L’ancien correspondant au Moyen-Orient, rallié à l’UMP, pourrait prochainement devenir ambassadeur de France en Erythrée.
Le journaliste Roger Auque a été proposé par Bernard Kouchner pour devenir ambassadeur de France en Erythrée. Une procédure d’agrément est en cours auprès de ce pays pour avaliser le nom du remplaçant de Pierre Coulont qui part à la retraite.
Selon le blog de Renaud Revel (L’Express), c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui cherchait depuis quelques mois un point de chute pour Roger Auque, rencontré quelque temps auparavant à l’Elysée où son conseiller diplomatique Jean-David Levitte suivait le dossier.
Roger Auque avait commencé une carrière politique sous les couleurs de l’UMP en devenant en mars 2008 conseiller municipal du IXème arrondissement de Paris.
A ceux qui s’étonnaient qu’un journaliste s’engage ainsi, il assurait qu’il a toujours été « libre et indépendant » et que cela ne changerait pas. Le journaliste avait été détenu pendant près d’un an en 1987 au Liban par le mouvement chiite Hezbollah. Après de nombreuses années à couvrir les conflits au Moyen-Orient pour de nombreux médias, « le baroudeur, playboy et candidat », comme l’a présenté gentiment le Monde (5 mars 2008), avait « envie de passer à autre chose ». « Faire bouger les lignes ».
Aux dires de plusieurs de ses confrères, l’homme est « séduisant et très sympathique ». L’on pourrait rajouter modeste. Ainsi se définissait-il lui-même comme faisant partie du club très fermé des « seigneurs de la presse », les correspondants de guerre.
Un avis que tous ne partagent pas. Ainsi, plusieurs journalistes, correspondants à Bagdad ou à Beyrouth, racontent que l’ami Roger ne sortait pas de sa chambre s’abreuvant de dépêches pour assurer ses nombreux directs pour divers médias francophones. Lui même ne s’en cache pas. Lors d’un chat sur le site du Nouvel observateur, il racontait ainsi une journée type d’un correspondant multicartes : « Tôt le matin, je fais des papiers pour les radios françaises, suisses, belges et canadiennes, je regarde les chaînes de télévision arabes, les dépêches des agences, je me fais traduire les journaux irakiens. Ensuite, je fais mon footing le long du fleuve au milieu des roseaux, sous le soleil. Ensuite, des informateurs ou des responsables irakiens viennent me voir, prendre le café. Parfois, je sors dans Bagdad pour un Rdv précis mais toujours très bref car je pense que pour bouger dans Bagdad, les journalistes doivent désormais avoir une protection armée. Et le reste de la journée, je fais les plateaux, les directs pour les télévisions ». Seigneur de la presse, un métier.
En 1997, Roger Auque a été condamné pour contrefaçon pour avoir recopié, tout en en changeant le sens, une partie du reportage en Israël d’un journaliste de l’hebdomadaire La Vie. Son employeur d’alors, Paris-Match, a écopé de 300.000 francs d’amende. Une somme record pour l’époque. Un petit manque d’inspiration qui lui vaudra d’être remercié. Le poids des mots en quelque sorte…
Et pour écarter la concurrence, Roger Auque fait preuve d’une certaine détermination. Ainsi, en 2004, après une rixe à Bagdad avec Paul Moreira, alors journaliste à Canal +, il n’a pas hésité à contacter la direction de la chaîne pour dénoncer le comportement « scandaleux et dangereux » de leur journaliste ajoutant qu’ « au grand dam de l’ambassade de France à Bagdad, Paul Moreira et Véronique Robert ont gêné les négociations entreprises par la diplomatie française, et peut-être mis en péril la vie des otages français (Chesnot et Malbrunot, ndlr), en essayant de rencontrer des membres de la guérilla irakienne. » Allégations que la justice a reconnues diffamatoires et pour lesquelles il a été condamné, fin 2007, à verser des dommages et intérêts aux deux journalistes.
C’est tout Auque. pour Le Monde son père est assureur, pour son pote il est ouvrier ? Voilà un ambassadeur plain de mystère. La question est : qu’a fait Auque à Rapahaëlle pour mériter cet inimaginable coup de brosse à reluire ? Pour ce qui est de L’IHEDN, si le pouvoir accèpte d’y inscrire une chèvre, elle peut suivre ses "cours", du bidon.
JM BOURGET
Voici l’article du Monde au moment des municipales.Un monument qui a fait rigoler ceux qui connaissent le Roger.
Le Monde : Aussi loin que ses copains s’en souviennent, Auque a presque toujours eu dans son sillage des filles à longues jambes et microjupes. Sur les marchés, son sourire enjôleur lui vaut d’ailleurs pas mal de succès, mais les copains n’imaginent pas non plus qu’il soit un acharné des cages d’escalier.
