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Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes

Stock options / lundi 20 octobre 2008 par Marc Fressoz
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Avec la crise, de nombreux patrons revendent précipitamment les actions. Interrogés par « Bakchich », ils justifient l’injustifiable.

La bourse fait du yo-yo ? Et bien, beaucoup de cadors du CAC ont joué, en vendant leur stocks options, contre leurs propres groupes. Beaucoup de ces gestes peu civiques ont déja été évoqués, dans le magazine Challenge ou sur le site Mediapart. Mais Bakchich a souhaité revenir sur ces comportements scandaleux et sonder les intéressés sur leur système de défense. Ainsi le PDG d’Alstom, Patrick Kron, a quelque peu affolé son monde en vendant, entre fin septembre et début octobre, tous les stock options qu’il détenait. Un vrai record. En quelques jours, 16,5 millions d’euros ont afflué sur le compte en banque de Kron ainsi à l’abri d’une crise de liquidité personnelle. Heureux homme ! Depuis, le cours d’Alstom a perdu plus de 30%… « C’était, parait-il, programmé depuis longtemps ».

Cinq millions d’euros pour le pédégé de GDF-Suez, et la facture de l’abonné qui s’envole

« Sans lien avec la crise financière » : C’est aussi le leitmotiv répété chez GDF-Suez pour justifier que Gérard Mestrallet ait vendu un paquet de stock options le 3 septembre dernier. Ça gaze pour le PDG du groupe né de la fusion de l’ex-service public GDF avec Suez ! En une journée, il a réalisé une formidable culbute : 2,3 millions d’euros de plus-value dégagées ! Et le 10 octobre, a-t-il signalé à l’Autorité des marchés financiers (AMF), il a encore vendu pour 2,7 millions d’euros. Trois jours plus tard, le même souscrivait pour 991 200 euros de titres à prix bradés grâce à un nouveau plan. Attention, le patron de Suez n’a « pas le stock option honteux », assure-t-on au siège du groupe. Et les communicants de Mestrallet d’expliquer que le patron n’est pas le seul à bénéficier d’un plan de ce type. Et de souligner que ce bon PDG applique depuis toujours les récents appels du Medef à la modération. Ni parachute doré ni retraite chapeau pour Mestrallet. Avec son salaire, les stocks option constituent ses seules revenus de l’entreprise. C’est beau le dépouillement…

Les banquiers dégainent vite… quand il s’agit de leur propre porte monnaie

Durant cette période tempétueuse, qu’ont fait de leur côté les grands timoniers de la banque et de l’assurance, secteur ô combien sensible ? Certains ont paru un brin fébriles. Tel Daniel Bouton, président de la très chahutée Société Générale, connu pour son trader à sensation, Jérôme Kerviel. Et bien, Bouton boursicote, lui aussi, comme un fou. Déjà en 2007, la vente d’une partie de ses stocks lui a permis de réaliser une indécente plus value de 3,7 millions d’euros ! Depuis le début septembre, il a vendu en quatre fois pour près de 4,5 millions d’euros de stocks options.

Daniel Bouton - JPG - 18.1 ko
Daniel Bouton
© Soularue

Daniel Bouton fait répondre à Bakchich que les liquidités dégagées lui sont fort utiles pour accomplir son devoir de contribuable et pour rembourser un emprunt. Il est vrai que ce nécessiteux de luxe a été déstabilisé par l’affaire Kerviel. L’ex PDG a dû abandonner la fonction de directeur général pour mieux s’accrocher à celle de président. Et il a renoncé à tout salaire pendant six mois ! Plutôt de faire la manche, il s’investit en bourse.

Toutefois, à observer le détail de ses récentes opérations déclarées à l’Autorité des Marchés Financiers, on s’aperçoit qu’il restait au même Daniel Bouton assez de fraîche pour spéculer à nouveau. Le 2 octobre a constitué un point d’orgue. Bouton reçoit 1,98 millions d’euros de la vente de 2,3 millions de stocks option au cours de 66 euros. Et le même jour, il en rachète pour un montant non moins formidable de 1,7 millions d’euros, mais au cours plus intéressant de 57 euros.

