Sur la Riviera, tous les cégétistes ne sont pas bons camarades. Le cas d’un responsable d’association trop peu conciliant a dégénéré devant la justice. Et ça dure depuis 5 ans !
Habitué aux effluves de marchés truqués, de travail clandestin ou encore de corruption à tout crin, le tumultueux milieu du bâtiment et des travaux publics (BTP) de la Côte d’Azur a pour une fois innové.
Le 16 novembre dernier, au tribunal correctionnel de Nice s’est tenu une charmante audience pour dénonciation calomnieuse.
Ni grands groupes, ni élus sur le banc des accusés…Tout simplement l’un des éminents représentants de la CGT du coin, René Bechetti, et l’Union Sociale du Bâtiment et des Travaux Publics (USBTP), une association niçoise censée faciliter la vie et les vacances des bétonneurs azuréens.
Deux proprets accusés qui ont eu le tort de jouer aux petits cachottiers avec un ancien salarié un brin revêche de l’USBTP, Franck Lepizzera.
De son poste de directeur général de l’asso entre 1997 et 2004, l’ami Francky a eu la mauvaise idée de ne pas se soumettre aux desiderata du syndicat, membre fondateur de l’association. Notamment en refusant d’endosser via la structure plusieurs dépenses du syndicat, en frais et en personnel, au cours de l’année 2000. Voire tout simplement en n’agissant pas "en bon exécutant" des intérêts de la centrale.
Une attitude de mauvais camarade qui lui valut même une étonnante missive de Joël Ellen, secrétaire régional de la construction CGT et néanmoins administrateur de l’USBTP. Un rappel à l’ordre en bonne et due forme :
"L’USBTP n’apporte rien à notre organisation syndicale, se plaint Ellen, ni financièrement, ni en possibilité de dégager du temps pour un militant CGT". Des demandes bien éloignées de l’objet de l’association… ou de la mission d’un directeur général ? "Tu dois être au service de l’organisation syndicale CGT", tranche le ponte.
Sans doute trop peu réceptif à ces si doux conseils, Lepizzera sera licencié pour faute lourde en 2005. Un vidage accompagné d’une procédure pénale un an plus tard. Au nom de l’USBTP, René Becchetti porte plainte auprès du parquet de Nice pour abus de confiance, abus de pouvoir et détournement de fonds contre un X fort peu anonyme.
Car un seul nom est cité par la procédure, celui de Franck Lepizzera, accusé d’avoir directement reçu et prélevé ses salaires sur le compte de l’association.
Le pénal tenant le civil, les demandes de réparation du licencié aux prud’hommes, intentées en 2005, sont dès lors bloquées. Et le demeurent, malgré une ordonnance de non-lieu en date du 12 juin 2008, confirmé le 13 janvier 2009…sans que Lepizzera n’en soit informé !
Chafouin du traitement bien peu social dont il a été l’objet, le salarié viré pour insoumission syndicale s’est un peu agacé. Jusqu’à ce dépôt de plainte pour dénonciation calomnieuse contre son ancien employeur et son éminence syndicale René Becchetti.
Jugement le 18 juin prochain.