Excepté les Etats-Unis, la communauté internationale applaudit l’accord de paix conclu entre la majorité gouvernementale et l’opposition au Liban. Surtout Nicolas Sarkozy qui se dit « particulièrement heureux ». Tout comme l’Iran et la Syrie qui ont une vraie bonne raison de se frotter les mains : la victoire totale de leur petit protégé, le Hezbollah.
Faut-il se réjouir de l’accord de sortie de crise au Liban intervenu le mercredi 21 mai à Doha ? Au vu des réactions internationales qui ont suivi l’annonce, cette question semblerait diplomatiquement incorrecte. À l’image du consensus auquel ont pu aboutir les deux camps rivaux libanais au terme de six jours de tractations au Qatar, une belle unanimité a réuni les capitales étrangères impliquées sur ce dossier. Jusqu’à saluer avec les mêmes mots la reprise du dialogue entre les « frères ennemis » libanais et la fin de l’impasse politique.
Et chacun de féliciter à l’instar de l’Iran les « parties libanaises » et le « gouvernement du Qatar », qui présidait les négociations. La Syrie a, elle, souligné « l’importance de l’entente à laquelle sont parvenus les frères libanais » tandis que l’Arabie Saoudite garantissait le « soutien et l’appui total » de tous à cet accord. Après avoir bien pataugé dans le dossier libanais, la France ne pouvait rester en dehors de ce concerto diplomatique. Comme l’a dit le Président Sarkozy, l’accord de paix le rend « heureux » et la France « s’est beaucoup investie dans la recherche d’une solution à la crise libanaise » sans cesser « d’appuyer le processus permettant d’aboutir à cette entente ». Après avoir vu planer le spectre d’une nouvelle guerre civile et de l’embrasement dans la région qu’elle aurait provoqué, l’heure est donc visiblement au soulagement. Au point d’en « oublier » l’autre « succès » que cet accord inscrit dans le marbre : la victoire politique du Hezbollah. Et quelle victoire ! Le petit protégé de l’Iran et de la Syrie pourra peser de tout son poids dans l’avenir du pays du Cèdre.
Les points figurant sur l’accord de paix de Doha ne sont en effet ni plus ni moins que l’acceptation des exigences du Hezbollah. Celles-là même qui avaient engendré le blocage de la situation ! Le texte de l’accord de paix prévoit ainsi la constitution d’un gouvernement d’union nationale permettant à l’opposition (Hezbollah et Amal) de disposer d’une minorité de blocage qui fonctionne comme une sorte de droit de veto. En vue des élections législatives de 2009, il inclut aussi la mise en œuvre d’une nouvelle loi électorale prévoyant un redécoupage des circonscriptions suivant une logique d’implantation communautaire et éminemment favorable au camp chiite. La décision de procéder rapidement à l’élection d’un Président (prévu pour dimanche) va permettre au candidat bénéficiant du soutien du Hezbollah, le Général Michel Souleiman, de s’installer à la tête du Liban. Autant de « solutions à la crise », comme s’en réjouit Sarkozy, qui permettent au parti chiite de faire comme à peu près bon lui semble.
Les seules puissances concernées à s’être émues publiquement de la nouvelle donne politique libanaise sont les Américains. Il faut dire qu’ils l’ont en travers de la gorge et que pendant que Nicolas Sarkozy, premier occidental à réagir, montait au créneau pour applaudir de concert avec l’Iran et la Syrie, le département d’État actait à sa façon le bouleversement en cour. Par la voix du sous-secrétaire d’État en charge du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord – faire parler un sous-fifre évite aux pontes de la diplomatie américaine de se mouiller - l’administration Bush a fini par commenter l’accord de Doha du bout des lèvres, le qualifiant sobrement d’« étape positive et nécessaire ». Pour autant, « ce n’est pas à nous de décider comment s’y prendra le Liban », a-t-on prévenu laconiquement à Washington. Une réserve qui risque de refroidir les ardeurs béates du président Sarkozy pour les accords de paix dans l’Orient compliqué…
Lire ou relire dans Bakchich :
Autres éclairages :
« C’est un accord qui règle les questions constitutionnelles, mais le problème politique reste entier. » C’est ainsi qu’une source du Hezbollah résume l’entente de Doha, qui permet essentiellement d’élire un président de la République, de former un nouveau gouvernement et d’organiser les élections législatives le printemps prochain.