En apprenant qu’il voulait faire de la politique, Arnaud Montebourg lui avait bien proposé : « Viens au PS ! » Auque a opté pour l’UMP, parce que, dit-il, « je suis une sorte de bobo, anarchiste de droite. Pour les couloirs de bus, contre le nucléaire et favorable aux 35 heures, parce que dans ma jeunesse j’ai bossé en usine sur une fraiseuse. Contre l’adoption par les homosexuels, pour la défense de la République et des valeurs chrétiennes ». Avec un tel viatique, l’UMP l’a casé en deuxième position derrière Delphine Burkli dans le 9e arrondissement de Paris, où il balade sa réputation de baroudeur, ses souvenirs d’ancien otage à Beyrouth et son oeil de reporter de guerre.
Lors de ses premières réunions électorales, il a d’ailleurs tout de suite vu que « cela canardait pas mal », entre les colistiers de Françoise de Panafieu. Il a aussi compris que la bataille était probablement perdue pour la droite à Paris. Roger Auque en a tiré une première conclusion : « Il y a autant de ringards en politique que dans les médias. » Mais il n’a jamais été du genre à déserter les fronts difficiles. Il tient donc son rôle de candidat people face au candidat people dépêché par les socialistes, le comédien Philippe Torreton. Et mène sa campagne iconoclaste avec, au fond, une seule motivation : « J’ai horreur des journalistes engagés. J’ai envie de faire de la politique, donc je passe de l’autre côté de la barrière, plutôt que d’emmerder tout le monde dans mes papiers. »
En politique, c’est un ovni. La droite, qui a repéré depuis longtemps ce reporter qui se dit gaulliste quand la majorité des journalistes a le coeur à gauche, a d’ailleurs toujours hésité à s’en emparer. En 1993, Jacques Chirac et Alain Juppé avaient pensé l’envoyer à Montpellier. Six ans plus tard, Brice Hortefeux a joué les ambassadeurs pour lui auprès de Nicolas Sarkozy. « J’aurais bien aimé être député européen, se souvient Roger Auque, et Sarkozy, avec qui je faisais de temps en temps un jogging à Neuilly m’a gentiment reçu. Mais il n’y avait pas de place en position éligible… » C’est finalement Alain Marleix, secrétaire d’Etat aux anciens combattants et grand spécialiste de la carte électorale à l’UMP, qui lui a conseillé de reprendre les choses à la base : « Fais un essai aux municipales. »
Auque, jusqu’ici, avait plutôt été du genre à bourlinguer. Adolescent, il aurait voulu être officier de marine, « faire Navale ». Il a choisi le journalisme par goût de l’aventure. Dans la famille Auque, c’est un joyeux mélange idéologique. Son père, assureur à Roubaix, était un gaulliste de gauche et un ancien d’Indochine. Sa mère était communiste. A 20 ans, le jeune homme, qui a quitté le Nord pour Paris, s’est inscrit en faculté d’anglais et à Langues O’, pour apprendre l’arabe. Une jolie fille l’entraînera à sa suite au Liban. « Je me suis retrouvé à combattre du côté chrétien, avec une myriade de jeunes de mon âge, se souvient-il, des Libanais mais aussi des Américains et des Français un peu fascisants qui faisaient le coup de poing contre des musulmans progressistes. » Politiquement, le voilà franchement déniaisé. Mais surtout, il est tombé amoureux du Liban. Il ne va avoir de cesse d’y revenir.
De retour en France, il fait une école de journalisme, obtient sa carte de presse, et le voilà en 1982 dans le bureau de Göksin Sipahioglu, mythique fondateur de l’agence de photo Sipa. Il n’a qu’un appareil photo et son culot pour toute fortune mais veut absolument repartir couvrir la guerre au Liban. « Au feeling », Sipa lui procure billet d’avion et argent liquide, et l’envoie sur ses premiers reportages de guerre. Là-bas, il mène la vie dont il rêve : « J’étais grand reporter baroudeur et play-boy en même temps », sourit-il. Le matin, il couvre les combats pour les agences de photos et Time Magazine. Enregistre ses reportages pour les radios l’après-midi. Ecrit ses papiers pour les journaux, le soir. Hante les fêtes la nuit.
Quand les enlèvements commencent à Beyrouth, la plupart des journalistes occidentaux sont partis. Lui, prend des gardes du corps et porte un.38 à la ceinture qui achève d’impressionner les filles. Le 13 janvier 1987, pourtant, alors qu’il revient d’une interview avec Terry Waite, l’émissaire anglican qui tente d’obtenir la libération d’une quinzaine d’otages occidentaux, des voitures bloquent sa rue et une dizaine de types brandissant des fusils-mitrailleurs l’enlèvent en bas de son immeuble, en plein Beyrouth-Ouest.
