Après les bonus, les stocks-options, un autre genre de gros bonus pour gros patrons, suscitent l’indignation générale et un débat national. Explications.
Les dirigeants de la Société Générale, droits dans leurs bottes, imperméables à la crise dès qu’il s’agit de leurs propres deniers, ont encore sévi. Ils avaient déjà fait la grimace et renoncé sous la pression de l’Elysée à leurs bonus pour l’année 2008. Mais ils espéraient bien compenser ce manque à gagner par les stocks-options, des options d’achat d’actions, que le conseil d’administration leur attribue tous les ans. Ce qui fut fait.
La semaine dernière, à la veille de la journée de manifestations dans toute la France pour la sauvegarde de l’emploi et le pouvoir d’achat, la banque annonçait, dans un communiqué, que les quatre dirigeants mandataires sociaux se voyaient attribuer 320 000 stocks-options au prix de 24,45 euros, dont 70 000 au président, Daniel Bouton et 150 000 au directeur général Frédéric Oudéa. A peine publié, le communiqué de la Société Générale a déclenché les foudres des syndicats, des politiques de droite et de gauche, des salariés de la banque, de l’opinion publique et du gouvernement. Le message est clair : les patrons des banques qui bénéficient de l’aide de l’Etat, en l’occurrence 1,7 milliard pour renforcer les fonds propres de la Société Générale, doivent eux aussi apprendre à se restreindre. Daniel Bouton et son fidèle lieutenant, Frédéric Oudéa, ont bien tenté de trouver une parade. Ils ont d’abord annoncé qu’ils renonçaient à transformer leurs stocks-options en actions, tant qu’ils obtiendraient des subsides de l’Etat. Mais dimanche 22 mars, ils ont fini par y renoncer purement et simplement. Du Medef à la ministre de l’Economie en passant par les syndicats de la Société Générale, toutes les voix se sont unies pour exiger des dirigeants de la banque un peu plus d’éthique.
La bévue du Conseil d’administration et des mandataires sociaux de la Société Générale a eu le mérite de remettre sur la table le sujet épineux des rémunérations variables des patrons de banques et par extension des patrons tout court. Le système des bonus est simple : il constitue la partie variable du salaire déterminée en fonction des performances de l’entreprise. Le mécanisme des stocks-options, qui s’apparente à une rémunération différée, est plus complexe et beaucoup moins transparent sur les gains réels procurés à ses bénéficiaires. Un stock-option donne le droit d’acheter une action à un prix déterminé à l’avance une fois passé un certain délai, trois ans le plus souvent. Tout l’intérêt des stocks-options réside dans la hausse du cours de bourse. En effet, lorsque le titulaire de stock-options les transforme en actions, il paie le prix fixé le jour de leur attribution. Si entre temps le cours du titre a doublé voire triplé, il lui suffit de revendre les actions sur le marché pour encaisser de très importantes plus-values. C’est sans doute à ce scénario là que les mandataires sociaux de la Société Générale se sont pris à rêver. L’un des effets pervers de cette mécanique est de piloter toujours plus haut le cours de bourse et de se lancer dans une course effrénée aux rendements, pour être récompensé par les marchés. La crise financière en a montré les limites.
Reste à savoir, maintenant que Christine Lagarde veut remettre à plat le système des stock-options ce qu’il en sortira. Bonne chance à ceux qui vont se pencher sur le sujet et tenter de s’y retrouver dans le maquis des stocks-options !
Etablir la liste des bénéficiaires, qui représentent la plupart du temps une minorité de collaborateurs sera fastidieux mais pas impossible. En revanche, parvenir à faire l’inventaire des stocks-options attribuées et des plus-values engrangées relève du parcours du combattant. L’exemple des banques est éloquent. Dans les documents de référence consultables sur les sites web, pavés de 300 à 400 pages, des batteries de chiffres se succèdent les unes aux autres sur les stocks-options. Mais aucune information n’est donnée sur le complément de rémunération qu’elles représentent véritablement. A la Société Générale comme chez BNP Paribas, on indique la « valorisation des options et actions gratuites attribuées au cours de l’exercice ». En 2007, Daniel Bouton était crédité de 2,68 millions d’euros et Baudouin Prot de 2,4 millions… Contraindre à une véritable transparence sur les stocks-options ne serait pas du luxe. Mais l’enjeu essentiel de l’attribution d’option d’achats d’actions est de déterminer si cette rémunération supplémentaire dans les entreprises cotées doit être généralisée à l’ensemble des salariés. Certains grands groupes l’ont déjà fait, comme l’assureur Axa. C’est peut-être cela aussi le partage de la performance.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Merci Bakchich pour ces infos, j’avoue que j’ai eu du mal à comprendre le problème avec les stocks-options, essentiellement parce qu’à 19 ans on ne sait pas forcément ce qu’est une stock-option…
Alors pour ceux qui sont comme moi que ne comprenait pas de quoi on parlait je vous laisse un petit lien en fin de post.
Mais l’essentiel reste quand même que nos amis du patronat s’en mettent plein les fouilles. On passe un bac quoi pour être patron ?
Première chose : que veut dire le mot ’banquier’ ? Grand patron, Responsable d’agence, guichetier, vendeur de produits structurés ? Bref, le mot ne veut rien dire.
Deuxième précision : tous les patrons de toutes les banques reçoivent des stock options. La SG, un nouveau bouc-émissaire ? Un article des échos, hier, précise que les dirigeants de la BNP ont aussi renoncé à leur stocks options…
Tout ça pour dire : allons parfois voir plus loin que les accusations émouvantes et formons notre opinion là dessus. Si ces opinions n’évoluent pas, tant mieux ! Mais au moins elles sont solides.