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Tous les coups sont permis au Liban

ORIENT COMPLIQUE / mercredi 20 février 2008 par Kader Atoum
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L’assassinat le 12 février dernier d’Imad Moughnieh, le chef des opérations militaires du Hezbollah, contraint les acteurs de la scène politique libanaise à revoir leurs stratégies.

Quelques soient les analyses des uns, les surenchères des autres, la Syrie demeure le principal acteur de la scène libanaise. Celui qui tire les ficelles. En serinant à tous les visiteurs - arabes comme occidentaux - qui défilent en rang serré à Damas depuis le vide provoqué au sommet de l’Etat libanais, qu’ils sont pour une élection présidentielle avant le sommet arabe qui se tiendra chez eux le 20 mars, les Syriens font profil bas. Et encaissent sans moufter les diatribes de Sâad Hariri, le chef du Bloc Al-Moustakbal (Avenir) et du leader druze, Walid Joumblat. La semaine dernière, ce dernier s’adressait indirectement à la Syrie et au Hezbollah, menaçant de tout brûler si nécessaire. Si ses lieutenants ont tempéré ses propos dès le lendemain, les esprits ne se sont pas calmés pour autant. Loin de là… Les tensions entre les deux camps de la majorité dite du "14 mars" et l’opposition baptisée "8 mars" atteignent même des sommets.

Ce blocage politique résulte du bras de fer engagé entre ceux qu’on appelle les « 2 S », à savoir la Syrie et l’Arabie Saoudite, comme le souligne le président du Parlement libanais, Nabih Berri. Résultat : au Liban, en attendant une issue qui tarde à venir, toutes les parties en conflit mobilisent leurs troupes, achètent des armes, créent des camps d’entraînement dans leurs fiefs respectifs. Tous, excepté le Hezbollah qui ne mange pas de ce pain et affirme que ses combattants n’ont qu’un objectif : faire face à l’ « ennemi sioniste » qui occupe toujours une partie du Sud-Liban.

Le Hezbollah pense à répondre - JPG - 41.3 ko
Le Hezbollah pense à répondre
© Khalid

Un message à l’attention de la majorité du 14 mars

Le 13 février, soit à la veille des commémorations de la mort de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, l’assassinat de l’un des principaux leaders de l’ombre du Hezbollah, Imad Moughnieh, à Damas, ainsi que la décision de son parti de l’enterrer le lendemain à Beyrouth est un message à qui de droit au sein de la majorité du 14 mars. En clair : la tolérance a atteint ses limites et chacun doit maintenant assumer ses positions et ses responsabilités. Des voix au sein du Hezbollah s’élèvent aujourd’hui pour évoquer le discours et les déclarations de Walid Joumblat qui, il y a quelques mois, accusait Mougnieh d’être le responsable de l’attentat commis en 1983 contre l’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth.

L’assassinat d’Imad Moughnieh aura sans doute des conséquences sur la stabilité du Liban. Si le Hezbollah va, selon les spécialistes, répondre partout dans le monde pour montrer qu’il a le bras long, la Syrie, qui considère que les lignes rouges ont été franchies en tuant Mougnieh sur son territoire, devrait riposter au Liban. Il faut s’attendre à des coups visant les soi-disant "agents" des Israéliens parmi les leaders des forces du 14 mars. Samir Geagea, patron des Forces libanaises qui entretenaient dans le passé des relations étroites avec le Mossad, est sur la liste. Idem pour Walid Joumblat. Et selon le ministère libanais de l’Intérieur, cette liste de personnalités ciblées est longue.

Les prochaines semaines seront décisives

En tout état de cause, si l’explosion du Liban n’est pas pour demain, le compte à rebours a bel et bien débuté. Tous les ingrédients sont réunis, pile au moment où l’argent en provenance des pays impliqués dans le conflit libanais (Arabie Saoudite, Iran, Etats-Unis…) coule à flots dans les caisses des belligérants. En dépit de ce constat, ces derniers hésitent à franchir le point de non retour. C’est par exemple le cas des chrétiens maronites du 14 mars et de Sâad Hariri : ils ne sont pas sûr que leurs troupes iront jusqu’au bout en cas d’affrontements militaires dans Beyrouth Est où le Hezbollah et le mouvement chiite Amal sont bien implantés. Mêmes craintes chez Joumblat où plus de 35% de la communauté druze est alliée aux Syriens.

Les prochaines semaines seront décisives. L’assassinat d’Imad Moughnieh a tendance à changer la donne qui prévalait jusqu’à maintenant. En d’autres termes, la danse au bord du gouffre à laquelle les deux parties libanaises se livraient n’est plus valable. Tous les coups sont dorénavant permis. Dans cette foulée, la Syrie aura les mains plus libres que jamais. C’est pour cette raison qu’une partie des leaders de la majorité du 14 mars ont condamné l’assassinat de Moughnieh. Une manière de se rattraper et d’éviter le pire.


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3 MESSAGES

Forum

  • Tous les coups sont permis au Liban
    le vendredi 22 février 2008 à 15:30, Daniel a dit :

    J’ai l’impression qu’entre le Hezbollah (et donc l’Iran et la Syrie) et Israël, ça sera à qui trouvera le premier prétexte pour attaquer. L’assassinat de Mougnieh est un prétexte en or pour le Hezbollah. La question que je me pose est donc la suivante : avait-il toujours un rôle important au sein du Hezbollah, ou était-il remplaçable ? Pouvait-il être sacrifié ?

    Enfin bon, de toute façon nous ne saurons probablement jamais la vérité.

  • Tous les coups sont permis au Liban
    le mercredi 20 février 2008 à 23:58, David a dit :

    Cet article semble dire qu’Israël ( Les services de sécurité extérieure ) est responsable de l’attentat à Damas, alors que rien n’a été prouvé, et Israël à démenti.

    Est-il vraiment de la possibilité du Mossad de faire exploser un type qui bénéficiait d’un niveau de protection à l’échelle d’un Etat, dans la capitale de cet Etat ?

    Il me semble évident que Mughnieh a été lachement executé par la Syrie ( leur services secrets ). Les alibis de cette hypothèse ne manquent pas, mais étrangement personne ne semble vouloir en parler.

    • Tous les coups sont permis au Liban
      le jeudi 21 février 2008 à 18:58, Doudou a dit :

      Pourtant, la tension avec le Hezbollah ne cesse de monter depuis quelques mois et les israéliens, qui ont la capacité à monter une telle opération, avaient besoin d’envoyer un signal fort au Hezbollah, même si opérer en Syrie est plus difficile qu’au Liban.

      De plus, Israël ne clame jamais haut et fort le succès de ses opérations, ils préfèrent la jouer profil bas, l’impact psychologique sur l’ennemi est d’autant plus fort.

      Concernant l’élimination de ce chef terroriste, il se dit que plusieurs services étrangers y auraient participé, on apprendra peut-être la vérité sur cette opération dans quelques années. Mais il a aussi pu être exécuté par la Syrie…

      En tout cas, ça fait un cinglé de moins sur Terre et tant mieux !

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