Deux ans après avoir manqué de se faire radier par la Fifa, le football palestinien revient de loin. Et comme l’équipe israélienne, la sélection nationale est entraînée par un Français.
Des dribbles de chaque côté du Mur ? Ce rêve, un opérateur téléphonique l’avait réalisé, il y a tout juste un an, dans une publicité. On y voyait une horde de soldats israéliens faire de longues passes à un partenaire sans visage de l’autre côté de l’imposante armature de béton.
A Anata, ancienne banlieue de Jérusalem aujourd’hui coupée de la maison-mère par la barrière de séparation, les ballons fusent mais hélas, ne ricochent pas : « Le mur a amputé notre terrain de 12 mètres. Chaque mois, nous envoyons de l’autre côté cinq à six ballons. Lors du dernier tournoi, nous en avons même perdu 15 », se désole Mohamed Jamel, membre du club d’Anata.
Son terrain poussiéreux coupé en deux, ses bouts de verre et ses cages courbées sans filet sont à l’image du marasme du football palestinien dans la décennie 2000. En 2008, la fédération manque de se faire radier de la Fifa parce qu’elle n’a pas réussi à organiser un seul match de championnat depuis le début de l’Intifada. En parallèle dans la bande de Gaza, le Hamas ferme un à un les clubs contrôlés par son frère ennemi du Fatah. L’opération Plomb durci achèvera le travail en tuant quatre de ses joueurs phares.
Pourtant, à l’heure où le Mondial fait sonner les vuvuzelas sur les anciennes terres de l’Apartheid, le football palestinien semble lui-aussi sortir des ruines. Résultat des efforts du nouveau patron de la « Fédé », Jibril Rajoub. Signe du renouveau : depuis l’année dernière, tous les joueurs professionnels sont obligatoirement rémunérés. Entre 800 et 1000 dollars en seconde division. En première ligue, l’équipe phare de Jérusalem, Jabel Moukaber, est montée jusqu’à 45 000 dollars pour s’offrir le joueur vedette, Moussa Alyan. De leur côté, depuis 2009, les « Chevaliers » (Al-Fursan) de la sélection nationale sont entraînés par un nouveau capitaine et il est français : Moussa Bezaz, l’ancien joueur de Sochaux qui pointait au chômage avant d’être appelé sur cette terre de feu. Ironie de l’histoire, c’est son ancien compère, Luis Fernandez, qui a pris en main la sélection israélienne en mars dernier. Décidément, le foot tricolore est partout.
A quand le match Israël/Palestine ? Le scénario semble aussi incertain qu’un futur accord de paix. En attendant, faute d’aller en Afrique du Sud, les ados des Territoires palestiniens joueront chaque matin l’affiche de la journée du mondial. Gaza a déjà organisé en mai dernier sa propre « World cup » locale et c’est…la France qui s’est distinguée. Un présage pour l’équipe de Domenech ?