Il n’aura pas fallu longtemps pour que les socialistes retrouvent leurs bons réflexes : chercher à prendre la place de l’autre. Après la déroute aux européennes, les langues se délient. Les appétits grossissent.
Pierre Moscovivi, Manuel Valls, Jack Lang, Bertrand Delanoë… et maintenant, à qui le tour ? En l’espace de quelques heures, les éléphants comme les lionceaux du parti se sont fait entendre pour critiquer la direction du parti socialiste. Et faire connaître leurs désirs d’avenir…
« Je fais partie de ceux dont la candidature à la présidentielle ne serait pas ridicule, » affirmait, dans l’Express, Pierre Moscovici, après la déroute des européennes. « Sauf si une personnalité socialiste se dégage clairement au début de 2010 - et, dans ce cas, je ne serai pas un empêcheur de tourner en rond- j’apporterai ma pierre au débat ». Mais pour être certain que tout le monde ait bien compris le message, le député PS du Doubs, qui réunira ses amis à Taillan-Médoc (Gironde), le 4 juillet, a conclu : « Je me prépare à exercer des responsabilités d’État ». Moscovici, ex-candidat à la tête du PS - on se rappelle de l’épisode douloureux à la Rochelle… - a d’ailleurs lancé une pétition pour l’organisation de primaires ouvertes, au sein du PS, avant les prochaines présidentielles. Manière de faire pression sur la direction du PS, aujourd’hui plutôt réticente à cette formule.
Manifestement, les lionceaux ont faim… Sans attendre de savoir comment le candidat du PS ou de la gauche à l’élection présidentielle de 2012 serait désigné, le député-maire d’Evry, Manuel Valls, s’est lui aussi jeté à l’eau. Et fait savoir dans Le Journal du Dimanche qu’il entendait participer aux futures primaires. « Cette aboulie (absence de volonté) m’est devenue insupportable. Si on ne me prouve pas qu’un autre socialiste peut mieux que moi porter le renouvellement - et pour l’instant je ne vois pas - je porterai ces idées moi-même », annonce cet ex-lieutenant de Ségolène Royal. « Clairement, je serai candidat à des primaires pour représenter les socialistes et la gauche à la présidentielle. » On ne peut plus clair…
D’ailleurs, Valls ne serait pas contre changer le nom du PS - mouvement plutôt que parti - et d’idéologie. Dépassé, le socialisme, selon lui : « Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer : le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé ». Pour précision, Valls n’appelle pas à la démission d’Aubry, mais confie : « sa responsabilité historique est de se mettre à la hauteur de l’événement et de bousculer ». La direction du PS est prévenue : les « quadras » passent à l’offensive.
Ni une, ni deux, en voyant ces lionceaux prêts à prendre la place, les éléphants se sont rappelés au bon souvenir du PS. Martine Aubry doit être ravie. Dans un entretien au journal Le Monde, daté de ce mardi 16 juin, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, critique vivement le fonctionnement du parti et annonce qu’il n’a pas renoncé à en prendre la tête. « Ce processus lourd rappelle les dérives de la SFIO : des phénomènes de clientélisme en interne, des votes pas forcément clairs, une paresse intellectuelle », juge-t-il. Avant d’enfoncer le clou : « Je n’ai fait de croix sur rien du tout. J’agis en fonction de ce que je crois utile et efficace ». Et manifestement pour Delanoë, la direction actuelle de la rue de Solferino peine à démontrer son efficacité. Il est vrai qu’avec un résultat de 16,4% de votes aux européennes, le 7 juin, avec des scores catastrophiques pour le PS à Paris, Bertrand Delanoë ne pouvait pas dire autre chose…
N’est-ce pas « Djack » ? Car Jack Lang, que l’on n’avait pas entendu dans les médias depuis le 7 juin - c’est dire !-, a sorti l’artillerie lourde. En toute amitié, naturellement. « Aujourd’hui on a le sentiment d’une organisation vermoulue, prisonnière de ses luttes internes, retournée vers elle-même, coupée des aspirations de la population et en particulier de la jeunesse », a-t-il déclaré sur France 2. Avant d’ajouter : « Il y a une sorte de vide sidéral, l’encéphalogramme est plat, pas d’idées ou peu d’idées, un anti-sarkozysme primaire et destructeur qui tient lieu de programme. Une campagne européenne gris souris, sans couleurs ».
Jack Lang, que ses amis ont parfois accusé de s’approcher un peu trop près de Sarkozy, estime d’ailleurs, que lui, aurait pu faire mieux. « Toutes les personnalités qui auraient pu l’emporter à l’élection présidentielle ont été les unes après les autres découragées : de Dominique Strauss-Kahn à Laurent Fabius, en passant par moi-même et quelques autres ». Aujourd’hui, il est « impossible pour une personnalité qui sort de l’ordinaire d’émerger, on lui coupe la tête dans la minute », a insisté « Djack ».
L’UMP peut se frotter les mains. Même plus besoin d’attaquer les socialistes, ils se débrouillent très bien tous seuls. Si le PS se relève après tout ça…
À lire ou relire sur Bakchich :
Ségolène aurait dû prendre la tête du Ps, qu’elle plaise ou pas, elle est la seule à avoir fédéré !
Aubry a triché, bien mal acquis ne profite jamais, ils ne sont pas au service des militants mais à leur service.
Aubry, Delanoe compte incruster DSK, ral bol de la gauche caviar