Si le capitalisme triomphe, c’est grâce à une technique qu’il a mis au point au XIXe siècle, arnaquer l’Etat et ses contribuables. La méthode est défendue par les experts médiatisés, qui aident la crise financière à passer comme une lettre à la poste. Bien joué.
Cela fait maintenant un an que chaque expert interrogé sur la situation financière mondiale annonce que cette fois-ci, la crise est belle et bien finie et que tout va repartir grâce au dynamisme des économies américaine et chinoise…Seule condition réelle de ce redémarrage, l’assainissement des bilans par la nationalisation des dettes…C’est-à-dire la compensation des débordements de crédits passés par les largesses sans fin du contribuable…Quand tout sera terminé, il faudra bien faire le bilan général des enthousiasmes financiers des années Greenspan. La conclusion risque d’être simple : les incroyables revenus que se sont alloués les dirigeants et autres traders auront été en pratique payés par les impôts au travers des plans de sauvetage des banques à la dérive. Bref, malgré le développement des outils financiers miracles et le génie sans cesse renouvelé des mathématiciens de la finance, on n’a guère progressé depuis le XIXe siècle. On ne fait rapidement fortune dans le monde du capitalisme triomphant qu’en trouvant le moyen d’arnaquer l’Etat. Aujourd’hui, ce moyen, c’est de promettre dans un premier temps une croissance phénoménale grâce à la multiplication du crédit ; puis de venir crier famine auprès du gouvernement quand la bise de la réalité des affaires est venue.
Et c’est ainsi que nous sommes en train de découvrir que si le socialisme se proposait de nationaliser les profits, le capitalisme, lui, ne songe qu’à nationaliser les pertes.
Ces pertes, à combien vont-elles se chiffrer ? Le FMI au printemps dernier parlait de 1000 milliards $. Aujourd’hui, ce serait le double. 2000 milliards !! Cela paraît énorme, mais à Washington, Henry Paulson, l’ineffable secrétaire au Trésor de l’administration Bush agonisante, rappelle que cela ne représente que 3,5% de la production annuelle mondiale. Dans le petit monde de la finance, on en rajoute en précisant que ces pertes sont moins élevées que ce que rapporte au monde chaque année la croissance de l’économie. En résumé, la crise financière aurait tout simplement effacé une année de croissance : de quoi se plaindrait-on dans ces circonstances ?
Peut-être de ce que la note ne va pas être répartie de façon égale et qu’il n’est pas vraiment sûr que les aigrefins qui ont précipité certaines institutions financières dans la faillite seront ceux qui vont le plus souffrir…
Quoi qu’il en soit, en France, les plus hautes autorités de l’Etat, après avoir été comme beaucoup abasourdies par l’ampleur des dégâts américains, sont revenues au train train quotidien de la préparation du budget. L’année de croissance à effacer se concrétise en France par un taux probable de 1,2% en 2008 et à peine 1% en 2009. Les compteurs publics vont être dans le rouge des exigences européennes et plus personne ne peut sérieusement croire que l’équilibre des finances publiques promis et annoncé pour 2012 par Nicolas Sarkozy a la moindre chance d’être atteint.
Mais tout cela laisse notre président de marbre. Il a retiré des événements récents la conviction que les économistes sont des charlatans et que l’opinion publique le sait. Ce qu’elle attend de lui, c’est du bon sens et il est convaincu que personne ne peut lui contester sa capacité de réaction. Il va s’adonner à l’exercice du constat de la fatalité dans son intervention économique de Toulon et passer rapidement à autre chose. Bercy n’en attend pas plus, demandant simplement qu’il tranche sur quelques éléments en suspend du dossier budgétaire, car la loi prévoit que le budget doit être transmis au Parlement avant le premier mardi d’octobre. Et pour l’instant, personne ne sait toujours pas ce qui sera transmis en termes d’hypothèse de croissance et de réforme fiscale…
Vous avez entièrement raison, mais vous oubliez un détail, le détail pervers du mode de fonctionnement des banques centrales émettrices de monnaie, qui sont des organismes privées percevant des intérêts sur chaque centime emprunté. La rémunération se fait donc des deux côtés :
L’état s’endette pour renflouer les banques, du coup il doit en plus payer les intérêts à la FED ou à la BCE…nous pauvres contribuables sommes les dindons de la farce.
De fin 1979 à fin 2006 (en euros constants 2006) Augmentation de la dette de 913 milliards d’euros Solde de la différence recettes/dépenses sans intérêts : 263 milliards d’euros Intérêts payés : 1176 milliards d’euros « Ainsi, entre 1980 et 2006, la dette a augmenté de 913 milliards d’euros, alors que nous avons payé 1176 milliards d’euros d’intérêts (…) Si nous n’avions pas eu à emprunter ces 913 milliards d’euros sur les marchés monétaires, c’est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu’ont le droit de faire les banques privées, la dette qui était de 229 milliards d’euros début 1980 serait totalement remboursée en 2006 grâce aux 263 milliards d’euros économisés et nous disposerions en plus d’un solde de trésorerie positif de 263 - 229 = 34 milliards d’euros. » Pensez-y : 1176 milliards d’euros d’intérêts payés pendant 27 ans, c’est à peu près 120 millions d’euros par jour (oui, par jour) que nous payons aux déjà plus riches qui d’ailleurs peuvent ainsi nous les reprêter à nouveau contre intérêt..
Et ces 43 milliards par an, sont l’équivalent de 240 airbus A350, ou de 3 portes-avions “Charles de Gaulle”, ou de 40 000 belles villas sur la Côte d’Azur, ou de l’isolation (en comptant 10 000 euros par foyer) de 4 270 000 logements, ou un salaire net de 18000 euros annuel, salaire médian en France, à 2 380 000 personnes … mais vous pouvez trouver d’autres exemples !
Le recours à l’emprunt par l’État, qui pouvait se concevoir lorsque la monnaie était représentative d’une certaine quantité de métal (or ou argent) qui à un moment pouvait manquer dans les caisses de l’État, n’a maintenant plus aucune justification depuis que la monnaie est totalement dématérialisée. Nous préconisons au niveau national, une reprise du droit de seigneuriage - droit régalien d’émettre la monnaie. NOW !
Je viens de lire « Sept jours qui ébranlèrent la finance », un article de Jacques Sapir. Avec une clarté remarquable (même pour moi, qui ne suis pas du tout un économiste), ce texte analyse le mécanisme de la crise et ses probables conséquences à moyen et long terme.
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/09/22/816-sept-jours-qui-ebranlerent-la-finance
Précipitez-vous, ça en vaut la peine !
Nicolas Sarkozy rencontrait lundi 22 septembre à New York le responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) à New York, Tim Geithner, pour discuter de la crise financière internationale. Il s’exprimera à l’Onu mardi après des entretiens avec Ban Ki-moon et différents chefs d’Etat.
http://www.impots-utiles.com/crise-financiere-sarkozy-en-visite-a-new-york.php