Si le CAC 40 a connu, lundi, la chute la plus forte de son histoire, de nombreux experts annonçaient encore récemment l’imminence de la sortie de crise. « Bakchich » a retrouvé des perles savoureuses.
« La semaine où le monde est devenu fou », titrait le Journal du Dimanche le 21 septembre dernier. Et d’annoncer, sans retenue et à la une, que « la crise financière est terminée » et que les « bonnes nouvelles » étaient nombreuses, malgré la tempête. Dans l’ordre, la baisse des prix de l’immobilier et du pétrole, le dopage des exportations et enfin le recul de l’inflation.
En pages intérieures, le JDD donnait la parole à un des rares économistes à avoir prévu la crise ! A savoir Marc de Scitivaux, « libéral iconoclaste » (sic), qui « dispense des analyses macroéconomiques aux entreprises et institutions financières abonnées à ses publications ». Du solide donc. Et que nous annonce cet expert ? Et bien que « la crise financière est finie »… Et on apprend que « les autorités américaines ont bien géré la situation » et que la note finale sera « beaucoup moins élevée que si la crise avait dégénéré ». Et d’ajouter : « bulle et contre bulle sont inhérentes à l’activité économique ».
Dans la même veine, l’Express du 25 septembre en rajoutait. A la question « Une banque française peut elle faire faillite ? », sept journalistes de la rédaction répondent tout de go : « a priori non ». Il est vrai que la première banque à avoir été sauvée in extremis est franco-belge. Et que pour l’instant aucune autre banque française n’a sombré. Mais aucun expert aujourd’hui ne se montrerait aussi catégorique.
En début d’année, le magazine Challenges a eu du nez en faisant tout un numéro sur la crise de 1929. Couverture dramatique avec une photo noir et blanc de cadres avec borsalino au chômage, le journal du 6 mars interrogeait : 2008, une réplique ?
D’entrée de jeu, le magazine reprenait une déclaration de Jacques Attali prononcée en décembre 2007. « La crise des subprimes a détruit en quelques mois des richesse égales à 10 % du PIB mondiale, soit 4000 milliards de dollars(…)et si les banquiers continuent à paniquer, nous risquons une crise de 1929 ». De quoi faire frémir n’importe quel boursicoteur. Heureusement, le stress disparaît tout au long des neuf pages du dossier. « Disons le tout de suite, Jacques Attali a parlé un peu vite », explique la rédaction. « Si la comparaison est pertinente sur l’amorce des deux crises, elle ne résiste pas à l’analyse sur leur contexte historique respectif et donc sur leurs conséquences ».
Et Challenges, pour clouer le bec aux Cassandres, de faire monter au front son armée d’experts, régiment pensée unique. Parmi eux, le plus pertinent est sans doute le directeur des études économiques de Dexia Asset Management. Amusant quand on connait la suite de l’histoire. Extra lucide, ce spécialiste affirmait que « les paniques bancaires à l’ancienne » ont disparu grâce « au dispositif d’assurance des dépôts mis en place pour permettre de les éviter. Northern Rock reste une exception. » Comme Dexia en Europe…
Enfin, dans le magazine Capital du mois de septembre, Daniel Cohen, toujours présenté uniquement comme professeur à l’Ecole Normale Supérieure, et très rarement comme salarié de la banque Lazard, porte la bonne parole. « Nous allons en effet vivre une année horrible, jusqu’à mi 2009 la croissance sera nulle ou quasi nulle ( …) La bonne nouvelle c’est que cela ne durera pas plus longtemps ».
Tout va donc très bien Madame la Marquise…
Lire ou relire dans Bakchich :
Article tres con.
D’abord, c’est assez simple de trouver des perles, des bourdes, des erreurs, chez les economistes - surtout quand ce sont des charlatans, comme le type cité par le JDD.
Deuxiement, c’aurait peut-etre ete plus malin de citer ceux qui avaient vu venir la crise et ses consequences : Nouriel Roubini, Paul Krugman…
Le fait est que quasi tous les economistes mettaient en garde contre l’explosion de la bulle - souvent des le debut de 2006.
Enfin, il serait peut-etre temps, en France, de faire passer un peu du fantastique remue-meninge qui secoue les plus grands cerveaux (sur le : comment on s’en sort) en Angleterre et aux USA.
Petits indices : le plan Paulson vaut que dalle, il faut nationaliser pour un temps le secteur financier sinon on s’en sort pas, et les banques europeennes sont encore plus fragiles que les americaines (et ne pourront pas etre sauvées sans l’aide de toute l’Europe)
Bjr la France,
Le FMI dit quelque chose ?
Trop drôle, on vient justement de faire une note depuis notre blog à ce sujet !
http://gueulante.20minutes-blogs.fr/archive/2008/10/07/dsk-kaka-sarkozy-kiki-wall-street-street-street.html
Bonne lectures…
JD l’Equipe gueulante.fr