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Le Hezbollah en petite forme

Liban / jeudi 30 juillet 2009 par Anne Giudicelli
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Entre les dernières élections législatives au Liban qu’il a perdu et une situation régionale qui lui échappe, le Hezbollah est dans une mauvaise passe.

Faut-il s’inquiéter des derniers incidents dans le sud du Liban ? Alors que le pays avait retrouvé un semblant de sérénité depuis les élections législatives du 7 juin, au point de voir sa capitale envahie par un afflux record de touristes visiblement rassurés par la victoire du camp pro-occidental conduit par Saad Hariri, voilà que l’explosion d’un dépôt d’armes est venu brutalement mettre le feu aux poudres. Et faire voler en éclat le fragile équilibre du moment.

Il y a d’abord eu cette étrange série d’explosions le 14 juillet dans des bâtiments abandonnés en plein dans la zone contrôlée par le contingent français détaché auprès de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). Celle-ci est chargée aux côtés de l’armée libanaise de vérifier le respect de la résolution 1701 à l’issue de la guerre de juillet 2006 entre Israël et le Hezbollah. Arrivés sur place pour constater les dégâts, les soldats français se sont heurtés à un accueil viril des habitants du village voisin situé en plein fief Hezbollah, qui leur ont interdit par caillassage interposé d’inspecter le site. On compte quatorze blessés chez les casques bleus, forcés à se replier mais pas à en rester là.

L’ONU hausse le ton

L’affaire est remontée aussi sec à New York, au siège des Nations Unies. A l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée le 23 juillet par les Etats-Unis, l’ONU a haussé le ton. Si des violations au cessez-le-feu avaient jusque-là plutôt été reprochées à Israël, l’organisation internationale a cette fois désigné, et sans conditionnel, le Hezbollah coupable. Coupable d’entraver l’action de la FINUL en mobilisant la population civile contre elle ; coupable de posséder et d’entretenir « activement » des dépôts d’armes, et donc de violer l’embargo sur les armes imposé par la résolution 1701. Une première.

Après sa défaite aux législatives, le Hezbollah est en petite forme - JPG - 29.1 ko
Après sa défaite aux législatives, le Hezbollah est en petite forme
© Khalid

Et une aubaine pour Israël qui n’a de cesse de dénoncer les limites du mandat confié aux Nations Unies et les « violations récurrentes » du Hezbollah depuis la mise en application de la résolution : à moins d’un mois de la réunion programmée au Conseil de sécurité qui doit étudier son renouvellement, cette affaire lui fournit un bon levier pour faire monter la pression et obtenir de l’ONU un élargissement plus offensif de ses capacités d’intervention, notamment en matière de renseignement. Ce qui ne plaît pas à tout le monde.

Un avertissement du Hezbollah ?

Pour la France, qui par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a dénoncé ces « actes intolérables » à l’encontre des casques bleus, le mandat de la FINUL est en l’état « extrêmement solide » et un changement des règles d’engagement n’est pas pour autant à l’ordre du jour. Voire risqué : ce serait placer la FINUL et les quelques 1 500 soldats français qui la composent en acteurs d’un conflit prêt à se re-déclencher à la moindre provocation, et transformer le Sud Liban en bourbier. Même si, comme le reconnaissait il y a encore peu les responsables de la FINUL, « le Hezbollah joue le jeu » de la cohabitation imposée par la résolution. Du moins jusque-là.

Car même si l’enquête de l’ONU n’a pas encore établi l’origine de ces explosions, les experts du renseignement français sont enclins à penser que le Hezbollah pourrait avoir volontairement créé cet incident. « Il faut le prendre comme un avertissement : “nous pouvons toujours agir contre vous” », résume l’un d’entre eux. Et qu’Israël cherche à l’exploiter, « c’est de bonne guerre ». De là à y voir un effet recherché… Un pas que certains n’hésitent pas à franchir.

Le « Parti de Dieu » dans une mauvaise passe

Sorti victorieux des accords de Doha, le Hezbollah allié aux partis chiite Amal et chrétien du Courant Patriotique Libre (CPL) de Michel Aoun s’attendait à en recueillir les fruits dans les urnes et n’a pas digéré sa défaite du 7 juin, qu’il attribue par défaut à une manipulation du clan Hariri, avec l’aide de l’Arabie Saoudite et des pays occidentaux qui le soutiennent. Affaibli au plan national, le parti dirigé par Hassan Nasrallah doit de surcroît faire face à une nouvelle situation régionale qui ne joue pas en sa faveur. « Le Hezbollah est comme tétanisé », analyse un spécialiste libanais du mouvement. « Il n’a aucune prise sur la nouvelle dynamique de dialogue qui prévaut dans la région et cela affecte sa capacité à se déterminer une nouvelle stratégie ».

Il est vrai que le rapprochement syro-saoudien encouragé par les Etats-Unis pour parvenir à un accord sur la délicate formation du gouvernement sans risquer un nouveau blocage politique n’arrange pas en effet ses affaires. En contrepartie, la Syrie pourrait ouvrir des négociations avec Israël sur le plateau du Golan occupé par l’Etat hébreux depuis 1981, et revoir dans la balance son soutien au Hezbollah.