(…)
Selon cette source, le plan initial de la majorité était d’entraîner le Hezbollah dans des affrontements internes, avant de le placer en vis-à-vis avec les soldats de l’armée. Ce qui lui aurait définitivement fait perdre l’aura de mouvement de résistance et aurait permis au Conseil de sécurité de pousser à l’envoi de troupes arabes au Liban. La source proche du Hezbollah affirme catégoriquement que le président américain George W. Bush avait même demandé aux Israéliens de lancer une attaque contre des positions du Hezbollah, au moment des affrontements internes. Selon cette source, le président US aurait même souhaité que ces attaques interviennent avant sa visite dans la région, le 13 mai, même s’il y avait un risque que le Hezbollah riposte en envoyant des missiles contre les villes israéliennes. La source du Hezbollah est convaincue que, d’une part, les Israéliens ont refusé de prendre le risque de se laisser entraîner dans une nouvelle guerre à un timing qui ne leur convient pas, et, d’autre part, la rapidité de l’opération du Hezbollah n’a pas vraiment laissé le temps aux Israéliens et à toute autre partie extérieure d’intervenir. En remettant immédiatement les permanences du Courant du futur à l’armée, le Hezbollah, ajoute la même source, a essayé de réduire l’impact de l’opération et surtout cherché à éviter une aggravation du fossé entre sunnites et chiites. Mais le mal était fait et dans certains pays arabes déjà plutôt hostiles au Hezbollah, les cheikhs ont commencé à insulter cette formation dans les mosquées, l’accusant d’être « un groupe d’infidèles ».
Je suis parfaitement d’accord avec l’auteur de cet article.
En effet, il est difficile de se réjouir de cette victoire du Hezbollah, groupe islamiste totalitaire qui possède une puissante armée.
Quelle sera la suite des évènements ? Le Hezbollah cherchera probablement à provoquer un nouveau conflit avec Israël, en entraînant avec lui la Syrie et l’Iran.
"Tu commences à nous les casser DOUDOU".
Tu ne sais pas lire ? Il est écrit "répondre poliment et sans gros mots".
"Le seul état qui soit théocratique et totalitaire c’est Israel".
Je te rappelle qu’Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, tu sais, là où le peuple a le droit de manifester, où les médias ont une totale liberté d’expression, où la justice est indépendante, bref tout l’opposé des pays qui l’entourent.
Enfin, tu as le droit de détester l’Etat d’Israël mais je ne comprends pourquoi tu déverses ta haine dans un article qui n’a aucun rapport avec Israël.
En fait, tu rends Israël responsable de tous les problèmes pour détourner notre attention du coup d’Etat totalitaire du Hezbollah. Cela fait 60 ans que tous les dictateurs du Moyen-Orient confisquent le pouvoir et oppriment leur peuple sous prétexte de devoir lutter contre Israël. Ils sont restés bloqués au Moyen-Age, quel dommage.
on attend les chars et les avions israeliens, dans la region… les libanais beneficieront de toute la puissance de la logistique de l’intelligence de la Resistance Islamique… c’est ce facteur qui a conduit a l’echec des operations sionistes… les reseaux americano-sionistes de faux groupes musulmans sont tombes les uns derriere les autres, dans la region… ni les israeliens ni les ricains ne peuvent activer des groupes se pretendant ’sunnites’… c’est la fin, il faut s’y faire
AS
Quelles remarques ?
1) Les USA qui accusent les autres d’ingérence SONT grands responsables, en réalité, de la misère créée !!! Puisque les libanais s’entendent entre eux, de quoi s’occupe Bush ! (mais, ceci est passé en catimini par les médias "démocrates", on parle que des "terroristes" , … !!!!)
2) Ceux qui ont prédit le début du commencement d’un changement radical au Moyent-Orient ne se sont pas trompés. Par contre, l’hyper-maladroit Bush voit son "Grand Moyen-Orient" tomber à l’eau.
3) Par ailleurs, ceux qui parlent des dirigeants des "modérés", Egypte, Jordanie et Arabie Saoudite, oublient facilement que les peuples de ces pays sont VISCERALEMENT opposés à la politique de leurs chefs !
4) Le changement perceptible commence aussi à se voir avec une compréhension du problème palestinien de plus en plus clair, tant de la part d’universitaires et intellectuels, que de la part de simples gens. Ne disait-on pas, il a 30 ans, que la Palestine était une terre sans peuple !!!
5) Et, enfin, pour conclure : Ce sont toujours les "traitres" qui payent ! Etre avec le plus fort n’est presque JAMAIS la bonne solution, il faut être avec son peuple !