Il passera onze mois et demi en captivité, enchaîné seul, jour et nuit. Ses geôliers du Hezbollah libanais lui apportent cependant des livres, prélevés dans le stock d’une librairie bombardée, dont une Bible en anglais. « Je n’étais pas baptisé et ma famille était plutôt anticléricale. Mais je suis devenu croyant et profondément chrétien. » Psychologiquement, il ne cède rien. « Auque n’a jamais accordé d’importance aux idéologies. Contrairement à un Michel Seurat, mort en détention, il n’avait aucune sympathie particulière ou compréhension quelconque pour la cause de ses geôliers, constate son ami, Samy Ketz, qui dirigeait alors le bureau de l’AFP à Beyrouth, et paradoxalement, cela l’a sans doute aidé. »
Il sera libéré le 27 novembre 1987, par l’entremise de Jean-Charles Marchiani et de Charles Pasqua. Dans l’avion qui le ramène en France, alors qu’il demande à Pasqua ce qui s’est passé pendant son absence, le ministre de l’intérieur, qui sait déjà tout de Roger Auque, résume en trois phrases ce qu’il a raté : « J’ai arrêté les gens d’Action directe, Platini a raccroché et Dalida s’est suicidée. »
Six mois plus tard, Marchiani lui offrira son premier scoop de journaliste libre en lui donnant rendez-vous, entre les deux tours de la présidentielle, dans un minuscule aérodrome de Salonique. Là, un Falcon immatriculé en Suisse se pose dans la nuit noire. A son bord, les trois derniers otages du Liban, Marcel Carton, Marcel Fontaine et Jean-Paul Kauffmann, à qui Auque confiera sa pellicule de photos afin que, à l’arrivée à Paris, Paris Match puisse récupérer le reportage de sa propre libération.
Depuis, Auque cherche l’adrénaline. La presse se méfie parfois de ce reporter qui, en 1992, fut épinglé par le Canard enchaîné pour avoir plagié des passages entiers du reportage d’un de ses confrères. Mais il a gardé le goût de l’aventure, du Paris-Dakar, de la guerre en Irak, pour laquelle il a dégoté le dernier passage en avion pour Bagdad, dont il fera profiter quelques confrères. Il n’est pas sûr que la politique lui apporte les mêmes satisfactions.
Je trouve vos commentaires à l’endroit de Roger Auque quelque peu déplacés. De tous ceux qui s’apprêtent à cracher leur fiel sur la personnalité de Roger Auque - et je ne leur donne ni tort ni raison car leur jugement leur appartient -, je suis de ceux qui l’ont bien connu dans sa prime jeunesse. Loin de moi l’idée d’en faire un saint, mais le fils d’ouvriers qu’est Roger s’est fait seul, sans appui et sans ressources, et ce pour réaliser son rêve de gosse : devenir correspondant de guerre. Lycéen, il a exercé nombre de petits métiers pour gagner sa croûte. Doit-on lui reprocher ? Bien au contraire, on ne peut que féliciter un étudiant qui travaille de nuit pour payer ses études. On nous parle d’éthique, de déontologie et de savoir-vivre confraternel dans une profession où pullulent les grenouillards confondant rumeur et information. J’ai connu Roger libertaire comme d’autres étaient maos ou trots. Ces derniers occupent aujourd’hui des postes éminents dans les grandes entreprises et ailleurs, nommés là par des cercles et des réseaux qu’ils voulaient "casser" étant jeunes. Ca ne me choque nullement de voir Roger Auque siéger sur les bancs de l’ump de la mairie du 9ème ou d’être nommé ambassadeur (en a t-il la dimension ? Je crois qu’il est dipômé de l’Institut des hautes études stratégiques). Non, le Roger que j’ai connu ne correspond en rien à l’image que l’on veut bien nous restituer de lui. Malgré tous ses défauts - et qui n’en a pas-, Roger reste un type honnête, sincère, généreux et courageux.
YS
Pour être plus complet, j’ai rencontré Auque à Beyrouth en 1982. Il venait de quitter son emploi de garçon de café pour fricoter avec le service de renseignements des Kataeb, milice chrétienne d’extrême droite fondée par Gemayel, lequel, impressionné par Hitler en 1936 a copié son groupe paramilitaire sur le modèle nazi. Roger était aussi correspondant pour une radio canadienne. Personne, dans Beyrouth-ouest, dans la communauté des journalistes, ne voulait fréquenter ce personnage. D’autant que les Kataeb étaient les alliés d’Israël, pays où Roger ne compte que des amis, auxquels il a rendu quelques services. Grand pote de Marchiani et de Safa,un milliardaire libanais recherché par la justice française, pendant son bref temps de passage à Match, avant d’être viré pour plagiat, il a inondé le journal de petites infos très positives sur des gens comme ce Safa. Toutes proportions gardées, que Auque soit ambassadeur c’est aussi grave que Jean Sarkozy à l’Epad. C’est la République des enfants et des potes, quelque soit leur passé et leurs compétences.
JM BOURGET
Certes mais il y a une différence …
Le président nomme qui il veut sur un poste d’ambassadeur, du moment que le pays hôte accepte les lettres de créance. Il n’aura pas le titre et rien n’empêchera le gouvernement suivant de le lourder, surtout si il est nul comme vous l’affirmez.
C’est un peu comme la présidence du conseil génral des Hauts de Seine : si ils sont suffisamment bêtes pour choisir le petit cancre benêt pour représenter l’UMP, c’est leur problème … On pourra même l’affubler d’un préfet à la noix, parce que pour être préfet, c’est pareil : pas besoin de diplôme si le président décide de vous nommer !