Le Pentagone dispose d’un programme de plusieurs milliards de dollars d’expansion et de construction de bases militaires destinées à une occupation du pays à long terme.
Les quotidiens américains n’ont plus beaucoup de bureaux a l’étranger. Qu’ils les aient complètement fermés (comme le Los Angeles Times et le Chicago Tribune) ou sévèrement réduits (le New York Times). Et ces journaux sérieux n’ont plus beaucoup de place dans leur colonnes pour les affaires étrangères.
Pour comprendre ce qui se passe hors de ses frontières, le lecteur américain doit se reporter à des magazines ou des sites spécialisés. Et pour connaître les dessous de la politique de Washington à l’étranger, le site TomDispatch, un projet de l’hebdomadaire The Nation (le plus vieux magazine des States), est un must.
Fin octobre, Tom Dispatch a révélé en détail, en s’appuyant sur des documents officiels ignorés des autres médias, qu’en dépit des promesses de Barack Obama de débuter le retrait des forces américaines d’Afghanistan en juillet 2011, le Pentagone, sous la même administration Obama, dispose d’un vaste programme d’expansion et de construction de bases militaires destinées à une occupation de ce pays à long terme, pour un budget de plusieurs milliards de dollars.
Ce rapport est signé Nick Turse, un journaliste expert en la matière qui est aujourd’hui "Fellow" (chercheur) à l’Institut Radcliffe d’études avancées de l’université de Harvard.
Conclusion : le calendrier de la construction de ces bases indique que « le nombre de troupes américaines en Afghanistan ne sera pas inférieur à ce qu’il était avant qu’Obama devienne président et ce jusqu’en 2016, et peut-être bien au-delà. »
Prenez l’exemple de la Forward Operating Base (FOB) Shank près de la ville de Puli Alam au sud de Kaboul, où l’on vient d’achever la construction d’une nouvelle piste d’atterrissage capable d’accueillir de gros avions du type Lockheed C-130 Hercules et Boeing C-17 Globemaster qui faciliteront le déploiement de toujours plus de soldats. Cette base, qui héberge déjà 4500 soldats, est en train de construire des logements pour 1100 de plus, et aussi un parking de 41992 m² pour des hélicoptères.
À Camp Leatherneck, dans la province d’Helmand, qui accueille déjà 14000 soldats, on est en train de construire un deuxième "mess" capable de nourrir 4000 soldats supplémentaires. Et ainsi de suite dans des dizaines de sites partout en Afghanistan.
En février, Turse avait réalisé pour TomDispatch le premier recensement du nombre de bases des États-Unis et leurs alliés en Afghanistan : plus de 700, de toutes tailles. Elles font partie du nouvel empire d’au moins 1000 bases américaines dans le monde entier (l’existence d’un bon nombre d’entre elles reste secrète).
En visite en Asie cette semaine, la question de nouvelles bases figure dans l’agenda d’Obama, surtout au Japon. Mais en Afghanistan, le rythme de leur construction révèle l’arnaque quant au retrait promis par Obama pour l’été prochain.