L’université d’été du Medef débute mercredi sur le campus de HEC. Trois jours de débats autour de "l’étrangeté du monde".
Miraculée à son poste de patronne des patrons, Laurence Parisot n’a rien changé à ses habitudes. Et tant pis si elles font toujours s’étrangler une bonne partie des caciques de l’organisation. Cette année encore, donc, l’université du Medef qui s’ouvre aujourd’hui à Jouy-en-Josas (78) a choisi un thème détonnant voire déconcertant : « l’étrangeté du monde, mode d’emploi ».
Après avoir détourné Proust l’an passé [1], le Medef qui a des lettres qu’on-se-le-dise, pioche cette fois pour lancer sa rentrée chez Heidegger et son concept d’Unheimlichkeit [2]. Osé. Les mauvaises langues ne manqueront pas d’y voir une nouvelle facétie de la coach personnelle de Parisot, Rosine Lapresle-Tavera, ancienne prof de philo qui facture ses fulgurances 300 000 euros l’an.
Que chacun se rassure cependant, il sera peu question de l’auteur d’Etre et Temps dans la douzième édition de l’université d’été du Medef ce que Parisot n’hésite pas à qualifier de « Davos français ».
« L’ampleur et la violence de la crise, l’accélération brutale des mutations, le déplacement des centres de gravité économiques ont ébranlés nos repères, nos habitudes et nos certitudes. Nous ne sommes plus face au monde que nous connaissions, il nous est moins familier, il nous apparaît soudain presque inquiétant, étrange en tout cas », explique Parisot en introduction au copieux programme de ces trois jours de débat.
Pour répondre aux innombrables questions posées par les organisateurs ( « La Chine est-elle l’avenir de la Chine ? » « Les règles du jeu sont-elles toujours réglo ? » ou « S’adapter, une valeur ou un crime ? ») pas moins de 145 intervenants sont attendus.
Pour le cachet international de cette édition, Jacques Diouf, le DG de la FAO, Hari Bhartia, homologue indien de Parisot ou encore Tom Donohue, président de l’US chamber of commerce ont été conviés. Côté politiques, la ministre de la "rilance" Christine Lagarde et ses collègues Rama Yade, Hervé Morin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Hervé Novelli seront de la partie, entourés de quelques personnalités comme André Santini, Jean-Pierre Raffarin, Hubert Védrine, Laurent Fabius, Hervé Mariton, Jean-François Copé ou Gérard Longuet.
Reste que cette année, crise oblige, le budget du grand raout a été singulièrement revu à la baisse. Moins de participants, moins d’intervenants, l’édition 2010 devrait être plus sobre que les précédentes. Faute de places de parking suffisantes, les patrons ont même été conviés à faire du covoiturage ! Les temps étranges sont durs pour tout le monde.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
[1] Le thème 2009 était « A la recherche des temps nouveaux »
[2] Dans Les Echos, Laurence Parisot évoque également un clin d’œil à Freud et Perec