Ah, si j’étais riche…
Selon l’adage favori de notre Président de la République, il faut vous préparer à travailler plus pour gagner plus. Si, si, vous serez bientôt riches ! Et vous qui avez toujours regardé les fortunés avec une admiration envieuse, enfin, vous pourrez intégrer le monde invisible, préservé et réservé de la classe dominante. Un monde cloisonné impénétrable dites-vous ? En suivant les conseils que Bakchich a puisé dans l’ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Les Ghettos du Gotha, Comment la bourgeoisie défend ses espaces, à paraître le 20 septembre aux éditions du Seuil, n’ayez crainte, vous vous assimilerez sans difficulté.
Préambule : Vous devrez vous accoutumer avec les loisirs, la gestuelle, le ton et le verbe de vos nouveaux amis.
Règle numéro un : Pensez à entretenir l’entre-soi bourgeois (résidez Neuilly, le prix du mètre carré s’élève à plus de 6000 euros), afin d’assurer « la reproduction des positions dominantes, d’une génération à l’autre » (p.27).
Règle numéro deux : Bien choisir votre livre de chevet. Nous vous conseillons le « Bottin mondain », revue qui recense les « cercles et clubs » auxquels vous devrez adhérer en échange d’un modeste pécule.
Parmi les 119 recensés, préférez des clubs comme Le Cercle de l’Union Interalliée, cercle prestigieux qui compte aujourd’hui plus de 3000 membres, dont nombre d’éminentes personnalités des milieux économiques et politique.
Ainsi, son grand conseil « est présidé depuis 1999 par Pierre-Christian Taittinger, ancien ministre, ancien vice-président du Sénat, et actuel maire du 16ème arrondissement de Paris. Il est issu d’une famille dont la fortune est liée au champagne et à l’hôtellerie » (p.54). Vous verrez également le prince Gabriel de Broglie, ancien directeur général de radio France, Olivier Giscard d’Estaing, frère de Valéry, Michel David-Weil, notamment associé-gérant de la banque Lazard Frères et membre du conseil de surveillance de Publicis, mais aussi Albert II de Monaco ou Edouard Balladur.
Enfin, règle numéro trois : ne méprisez pas trop la « faune » (p.120), les petites gens, de sorte qu’elles vous respectent, vous apprécient, voire vous soutiennent.
Vous voilà prêt. Enfin presque : il ne vous manque plus que la bourse…