cette fois à voix haute, de la part de Simon qui se lève.
Je considère que si vous partez, c’est contre moi, lance la patronne des patrons."
Dans la foulée du communiqué publié vers 18 heures, l’entourage de Parisot se charge d’expliquer à quelques journalistes que Simon est un excité, en proie à des problèmes personnels. Et pourquoi pas syndiqué à la CGT ? L’élégance du procédé est en tout cas exquise…
Du coup Simon répond aux attaques dans la presse et indiquant qu’il manque au Medef, le « professionnalisme nécessaire à une telle organisation », reconnaît que travailler avec Molinari relève comme on lui avait dit de la mission impossible et juge « navrante » l’attitude de son ex-patronne.
Deux jours plus tard, le 7 janvier, le mail d’adieu que Jean-Charles Simon aux permanents du Medef crée un niveau d’alerte maximale. Dans le texte, il en profite pour dénoncer les manœuvres « indignes » utilisées pour le discréditer alors qu’il part sans demander un sou.
Mais la parano monte d’un cran dans la garde prétorienne de “Laurence“ et chez son dir com’ Anton Molina parce que visiblement l’envoi du mail est ciblé. Tout le monde ne l’a pas reçu et savoir qui l’a eu permettra de connaître dans quel camp se situent les collaborateurs qui peuplent les différents étages. Quand on a dirigé l’IFOP et une partie de son équipe, on ne peut pas s’empêcher d’avoir le réflexe sondage. Du coup, la tournée des bureaux commence et aboutit à ce que plusieurs salariés vivent comme « un interrogatoire ».
As tu as reçu toi aussi le mail de Simon ? De quoi rendre la galette des rois indigeste le 14 janvier et plomber les vœux internes. Heureusement, les acquis sociaux de 1981 sont là ! 28 ans après, ils ont fini par pénétrer le siège du grand patronat qui s’est doté, cet été, d’un Comité d’entreprise avec des délégués du personnel (sans étiquette) élus. Une initiative, pour la petite histoire, de Jean-Charles Simon à laquelle Laurence a souscrit avec enthousiasme. Du coup, l’un des élus a osé la ramener auprès de la direction pour dénoncer ce genre de chasse aux sorcières. Vive la Sociale !
Détail croustillant, quelques jours plus tard, lors de sa conférence de presse mensuelle, Parisot, évoquant une négociation paritaire nationale en cours lance : « Je souhaite vraiment que l’on arrive à définir ce qu’est la violence au travail ainsi que le harcèlement ». Exemple de terrain à l’appui…
Quoiqu’il en soit, l’origine de cet épisode de la liste des traîtres est des plus cocasses. « Comme l’accès à son mail pro a été immédiatement coupé, Simon a dû de chez lui reconstituer de mémoire et donc imparfaitement une liste d’adresse mail des permanents, croit savoir un bon observateur. Certains ont reçu son courriel, d’autres pas. La certitude c’est qu’il a volontairement boycotté l’entourage de Parisot ! » Le bruit d’une fouille des ordinateurs a même couru même sur le site internet Marianne2. « La direction n’aurait pas pris ce risque, mais tout le monde se regarde un peu en chien de faïence et fait attention à ce qu’il dit ou ce qu’il écrit, témoigne un salarié qui a de la bouteille. Il faut dire qu’avec un responsable des réseaux informatiques qui est devenu le DRH du Medef, les fantasmes de flicage vont bon train ». La triste certitude c’est que la fabuleuse ambiance du lib dub du Medef est bel et bien morte.
Tourné début 2008, cet hallucinant clip d’une niaiserie consternante met en scène du premier au dernier étage une entreprise Medef où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et où plusieurs filles sont bien roulées. Le genre d’esbrouffe “bling bling“ qui insupporte une frange du patronat. A l’instar de l’extraordinaire campagne de com‘ sur "la PME Attitude" qui utilise une typo avec des grosses lettres enfantines digne du dessin animé des Barbapapa.
En tous cas, à force de soigner les apparences et de faire passer pour des attaques personnelles la réflexion que certains réclament sur la réorganisation du Medef et sur son rôle, Parisot a fini par détourner les médias de l’essentiel et rendre ses messages de fond inaudibles.
La preuve, lors de la conférence de presse du 19 janvier, l’amie de quelques grands patrons s’est démenée pour faire sérieux et l’a joué "macro". Slides a l’appui, elle commente les courbes de l’état de santé de l’économie mondiale. Ça remonte en Asie, ça patine en Amérique, ça plonge en Europe, en France seule l’automobile embraye grâce à la prime à la casse. Mais personne ne retient la leçon car il n’y a rien à en tirer : « La grille de lecture est assez difficile à déchiffrer » synthétise brillamment Parisot. Zappée aussi par les journalistes sa mise en garde sans doute bien vue sur la taxe carbone. Elle explique que la loi Grenelle 1 qui crée la taxe contient aussi sans doute dans l’article 2 l’impossibilité de la mettre en place ! (Elle "sera strictement compensée par une baisse des prélèvements obligatoires" dans chaque secteur dit le texte). En revanche, une trouvaille de Laurence retiendra l’attention des médias.
-Vous sentez-vous encore solide à la tête du Medef ? lui demande un journaliste.
Archi !
Plus tard, en se balançant sur un pied comme une petite fille contrariée, elle répète aux incrédules.
- J’ai dit que j’étais archisolide !
Le tour d’horizon aurait été incomplet sans un couplet sociétal de la dame du Medef contre « le retour en France de la misogynie qui est une forme de racisme » .
Avec mauvais esprit, on subodore l’intérêt collatéral de la tirade : ce ne peut-être que la mysoginie qui a inspiré ces lignes infectes écrites contre Laurence…
Lire ou relire sur Bakchich.info :
"Le retour en France de la mysoginie". Le retour ? A quoi d’autre a t’elle servi à part d’alibi à ces Messieurs du CAC 40, et au final à balancer sa vérité en accusant tout le monde comme Ockrent ?
Quand est-ce que ces femmes ouvriront les yeux AVANT de se couvrir de ridicule ? Celles du gouvernement se sont déjà bien ramassées je crois. Non ? Pas encore assez ? Le pire étant réservé à la Dame de cul. Son sourire commence déjà à devenir mauvais.
Les libéraux ne sont pas les héritiers de Sade par hasard. D’une pierre trois coups : faire croire 1) que les femmes sont aussi pourries que les hommes 2) qu’elles ne sont pas assez intelligentes pour ça. Mais surtout, et c’est le plus vicieux 3) qu’il est intelligent de l’être.