Recruter des stagiaires au lieu d’engager des salariés, un bon moyen de faire des économies sur la masse salariale… Les banques et les cabinets d’audit ne se privent pas.
Si le marché de l’emploi reste morose dans la finance, celui des stages est en pleine expansion. La lecture du rapport social de BNP Paribas, première banque d’Europe, a de quoi laisser songeur : les stagiaires y sont passés de 2 403 en 2006 à 3 404 en 2009. Plus de 33 % d’augmentation, une croissance qui ferait rêver tout actionnaire. En revanche, le nombre de CDD d’été, lui, a chuté : de 7 651 en 2006, il tombe à 6 347 en 2009. Recruter des stagiaires au lieu d’engager des salariés, un bon moyen de faire des économies sur la masse salariale. BNP Paribas, qui a annoncé 6 milliards d’euros de bénéfices pour 2009 et provisionné 1 milliard d’euros pour ses traders, semble l’avoir bien compris.
Même phénomène à la Société générale, où le recrutement de stagiaires a presque été multiplié par deux en cinq ans, selon le mouvement Génération précaire. La directrice du recrutement France de la Société générale, Sandie Rozental, a déclaré proposer plus de 5 000 stages en 2010… et seulement 1 500 postes à pourvoir pour les jeunes diplômés !
L’audit – autre secteur touché par la tourmente financière – s’avère tout aussi friand de stagiaires. Ainsi, le cabinet KPMG annonçait le recrutement de 500 stagiaires et 900 CDI pour 2009. En 2010, on est passé à 520 stagiaires pour 480 CDI.
Les cabinets d’audit ont d’ailleurs tendance à confondre stages et embauches dans leurs prévisions de recrutement, de manière à gonfler leurs chiffres. Un bon moyen d’afficher une santé apparente. Sur son site Internet, le cabinet d’audit PwC annonce fièrement 800 recrutements pour 2010. Un joli coup de pub pour l’entreprise, sauf que ces 800 « recrutements » comprennent 300 stagiaires, soit près de la moitié. Ernst & Young ne fait pas mieux puisque, sur les 1 000 « embauches » annoncées pour 2010, on comptabilise 450 stagiaires.
Article paru dans Bakchich Hebdo n°29.
N’oublions pas les établissements publics en tout genre, surtout dans le domaine de la culture… 40 heures par semaine sans rémunération et parfois sans poste de travail (dans ce cas, on atterrit aux archives que personne ne veut classer), au milieu d’une ribambelle d’autres stagiaires. Une main d’oeuvre gratuite… pourquoi s’en priver ? Quitte à en prendre un pour 4 mois, avec 2 jours de congés entre les 2 mois histoire de respecter la loi. Seule issue : postuler en poste d’été par piston, même au sortir du bac à sable, et tirer la langue aux étudiants/stagiaires expérimentés.
L’Etat, premier défenseur de l’étudiant stagiaire, premier critique du privé, n’est pourtant pas un petit joueur en la matière…
Bonjour,
Des offres de stages non rénumérés, malheureusement il y en a beaucoup alors que pensez-vous des stages non rénumérés où l’on doit payer pour travailler ? Vous allez me demander c’est quoi ce plan ? ça vient de sortir ? et bien non, cela existe, en tous cas j’ai connu cela et ça n’est pas récent… J’ai fait dans les années 90 une formation de steward (le CSS)… une école pour préparer l’examen théorique, où il n’existe pas de convention, donc des tarifs plein pot, l’examen médical (plus de 1000 F à l’époque) et enfin 60 heures de vol obligatoires en stage pratique si l’examen théorique est OK (un peu comme pour le permis auto) Pour pouvoir faire ces heures de vol, il fallait postuler auprès des companies aériennes qui vendaient leur places de stagiaires pour un tarif autour de 5000-6000 F (ce qui à l’époque représentait bien plus qu’un smic mensuel et il n’y avait pas d’aides possible pour financer) J’ai accepté cette situation, car j’y croyais et j’ai été bien content d’avoir décroché le stage… Mais j’ai compris bien après que ces stages n’avaient pas pour but de former le stagiaire, encore moins de l’embaucher, mais simplement de fournir de la main d’oeuvre mieux que gratuite… de la main d’oeuvre qui paye pour travailler… le beurre et l’argent du beurre… tout bénef pour la compagnie… Et croyez-vous qu’à ce tarif on vous déroulait le tapis rouge ?… bien au contraire, on vous prenait en plus pour de la merde. J’ai fait mes 60 heures de vol à Jet Alsace (qui n’existe plus) j’ai payé 6000 F à la compagnie le droit de travailler gratuitement. Aucun frais pour la compagnie : l’uniforme n’était pas même fourni, il fallait se procurer son propre costard bleu-marine et Je n’avais même pas le droit d’utiliser le parking du personnel (aéroport de Bâle-Mulhouse) il fallait que je paye le parking normal au prix fort pour aller bosser. Voilà, j’avais oublié cette pauvre histoire, elle est passée et résolue , mais la lutte actuelle des stagiaires m’a fait repenser à cette période de mon passé professionnel où je me faisais des illusions de plans de carrière, j’étais optimiste mais pas réaliste… Je ne sais pas si de telles pratiques existent encore de nos jours dans ce secteur d’activité ou dans d’autres, en tous cas j’espère que des mouvements tels que le mouvement des stagiaires se multiplieront.