Quel taux de croissance pour la France en 2009 ? A lire entre les lignes des récentes déclarations de nos chers gouvernants, il semble que ce petit monde ait bien du mal à se mettre d’accord. Et s’il n’y avait que ça…
À Bercy, on regrette en ce début septembre le bon vieux temps où les délais d’impression des documents budgétaires à envoyer au Parlement étaient tels qu’il fallait que la loi de finances soit entièrement bouclée pour la fin du mois d’août… Car maintenant que l’informatique permet de tout réaliser en 48 heures, cela laisse bien du temps pour débattre et surtout pour se battre. Les thèmes de querelle autour du budget sont multiples. En particulier, plus personne ne sait où on en est sur les réformes fiscales à présenter dans le cadre de la prochaine loi de finances.
Pour l’instant, l’affrontement se concentre sur le problème du taux de croissance à afficher pour 2009. Fillon, à qui tout le monde répète que ses jours à Matignon sont comptés, se verrait bien tomber en homme de rigueur. Il ne parle plus que de transparence et d’honnêteté des chiffres. Il clame en outre que si la France veut rester dans la course au niveau économique mondial, il lui faut réduire son déficit budgétaire tout en acceptant le constat d’une croissance lente. C’est pourquoi il a d’ores et déjà évoqué un taux de 1% pour 2008 et 2009. Il considère que c’est là le maximum de ce que l’on peut annoncer car les notes d’experts qu’il a sur son bureau tablent sur 0,7% en 2009. S’il n’est pas besoin évidemment vu la précision réelle de ce genre de prévision de s’engager dans une querelle de 0,3 point, il n’en reste pas moins que la tentation de Fillon est de partir du chiffre le plus bas possible.
S’il a le soutien d’Eric Woerth, en revanche, Christine Lagarde défend l’idée que la croissance suppose la confiance et qu’on ne crée pas la confiance en multipliant les mauvaises nouvelles et les annonces catastrophistes. Il faut dire qu’elle ne décolère pas contre le désaveu que lui a infligé Fillon en début de semaine dernière après son interview à La Tribune. Celui-ci a non seulement démenti ses propos sur la croissance, mais il a également écarté sèchement ceux sur une réduction à venir de l’ISF. Se sentant d’autant plus humiliée qu’elle avait l’accord de l’Elysée sur ce qu’elle a déclaré à La Tribune, elle a décidé de pourchasser Fillon de sa vindicte, rejoignant ainsi le camp élyséen bien que celui-ci continue à superbement l’ignorer.
La bataille devrait s’amplifier car le combat sur le taux de croissance n’est rien à côté de ce qui se dessine sur la fiscalité. Les fonctionnaires de Bercy ont récapitulé pour obtenir des décisions claires et précises toutes les annonces faites depuis un an sur les impôts. Ils n’ont pas hésité à se vouloir exhaustifs et à donc ressortir des idées qui pourtant semblaient n’avoir vécu que l’espace d’un communiqué de presse comme la volonté de Christine Albanel de créer une taxe sur les chambres d’hôtel de luxe pour financer l’entretien des monuments historiques… Il ne faudrait pas en effet que le dernier en date des débats fiscaux, celui sur le financement du RSA occulte les problèmes précédemment soulevés comme celui des niches fiscales ou les aspects plus techniques des réformes engagées comme l’avenir des réductions d’impôt en faveur des femmes ayant élevé seules leurs enfants. L’affaire va être compliquée à mener car d’un récent contact avec Nicolas Sarkozy, Eric Woerth a retiré la conviction que fondamentalement, tout cela ennuyait le Président ….
Tout cela est fort réjouissant. Comme au cirque, on paye sa place pour voir les clowns et les acrobates. Et en musique.
Demandez le programme (économique) demandez !
Il est devenu évident que l’ambition ne tien pas lieu de talent.
Mais pendant ce temps-là, les français souffrent des effets calamiteux des mesures neocons-libérales. La destruction entreprise commence à laisser voir ses finalités.
Une bonnne petite guerre pour relancer la croissance, et la flamme patriotique pendant qu’on y est ? Allez, rira bien qui rira le dernier…