Au Liban aussi on vote aujourd’hui ! Des élections législatives clefs à l’issue incertaine, surveillées de près par les Etats-Unis et Israël.
Les Libanais retiennent leur souffle. Le spectre d’un nouvel embrasement plane sur les élections législatives pour lesquelles ils votent ce dimanche. Et les dernières semaines de campagne, marquées par un durcissement du discours confessionnel et les attaques personnelles entre les différentes figures des courants de la majorité et de l’opposition, ré-ouvrant les vieilles plaies issues de la guerre civile, n’ont fait que renforcer les craintes d’une telle perspective. Au point que même le déroulement du vote a été placé sous haute surveillance, avec la présence de quelques 30 000 soldats et policiers déployés autour des bureaux de vote et 20 000 autres sur l’ensemble du territoire.
A croire que les accords de paix signés à Doha le 21 mai 2008 entre les factions politiques rivales, mettant officiellement un terme au blocage du pays et aux conflits sanglants qui avaient suivi, n’ont rien réglé. Pire. Le pays apparaît plus divisé encore qu’il ne l’était au lendemain de l’assassinat du Premier ministre sunnite Rafiq Hariri, le 14 février 2005, qui avaient vu naitre deux blocs politiques antagonistes. Depuis, le mouvement majoritaire anti-syrien et pro-occidental du « 14 mars » - alliance des sunnites du Courant du Futur de Saad Hariri, des druzes du Parti Socialiste Progressiste (PSP) de Walid Joumblatt, des chrétiens des Forces Libanaises (FL) de Samir Geagea et de la Phalange d’Amin Gemayel - et le mouvement d’opposition du « 8 mars » - alliance des partis chiites pro-iraniens, Hezbollah et Amal et du mouvement chrétien pro-syrien du Courant Patriotique Libre (CPL) du général Michel Aoun - n’ont eu de cesse de s’affronter.
Les négociations de Doha initiées pour relancer le dialogue interlibanais, que la communauté internationale avait applaudi, la France en tête, avaient certes permis qu’un Président de la République puisse enfin être élu – par voie parlementaire au Liban. Et dès le 25 mai, après des mois de vide institutionnel et politique. Le consensus autour du Général Michel Sleiman n’avait pas été difficile à trouver : au pays du Cèdre, les prérogatives présidentielles restent réduites à la seule fonction d’arbitre. Le vrai enjeu du pouvoir se joue en réalité dans ce scrutin et les résultats pourraient bien faire voler en éclats les consensus de façade paraphés à Doha.
Grands gagnants de ces accords, le Hezbollah et ses alliés avaient obtenu ce qu’ils demandaient : la formation d’un gouvernement d’unité nationale, qui leur attribue une minorité de blocage, lui permettant notamment d’empêcher le désarmement de sa milice comme l’exige l’ONU. La nouvelle loi électorale adoptée à Doha leur est également favorable pour ces élections, puisqu’elle instaure un redécoupage des circonscriptions qui permet aux chrétiens d’être plus autonomes pour choisir leurs représentants, sans être tributaires comme avant de l’influence de l’électorat musulman. Si leurs alliés du CPL de Michel Aoun et les chrétiens pro-syriens l’emportent dans leurs circonscriptions, comme les analyses le prévoient, alors la majorité au sein du futur gouvernement a toutes les chances de changer de bord au profit d’un camp allié de la Syrie et de l’Iran. De quoi faire s’étrangler les partenaires occidentaux qui militent pour une victoire de l’actuelle majorité, et en particulier Etats-Unis et Israël, qui n’ont pas hésité à intervenir à pieds joints dans la campagne.
Ainsi du vice-président américain, Joe Biden, en visite à Beyrouth le 22 mai, qui a prévenu qu’une victoire du Hezbollah, classé comme organisation terroriste par Washington, menaçait l’aide américaine au pays, que « les Etats-Unis détermineront en fonction de la composition du futur gouvernement libanais ». Quant à Israël, qui avait subi les assauts du Hezbollah durant la guerre des 33 jours pendant l’été 2006, un tel scénario constitue une nouvelle déclaration de guerre, et cette fois, a grondé Ehoud Barak le ministre israélien de la Défense. « L’armée israélienne aura une liberté d’action dont elle n’a pas disposé » trois ans plus tôt… Autant d’arguments que le bloc de l’alliance du « 14 mars », qui n’a pas digéré sa déconfiture à l’issue des négociations de Doha, s’est empressé de brandir pour menacer à son tour de se retirer du gouvernement en cas du changement de majorité - en transgression totale avec les accords de Doha, qui contraignent les parties à « ne pas démissionner du gouvernement et à ne pas entraver son action ».
Face au risque d’un scénario à la « palestinienne » pour le Liban - la victoire du parti islamiste Hamas aux législatives de janvier 2006, qui bien qu’élu démocratiquement, avait été maintenu au ban de la communauté internationale – et des conséquences désastreuses qu’il occasionnerait pour le pays comme pour la région, les dirigeants du Hezbollah s’efforcent de calmer le jeu en assurant qu’ils gouverneront « avec l’ensemble des formations politiques qui feront partie du gouvernement ». Il n’empêche. Tous ont les yeux tournés vers une autre élection : les présidentielles iraniennes du 12 juin. Et la perspective, tant redoutée par les occidentaux, d’une reconduction à la tête de l’Iran du Président Mahmoud Ahmadinejad, ne manquera pas d’être instrumentalisée sur le terrain libanais.
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
Il est particulièrement savoureux de lire les réactions "outrées" à la phrase étonnante : ""Quant à Israël, qui avait subi les assauts du Hezbollah durant la guerre des 33 jours pendant l’été 2006".
Cet affrontement n’aurait donc "rien à voir", avec :
Le harcèlement continu des patrouilles militaires israeliennes opérant EN territoire israelien.
La mort de trois soldats et l’enlèvement d’un soldat supplèmentaire.
Les tirs de roquettes AVANT le début des combats, sur les agglomérations frontalières.
D’ailleurs c’est à se demander, quelle mouche a donc piqué, le gouvernement israelien ???
A mon sens, l’expression "assault" se référait à la quantité ASTRONOMIQUE (des dizaines de MILLIERS) de roquettes tirèes durant les combats, mais que voulez vous, quant le sage pointe la lune, le simplet regarde le doigt.
Cachez donc, ces roquettes, que je ne saurais voir…
Que voulez-vous, le simplet regarde le doigt et le donneur de leçons se l’enfonce dans l’oeil. Et en tire une profonde satisfaction.
Et oui, vous avez bien raison, les ours ont le droit de se défendre contre les abeilles.
Idem que les deux messages précédents : je ne savais pas que le Hezbollah était entré en terre israélienne, avait tout saccagé sur son passage et laissé derrière lui plein de petits cadeaux en souvenir…
Lorsque nous cliquons sur le lien proposé l’article n’a rien à voir sur le sujet. Étonnant…
"Quant à Israël, qui avait subi les assauts du Hezbollah durant la guerre des 33 jours pendant l’été 2006"
Rassurez-moi, c’est de l’humour cette phrase ?
Parce que dans le même esprit, les bombardiers US ont durement subi les radiations émises par le sol des villes de Hiroshima et Nagasaki…