Une vraie leçon donnée aux traders maladroits de la Caisse d’Epargne. Et peu importe que le cours de la Société Générale s’est cassé la figure à 45 euros… Ce n’est pas fini. D’après la presse financière, Bouton devrait procéder à deux nouvelles ventes de stocks options en veux-tu en voila.

Axa ira, ça ira

« Le système financier français est un système stable (…) et je crois que dans des moments comme ceux-ci, qui sont des moments tendus, il ne faut pas paniquer ». Voilà un homme qui sait garder ses nerfs. Président du directoire de l’assureur Axa, Henri de Castries s’exprimait ainsi le 30 septembre sur le perron de l’Elysée. C’était juste après la convocation par Sarkozy des grands de la finance hexagonale.

Certains observateurs ont doucement rigolé en découvrant que, quatre jours plus tôt, Castries s’était en fait débarrassé de paquets d’actions de son groupe à Wall Street. Il a vendu plus de 18 000 stocks options reçues il y a un an de la filiale américaine d’Axa. Le produit de cette vente s’élève à 638 199 dollars, environ 440 000 euros.

Là encore, c’était du prévu et c’est pour la bonne cause. « 250 000 euros lui serviront à payer ses impôts et il en réinvestira 150 000 dans un plan d’actionnariat d’entreprise à prix réduit », précise un porte-parole d’Axa. Rien à voir donc avec un quelconque manque d’assurance dans l’avenir de la maison. Si c’était le cas, Castries aurait tout vendu, ces quelque 400 000 euros tirés d’une petite opération n’étant que roupie de sansonnet. C’est ce dont on prend conscience auprès du siège de l’assurance où l’on pratique une louable transparence. « Il reste à Henri de Castries 1,4 million d’actions représentant une valeur de 12,5 millions d’euros ». Voilà un homme bien assuré contre les revers de fortune.

Mais dans cette période de capitalisme délétère, n’y a-t-il que des patrons du CAC 40 qui jouent contre leur propre maison ? L’espèce inverse ne court pas les rues mais on trouve tout de même quelques spécimens qui achètent à tour de bras. Chez le cimentier Lafarge, - qui subit pourtant le ralentissement du BTP – Bernard Kersiel, son vice président, a eu le courage de miser près de 500 000 euros dans l’achat d’actions du cimentier entre fin septembre et début octobre. Le titre se négociait à bien plus de 60 euros, il ne vaut aujourd’hui qu’un peu plus de 50.

Le cimentier fait cependant figure de petit joueur par rapport à Jean-René Fourtou, le président du directoire de Vivendi. « Il croit dur comme fer, explique son entourage, à l’avenir de son groupe et au succès durable du téléphone portable ». Bravo ! Dans le monde patronal, cet enthousiasme juvénile fait plaisir à voir. Jean René Fourtou a tiré de son compte en banque personnel pour plus de 2,8 millions d’euros, entre le premier et le quinze octobre pour acquérir des actions. Chapeau, car c’était au plus fort de la crise. Un patron qui ne joue pas contre son camp est un héros des temps modernes..


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13 MESSAGES
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Forum

  • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
    le lundi 27 octobre 2008 à 12:24, St Germain a dit :
    Tout va bien… Les grands patrons s’ennivrent et les ouvriers trinquent. C’est la moralisation financière tant appelée de ses voeux par Sarko
  • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
    le mardi 21 octobre 2008 à 19:01, Darwi Odrade a dit :
    Nos politiques,les grands patrons sortent du méme sérail,pantouflent à tour de role dans les boites dont les dirigeants sont des "connaissances",fricotent ou se marient avec les journalistes qui "informent",touchent des jetons de présence,creés des liens "d’amitié",montent des cabinets d’avocats "d’affaires".A par le méchant médiatique obligatoire ,pris les doigts dans la confiture qu’il faudrat bien dans les médias,vous croyez qu’ils vont prendre une régle pour se taper sur les doigts ?Non ! Ils vont se payer une lime à ongle avec notre fric le temps que ça se tasse !
    • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
      le dimanche 26 octobre 2008 à 10:39, MIB a dit :
      Entièrement d’accord, il s’agit d’une mafia issue du système elitiste de formation français (grandes écoles) et qui fait de l’auto nomination et promotion. Il a déjà été démontré qu’une centaines de personnes dirigent les grands groupes français en dirigeant un groupe et en participant (moyennnant paiement de jetons de présence) au conseil d’administration des autres. La crise va leur permettre de s’enrichir d’avantage en prétant de l’argent à l’état, qui le met à la disposition des banques. Il s’en suit que les citoyens moyens et leurs enfants devront rembouser pendant des années a ces préteurs les emprunts d’état. Du coup ils sont assurés pour de longues années de leurs revenus. Une espèce de retraite avant l’age légal. Fallait-il que l’état renfloue les banques ? Ou est la solidarité ? Si rien n’est fait la crise aura pour effet de creuser encore plus les ecarts entre cette classe sociale et les autres.
  • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
    le mardi 21 octobre 2008 à 10:48, panglos a dit :
    bien Matteo… comme naîf on ne peut mieux faire… avez vous pensé un seul instant au procureur de Paris Jean Claude Marin qui reçoit ses ordres directement de Sarko et ses interminables enquêtes préliminaires indispensables… après si les enquêtes sont justifiées ce qui est très très rare… le temps qui passe… le réquisitoire qui ne vient pas…puis lorsqu’il qu’il y a un règlement qui par miracle intervient….les coups de fil d’harcélement entre le chef de cour et le roi… la nomination de juges sensibles aux prébendes sinécures et autres breloques, tout ça nous emmène irrémédiablement vers un résultat…. Classement général sans suite… et les avocats sablent le champagne à la buvette du palais…. pour le reste c’est le bras d’honneur…. mais on ne le dira certes pas assez et à l’envie … LA justice libre est dépendante des pressions……c’est pour ça que Sarko n’est pas un homme d’état mais un chef de clan à l’antique….au fait Mattéo vous avez voté pour qui en 2007 ?????
    • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
      le vendredi 24 octobre 2008 à 16:40

      Vous avez oublié de parler de la reconversion de ses magistrats, en pseudo gourou du droit, dans les grosses affaires ayant l’état comme client-actionnaire. C’est vrai qu’elle fameuse l’affaire, et en plus c’est en général, un ancien condisciple qui représente l’état au CA. Alors, la lime à bévues, c’est toujours du "fait maison".

      Au bord de la nausée permanente, je ne regarde plus les chaînes de téloche, et moins encore les journaux.

  • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
    le mardi 21 octobre 2008 à 00:07, Matteo a dit :
    Moi je n’ai qu’une chose à dire : en France, lorsqu’un chef d’une entreprise est attrapé la main dans le sac pour abus de bien sociaux, en fait un "voleur de poule", c’est la mise en examen et direct en prison. Alors pourquoi, ces gros patrons, ces banquiers, EUX, qui sont très, très loin d’être petite "voleurs de poules", qui ont abusés en toute conscience de leur pouvoir s’en tireraient en toute impunité de la Justice en démissionnant de leur poste ? NON ! Je ne suis pas d’accord !! LES VOLEURS EN PRISON !
  • Ces patrons qui jouent en bourse contre leurs propres boîtes
    le lundi 20 octobre 2008 à 18:38, impots-utiles a dit :

    Le nombre de chômeurs dans le monde pourrait passer de 190 millions en 2007 à 210 millions fin 2009, selon des estimations du BIT, qui redoute une "crise sociale qui pourrait s’avérer sévère, longue et globale" et en appelle à une "action rapide et coordonnée des gouvernements".

    http://www.impots-utiles.com/la-crise-risque-de-creer-20-millions-de-nouveaux-chomeurs-dici-fin-2009.php

    D’autant que les fonds d’investissement spéculatifs ( les hedge founds, qui se nourrissent de la crise et l’amplifient, en spéculant sur la baisse des valeurs) sont au centre de toutes les inquiétudes , les noms de deux grands établissements français , particulièrement exposés, ayant été cités…

    http://www.impots-utiles.com/apres-les-subprimes-les-hedge-funds.php

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