Sans compter les événements post-électoraux en Iran, son puissant parrain et financier : au-delà de la sérénité affichée par son Secrétaire général quant à la solidité du régime iranien soumis à la rude épreuve de la contestation populaire « manipulée par l’occident », les décideurs du parti, selon un universitaire chiite pro-Hezbollah, « ont été profondément ébranlés » par la remise en cause conduite par l’opposant réformateur Mir Hossein Moussavi de l’autorité du guide suprême, l’Ayatollah Ali Khameneï. L’un des cadres du parti libanais a même lâché à Bakchich qu’ « une victoire de Moussavi aurait été catastrophique pour nous »

Mais il y a pire encore : le Hezbollah pourrait faire les frais des petits désaccords entre amis américains et israéliens concernant la poursuite de la construction de colonies israéliennes en Cisjordanie, auxquelles s’oppose l’administration Obama, et la gestion de la menace nucléaire iranienne, que le Premier ministre israélien verrait bien expéditive et militaire quand la Maison Blanche la veut – encore - diplomatique. Les Libanais redoutent que les Etats-Unis « lâchent » aux Israéliens sur le Liban en contrepartie des arrangements que les deux alliés sont en train de négocier. Et notamment en accédant aux exigences israéliennes sur un renforcement du mandat de la FINUL« Le Hezbollah est sous pression », remarque cet expert libanais. « Il peut être tenté dans ce contexte de faire un « coup » pour redorer son blason, et faire prévaloir son statut de mouvement fort opposé à Israël pour assurer sa survie ». Bienvenue au Liban.

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8 MESSAGES
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Forum

  • Le Hezbollah en petite forme
    le vendredi 19 février 2010 à 11:02, arminius a dit :
    "Quant à une attaque sur l’Iran, si elle se produit : 1-Elle sera le résultat de l’impotance à faire respecter les accords de non prolifération SIGNES par l’IRAN LUI MEME." ………….Toujours les meme personnes qui posent plein de question a l’iran (qui tient compte en temps reel de ses recherches sur le nucleaire) mais ou en est on des visites et inspection des sites et arsenal nucleaire israelien par la communauté internationale et à quand une signature au TNP par israel ?
  • Toujours trop loin de la vérité
    le lundi 3 août 2009 à 17:51, salam a dit :

    1 - vous passez un peu à côté de la plaque, Walid Joumblat vient de basculer de camp (chose prévu depuis longtemps), et de regretter ses positions et surtout sa visite aux états unis de G W Bush. et très prochainement il visitera la Syrie…

    2 - Après les altercations (regrettable) entre FINUL et Habitants du village, tous les dirigeants de la FINUL ont fait le tour des dirigeants de l’opposition pour calmer le jeu et dire que la FINUL n’a pas le droit de fouiller les maisons des libanais… ce n’est pas son rôle.

    3 - "les décideurs du parti, selon un universitaire chiite pro-Hezbollah, « ont été profondément ébranlés » par la remise en cause conduite par l’opposant réformateur Mir Hossein Moussavi " ça c’est du journalisme, un universitaire pro hezbollah voit souvent Nasrallah pour discuter avec lui.

    C’est léger comme raisonnement…

  • Le Hezbollah en petite forme
    le lundi 3 août 2009 à 15:58, PIERRE a dit :
    L’analyse d’Anne Guidicelli comporte un certain nombre de remarques intéressantes. Cependant, la clé de l’avenir politique du pays à court terme est entre les mains du leader druze Walid Joumblatt, qui avec son groupe parlementaire peut faire basculer la majorité en minorité, et donc renforcer le Hezbollah. Or, il avait déjà commencé à se repositionner avant les élections ( tout en restant officiellement dans la majorité ), si bien que dès le départ elles étaient en réalité tronquées et en trompe l’oeil,ce que n’ignorait pas le Hezbollah. CQFD
  • Le Hezbollah en petite forme
    le dimanche 2 août 2009 à 11:43, Tyr a dit :
    Un "spécialiste du mouvement", s’il est libanais, analysera toujours les faits selon ses propres désirs.
  • Le Hezbollah en petite forme
    le vendredi 31 juillet 2009 à 14:22, Wils a dit :

    J’ai particulièrement apprécié le "nazisraelien" de l’un des commentaires.

    Cet incident est extrèmement révélateur de la parie imergée de l’iceberg nommé "hezbollah".

    Voici donc des depots d’armes et de munitions qui sautent intentionnellement ou pas, peu importe. L’ONU s’était pourtant ENGAGE de la manière la plus explicite à INTERDIRE TOUT ARMEMENT autre que celui de l’armée libanaise.

    Un contingent, avec des soldats français, est CENSE assurer cet engagement.

    Non seulement cet engagement n’est pas assuré, mais les forces de l’ONU chargées de le faire respecter, ne sont MEME PAS A MEME de constater une explosion.

    Le survol à basse altitude, du territoire libanais, qui s’éxplique aisément, au su des événements, par des avions israeliens A ETE IMMEDIATEMENT SUIVI de critiques acerbes.

    Dés la mise en place de cette force internationale, Israel a informé l’ONU des transferts d’armes et de combattants, et ceci sans résultat. Sans parler du nombre de fois ou cette force internationale EST INCAPABLE de VERIFIER OU INSPECTER quoi que se soit.

    Leur chef, en personne, n’a PAS ETE AUTORISE a se rendre sur un site spécifique, C’EST DIRE la valeur des engagements pris par la communauté internationale.

    Que ce soit au Liban ou à Gaza, le scenario est le meme, on exige l’arret des combats contre un controle international, qui n’EST JAMAIS APPLIQUE. Israel a TOUTES LES RAISONS DU MONDE de ne JAMAIS prendre pour argent comptant CES ACCORDS DONT L’ECRITURE N’A MEME PAS SECHEE, qu’ils sont enfreints.

    Quant à une attaque sur l’Iran, si elle se produit : 1-Elle sera le résultat de l’impotance à faire respecter les accords de non prolifération SIGNES par l’IRAN LUI MEME.

    2-Le hezbollah est un souci TOUT A FAIT SECONDAIRE à cet effet.

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