Arrivé en 2007 à la tête de la Une, Paolini a fait table rase du passé. Hélas, Audimat et recettes pub sont parties avec Mougeotte et Le Lay.
Patrick Le Lay au Stade Rennais, Jean-Claude Dassier à l’OM, Charles Villeneuve, étoile filante du PSG. Pour se recaser, les ex-pontes de TF1 se sont rabattus sur le football et la Ligue 1. De la vulgarité, beaucoup de réseaux, des prolos qui paient pour voir s’amuser des milliardaires et des paillettes à gogo.
Un monde enchanté qui ressemble au temps béni de la première chaîne, alors toute-puissante sous le règne du tandem Mougeotte- Le Lay. Audimat flamboyant, programmes abrutissants et montants publicitaires indécents. Une gloire aujourd’hui révolue depuis l’arrivée aux manettes de Nonce Paolini, en 2007. En fait, il s’agit plutôt d’un retour pour l’ancien DRH et dir’com de Télé Bouygues.
Viré en 2002, le malandrin avait pâti de l’imprudence d’un membre de son équipe qui posa, en pleine réunion, une question sur l’âge d’Étienne Mougeotte. Crime de forme. Devenu crime de fond quand le Nonce tenta de naviguer hors de sa zone d’activité. Là donnant son avis sur un programme, ici baragouinant sur la communication externe du groupe. Un appétit qui déplut. Exfiltré vers Bouygues Télécom, le Nonce Paolini cathodique est revenu, « le couteau entre les dents », en 2007.
Avec la très haute bénédiction de Martin Bouygues, Paolini scelle le sort des équipes d’Étienne Mougeotte et de Patrick Le Lay, ces derniers ayant déjà été remerciés par le saint patron. À leur logique d’un autre temps, Paolini oppose son idée : ren-ta-bi-li-té. Quitte à transformer la chaîne en « super M6 », caricature une huile du groupe Bouygues.
Installé aux commandes avec un mot d’ordre de Martin Bouygues – « Ne pas faire de vagues » –, le petit Nonce de Vitry gère tranquillement la maison. Et voit s’effriter audiences, rentrées publicitaires et influence de la chaîne. Sans, pour l’instant, faire ciller le grand patron du béton. « Arrivera bien un moment où Martin sifflera la fin de la récréation, décrypte un ancien de la maison, parti en bons termes. Pour l’instant, la pub ne souffre pas trop de la baisse d’Audimat, mais ça ne saurait tarder et un numéro 2 sera alors chargé de redresser la barre… » Voire de renouer le fil avec le (né)faste politique et médiatique perdu de la première chaîne privée d’Europe.
« Nonce n’a jamais compris ce qu’était TF1, ni ce qu’impliquait de s’installer dans le fauteuil du patron. Il faut s’oublier. » Semaine idéale d’un big boss de la Une ? « Dîner avec le groupe PC au Sénat le lundi, avec l’UMP à l’Assemblée le mardi, des producteurs le mercredi, apparaître dans une émission le jeudi et souper avec des éditeurs le vendredi. » Récent signe d’une baisse d’influence, l’épisode Arnaud Montebourg. Le député socialiste critique la chaîne dans le film de Pierre Carles Fin de concession. Nonce exige des explications. Et se voit rétorquer par l’élu que « TF1 doit des excuses à la France ». Impensable du temps de Mougeotte et Le Lay. « Ils n’auraient même pas répondu, soupire-t-on dans l’entourage de Martin Bouygues. Eux draguaient les politiques quand Paolini s’en plaint ou les engueule. » Une sorte de fin de concession ?
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