Un ancien employé de Lehman Brothers s’est fait méchamment virer par la banque d’investissement. Motif : il avait essayé de prévenir ses patrons de leur future faillite.
La crise financière a révélé plus de canailles que de héros. Matthew Lee est l’un de ceux qui, au péril de sa carrière, a tenté de sauver ce qui pouvait l’être.
Mal lui en a pris. Avec 14 ans d’ancienneté au sein de la holding de Lehman Brothers, Matthew, l’ex-responsable de la supervision des opérations de consolidation comptable de la banque d’investissement dévoyée, a été viré comme un malpropre en mai 2008 à 54 ans.
C’est un petit coin de paradis, niché au bout de la presqu’île de Crozon dans le Finistère. Les crêpes y sont délicieuses tant la vue sur l’océan est imprenable, tant du haut de la falaise où est arrimée la crêperie du Veryac’h, la plage dessinée par les caprices des vents bretons s’offre aux curieux. Installée depuis plusieurs années non loin de la pointe de Pen’hir sur la commune de Camaret sur Mer, la crêperie connaît quelques tumultes ces derniers mois. La mairie a en effet décidé de construire un parking pour vélo en lieu et place de la terrasse attenante à la petite bicoque en bois qui sert de restaurant. Il n’en fallait pas plus pour mettre en péril les cinq emplois saisonniers de la crêperie et provoquer l’ire des amoureux du lieu. Un groupe de soutien a d’ailleurs été créé sur Facebook. Il compte aujourd’hui plus de 1150 membres. Suffisant pour faire plier la mairie ?
Son crime ? Avoir envoyé une lettre à ses patrons en attirant leur attention sur des irrégularités comptables destinées à masquer le risque réel auquel était exposée la banque : « La firme a des milliards de dollars d’actifs quasiment invendables sur n’importe quel marché connu à ce jour ; je ne crois que la manière dont nous valorisons ces actifs soit véritablement réaliste… » écrivait-il dans sa missive alarmiste.
La banque immédiatement informée
Pour toute réponse, il n’a pas tardé à constater que les services comptables s’apprêtaient à transférer subrepticement une petite cinquantaine de milliards de dollars d’actifs pourris dans un discret dépotoir. Il a immédiatement informé les auditeurs de la banque, le cabinet Ernst & Young du tour de passe-passe. La suite est connue : une faillite retentissante qui a failli flinguer la finance mondiale. Par malchance pour Matthew, Anton Valukas, le juge-commissaire à la liquidation de Lehman, a retrouvé trace de ses mises en garde en épluchant les comptes de la banque. Il les a évoquées dans le rapport incendiaire qu’il a établi à l’attention du tribunal.
Sans doute moins charismatique que Harry Markopoulos –familier des lecteurs de Bakchich– qui, le premier a tiré le signal d’alarme de la SEC au sujet des acrobaties de Madoff et est devenu un célèbre personnage de roman (par exemple « The Big Short » de Michael Lewis), Matthieu Lee est aujourd’hui au chômage en fin de droits et de plus en plus inquiet pour l’avenir de ses deux jeunes filles. Son avocat Erwin Shustak a récemment confirmé que toutes ses recherches d’emplois à Wall Street son restées vaines en dépit d’un curriculum vitae impressionnant.
Quand on lui demande ce qu’il pense de la réforme de Wall Street que vient de voter le Sénat américain, Matthieu esquisse un timide sourire qui en dit plus long qu’un grand discours sur la portée réelle de la reprise en main des prédateurs financiers par Washington.
Une petite réflexion de ma part sur Bale III, le sauvetage du système lors de la crise qui maintenant arrive au niveau des Etats, notamment l’Espagne :
http://aferron.over-blog.fr/article-ca-repart-comme-avant-54528579.html
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à New York comme à Paris ou Londres, violer la loi du secret financier, quand bien même pour une bonne riason, équivaut à un licenciement. Le monde de la finance étant assez petit, il est évident qu’il ne retrouvera jamais de boulot dans la finance. Quand on trahit la Famille, on le paye.
Il n’a plus qu’à écrire un livre.